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Dossier

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À La Villette


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Les saigneurs de La Villette - Photo D.R.


Habitants du 19ème, à vos marques !

La Villette, presque 1/10ème de la surface de votre arrondissement est en train de devenir, aux mains des aménageurs, décideurs, urbanistes, architectes, paysagistes, technocrates, techniciens grands et petits, cultureux de toutes les tendances officielles, politiques et hommes d’État. Et vous citoyens ?

Votre espace, depuis votre logement, votre lieu de travail, jusqu’à votre ville toute entière, est dessiné, décidé et ordonnancé par d’autres… Pourquoi les aménageurs ne consultent jamais les aménagés ?

Pourquoi les architectes ne discutent pas des plans des logements avec ceux qui vont y vivre ? Pourquoi les urbanistes ne dialoguent pas avec les forces vives des habitants des quartiers qu’ils urbanisent ?

Pourquoi les paysagistes ne débattent pas avec les utilisateurs des pratiques de leurs espaces verts ? etc…

Pour éviter que ces terrains à La Villette qui vous appartiennent, "domaine public", soient une nouvelle fois aménagés et décidés sans vous, mobilisez vous.

Le "Collectif La Villette" qui a fédéré et regroupé plusieurs associations actives du 19ème arrondissement agit, selon ses moyens, pour que vous ne soyez pas les absents dans ce vaste concert urbanistique orchestré par l’Établissement Public du Parc de La Villette.

À La Villette

Il est jusqu’ici beaucoup question du prestige de la France, vitrine scientifique, rayonnement culturel, grands équipements. Et pourquoi pas le prestige de la démocratie du droit de débattre de l’avenir de son quartier ? Rappel historique : dans 7-ans c’est le bicentenaire de 1789…

Le "Collectif La Villette" a obtenu de se faire reconnaître par l’Établissement Public du Parc de La Villette, une concertation, encore bien frêle et tatillonne, se met en place.

Entre autres : le "Collectif La Villette" aura une voix parmi les 21 voix du "jury souverain" qui choisira, le 13 décembre 1982, le projet et le maître d’œuvre du futur Parc de La Villette parmi les 400 ou 500 projets parvenus du monde entier. Il sera difficile de défendre les préoccupations des associations, et de vous, habitants du 19ème et de Belleville. Le jury est composé comme suit :
- Architectes paysagistes : 5
- Architectes : 5 dont 2 représentants de Ministères
- Critiques et historiens : 3
- Artistes : 3
- Politiques : 2
- Biologistes : 1
- Établissement Public : 1
- Collectif La Villette : 1

Le principe de ces grands concours internationaux est souvent réducteur.
En jargon, c’est le parti qui est jugé, c’est à dire l’idée force. Le plan, support
de l’expression du projet correspond à une vue d’avion de La Villette, peut être expression du jugement divin, Œil de Dieu, du Pouvoir, certainement mégalomanie… Il est difficile d’échapper aux affrontements entre ténors des grands courants culturels pour redescendre au niveau des pratiques du quartier.

Certains grands choix seront à faire :

- Le parc de la Villette sera-t-il ? :
un parc d ’attractions(jardin d’acclimatation)
une base de loisirs ? (villes nouvelles)
un jardin d’exposition ? ( parc floral)
un parc culturel ? un Beaubourg à ciel ouvert
un parc scientifique ? (un Palais de la découverte en plein air)
un parc futuriste ?
un parc passéiste ?
une grande plaine de jeux ? (Bagatelle)
un bois ?
une petite Venise ?
un parc paysager ? ( Buttes Chaumont)
un foirail ? (champ de foire, état actuel)
un parc sportif ?
un parc zoologique et paysager ? (Jardin des Plantes)
un parc nautique ?

- Sera-t-il fermé par des grilles ou ouvert nuit et jour ?

- Y trouvera-t-on beaucoup de constructions et d’abris ou un minimum ?

- Sera-t-il largement ouvert sur les quartiers, Avenue Jean-Jaurès et Avenue Corentin-Coriou ou sera-t-il protégé des bruits des avenues et du périphérique par des constructions écrans ?

Pourra-t-on y trouver des équipements de quartiers ? (crèches, écoles, centre sociaux, maisons des jeunes, etc) des logements sociaux ?

- Y circulera-t-on seulement à pied, ou en vélo, cyclomoteurs ?

- Le Dragon doit-il être impérativement maintenu ?
etc… etc…

- Comment seront aménagées la porte de La Villette et la porte de Pantin ?
Pour aider le Collectif La Villette à être le reflet le plus large des habitants, participez à ses réunions et particulièrement au débat public organisé par Quartiers Libres, l e 5 décembre 1982 à 17h. Écrivez à "Collectif La Villette" 3 rue Clavel 75019 Paris.

D’autres programmes se mettent en place, la Cité musicale, l’enseignement de la grande Halle, etc… Aussi, il importe que ces balbutiements de participation deviennent le cri des quartiers qui peuvent s’exprimer dans son atelier populaire d’urbanisme et d’architecture. Un rêve…


Collectif La Villette




Pour l’Histoire : l’eau, la vie et la viande… et à suivre…

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La Villette : la cour principale en 1909.


C’était un passage, que La Villette, des siècles avant la digue du périf et du rail"… Paillasson de l’Histoire comme on disait de la Palestine. Liaison traditionnelle avec les Flandres et la Germanie, c’est tout dire. Passage des légions de César, des invasions variées, aller et retour à Varennes de Louis XVI, offensive des Alliés de 1814, jusqu’à l’arrivée des allemands le 14 juin 1940 par la rue de Flandre…

La "Villa Nova Sancti Lazari", ville neuve, Villette Saint-Lazare naît vers 1100 autour d’un pressoir de la léproserie Saint-Lazare, au coin de ce que seront les rues de Flandre et de Nantes. C’est ensuite un hameau, des moulins des
vignes et ce vin célèbre qu’on appelle "Guinguet".

Mais, La Villette c’est surtout une histoire d’eau. Captée des sources de Belleville elle est règlementée par Paris au détriment de La Villette qui sera à sec des siècles durant.

François 1er se voit même refuser pour son ami Villetois Mantigny "un filet gros comme un poids". Il suscite le premier objet de canal de la rivière Ourcq à Paris, projet relancé sans suite par Henri IV. Louis XIV, à son tour, charge Riquet, grand creuseur de canaux, d’en ouvrir un de Meaux à la Seine, mais Riquet meurt sur ses premiers trous, ce qui lui vaudra une rue…

1802 : "Qu’est-ce qui ferait plaisir aux parisiens ?" demande Bonaparte à Chaptal…
- "De l’eau !

Et le canal de l’Ourcq est creusé, jusqu’au Bassin, par 1500 prisonniers autrichiens et russes cantonnés à La Villette.

L’eau du bassin est décrétée "bonne à boire ! On vient sur ses bords danser, jouter, se balader, s’enivrer dans les guinguettes. On s’y baigne et on y patine l’hiver…

On s’y bat. Les derniers combats de l’Empire y ont lieu. Les noms de rues le rappellent.

Le 30 mars 1814, envahie par les prussiens, La Villette est défendue par les jeunes troupes de Philibert Curial appartenant au corps du général Mortier. Elles sont appuyées sur la droite par Baste et les commandants Louis Meynadier et Secrétan. Héroïque et vaine défense. Ce sera le général Compans qui, le 31 mars 1814, conduira les plénipotentiaires ennemis au "Petit Jardinet" marchand de vin près du rond-point, pour signer reddition de Paris, là où 23 ans plus tôt, après Varennes, Louis XVI a bu un verre de Guinguet. D’un trait, dit-on.

Au milieu du 19ème siècle, c’est le boom de La Villette. Le trafic sur le canal fait du village une cité industrielle, qu’on décide de rattacher à Paris dès 1859. De toutes les communes de banlieues annexées, seule La Villette proteste.

Les entreprises craignent pour leurs affaires - "Si on rattache Paris à La Villette, ses habitants vont s’enfuir comme on fuit devant l’ennemi quand on est trop faible pour résister !" disait la municipalité de La Villette dans une
lettre à Haussmann. Cela à des relents actuels…

Quand, la misère s’en mêle, quand on passe de 8000 a 30.000 habitants, un quartier devient vite révolutionnaire. En juin 1848 les ouvriers villettois dressent des barricades : mais la troupe les écrase, les fusille ou les déporte en Algérie. Plus tard, les ultimes massacres de la répression de la Commune se déroulent à La Villette.

Entre temps, rue Curial s’est ouvert un abattoir artisanal. À côté, un certain Cholet fait de la récupération d’abats. L’idée est lancée aidée par la proximité du canal et de la récente ligne Paris-Strasbourg, de construire de grands
abattoirs et un marché à bestiaux, lesquels ouvrent en 1867… Pendant un siècle, La Villette aura le visage de la boucherie.

Et puis, on décidera qu’il faut faire mieux. Plus moderne. Entre 1958 et 1969, on édifie cet aberrant abattoir nommé scandale…

Démodé avant d’être fini, il coûte 10 fois plus cher que prévu. La découverte qu’il vaut mieux abattre les animaux près des lieux de production aboutira à l’"Affaire" et aux ruines neuves les plus chères du monde.

Ouverts en 1969, les énormes abattoirs ultra-modernes s’avèrent inutiles. Le 25 août 1970, la Ville déclare forfait et l’État, au cours d’un petit Yalta parisien, lui rachète, le terrain et ses 5500 actions. En 1974, le gouvernement
tire un trait sur les abattoirs. Exit la viande… Place à la Culture…


J.V.


Mémoire

Ceux qui ont suivi le conseil que nous avions donné dans le n°7 de Quartiers Libres (en février 80) commencent à se lécher les babines. Au fait, ils pourraient envoyer un chèque à Quartiers Libres pour nos bons conseils.




Histoire

La Villette : un éternel Potlatch [1] ?

Cet espace coincé entre périphérique et canaux est-il maudit ? Ne serait-il qu’un infernal gouffre à subventions ? Qu’un lieu privilégié symbolisant, par les scandales, le fonctionnement mégalo-politico-technocratique de notre pays ? Officiellement tout a été fait pour effacer des mémoires collectives l’histoire récente de La Villette.

« La cité du sang »

1867 Napoléon avait construit cinq abattoirs à Paris, Napoléon III les réunit en un seul à La Villette. Pendant un siècle, les noceurs du "grand pavillon" ou du "veau d’or" se mêleront au monde exotique et inquiétant des commissionnaires, marchands, fondeurs, tripiers et chevillards. L’insalubrité et la vétusté des installations poussent bien quelques commissions à établir de
vagues projets de reconstruction, mais ils restent sans suite.

"Voir grand dans l’optique de l’an 2000" (M.Ribéra [2])

1957 La nécessité de reconstruire ne compte pas d’adversaires déclarés. Mais comment reconstruire ? Faut-il accentuer le caractère de grand centre de la viande, ou reconstruire un centre plus modeste en prévision de la multiplication des abattoirs régionaux ? Soutenue par Ribéra et le préfet
Benedetti, la solution jacobine est retenue par le conseil de Paris. Une société d’économie mixte est créée (la SEMVI), dominée par la ville de Paris. Un projet retenu, le coût est évalué alors à 17 milliards (anciens).

"Faire mieux que Chicago" (De Gaulle)

1959 "Ce sera le plus bel abattoir du monde" déclare alors Mr. De Grailly
 [3] député U.D.R., président de la S.E.M.V.I. Le coût passe à 25 milliards. Empêtré dans son œuvre de grandeur, le gaullisme construit La Villette en même temps que, sous la pression électorale, il lance un programme mal étudié d’abattoirs en province, sur les lieux de production.

"La cathédrale des veaux" (Le Canard)

1969 Le scandale éclate : De Grailly révèle que le coût des travaux est estimé à 100 milliards anciens, qu’il manque 32 milliards pour les terminer et que le déficit annuel de fonctionnement est estimé à 3,5 milliards.

1970 Une commission d’enquête sénatoriale établit un rapport : "j’espère n’avoir jamais à recommencer une telle aventure et à pénétrer à nouveau dans un domaine d’incohérence et d’irresponsabilité qui nous a stupéfaits", "nous nous sommes aperçus que, la machine une fois mise en route, personne n’avait eu le courage de l’arrêter" P. Marcillacy.

Mars 1970 Le conseil de Paris transfère la charge de La Villette à l’état. "Notre dame la viande" s’écroule, victime de la dilution des pouvoirs
décisionnels attribués à plusieurs services et ministères en même temps, des détournements de fonds destinés aux caisses électorales, de l’opposition bornée des professionnels de la viande et de la voracité des entreprises du chantier. (construction : 130 milliards, démolition : 17 milliards, remboursement des emprunts pendant 20 ans : 70 milliards, halles aux viandes à Rungis : 15 milliards, construction et modernisation d’autres abattoirs en conséquence de la fermeture : 80 milliards ).

Bilan : 312 milliards (anciens ) = 30 000 logements

1973 Après les législatives, Mesmer décide de fermer les abattoirs qui n’ont fonctionné que deux ans ; une vaste opération d’urbanisme est décidée.

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Photo B. Guillerey.


"Les chantiers du Président"

1976 Giscard fait savoir que le réaménagement de La Villette se fera en concertation avec la ville de Paris. L’A.P.U.R. organise un concours d’architecture pour créer 22 ha de parc, 3000 logements
sociaux, un hôpital.

"Yalta à Paris"

Août 1978 Giscard s’occupera de La Villette, Chirac aura les mains libres pour les Halles, Bercy, Javel. Un nouveau programme est élaboré : création du musée national scientifique et technique, d’un parc de 23 ha ; l’auditorium promis aux Halles sera construit à La Villette.

"Un projet clair, simple…"

"… et qui apporte quelque chose de très important au développement de la science". 24 architectes sont consultés, le projet actuel de Fainsilber est retenu.

"L’héritage"

1981-82 "Dans toute ville, je me sens empereur ou architecte". (Mitterand). Le projet giscardien est repris avec les mêmes dirigeants… (voir les numéros précédents de "Quartiers Libres").

À suivre…


Jean Paul







Incertitudes sur le musée des certitudes

I) Est-ce qu’un tel musée, en France, aujourd’hui, correspond à un besoin réel ?

Il est d’abord à craindre que le musée de La Villette soit une catastrophe pour les provinces. On peut défendre l’idée qu’un énorme investissement parisien aura un effet d’entraînement culturel et budgétaire pour la province, mais il est beaucoup plus probable que cet énorme investissement se fera au détriment des réalisations provinciales.

2) Dans la conception du projet, quelle place sera laissée au débat ?

Ici, la réponse peut se résumer ainsi : si Mr. Mitterrand le veut, il y en aura. En fait, il est inadmissible qu’aucune consultation démocratque ne soit prévue. L’affaire est lancée dans une sorte d’irresponsabilité générale ; aucun ministère n’exerce une tutelle efficace sur le projet qui dépend directement du Président de la République. C’est une conception jacobine contradictoire avec une entreprise culturelle qui ne peut procéder que par essais.

3) Quel est l’intérêt du musée tel qu’il est prévu ? Quelle conception de la science et de la technique véhicule-t-il ?

La Villette sera une grande surface consacrée aux sciences et aux techniques. Le musée a été conçu dans une ignorance complète des conditions concrètes du développement scientifique. On sait que la guerre
a toujours été l’occasion de grands progrès techniques. De même, aujourd’hui, l’armée finance une grande part de la recherche. Alors, pourquoi n’y aurait-il pas une salle où seraient exposées les questions militaires ? Le même problème se pose pour l’énergie, les télécommunications, les progrès de la médecine, etc…

Or, ici, la science n’est conçue que comme un facteur de progrès économique et social. Ceci dit, il est vrai que ça intéresse les français de savoir ce qu’est la double hélice ou un neutron. Mais si on veut vraiment leur expliquer, l’appel aux mass-média, les expositions seraient un moyen beaucoup plus efficace
que cette opération spectaculaire.

De plus le public, terme significatif, sera fondamentalement auditeur et spectateur. Et même, lorsqu’il sera acteur, il le sera sous forme de presse-bouton, ce qui n’est pas très excitant, ni même suffisant pour une véritable transmission des connaissances. Des jeunes déambuleront dans les salles en appuyant sur des boutons sans rien retenir ou en ayant l’impression de "miracles". Ce sera un lieu où l’on inculquera d’abord l’importance de la science et de son rôle dans la société. Or, la science a besoin d’un regard plus critique. Il pourrait y avoir de mini-débats, par exemple sur l’usage de la médecine, et ce n’est pas faire de l’anti-science que de penser qu’un musée du "bricolage" avec beaucoup d’initiations, serait plus positif.

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La maquette du Musée national des sciences, des techniques et des industries - Architecte : Fainsilber, Avant Projet - Automne 82 - Photo E.P.P.V.


Cela dit, ce projet n’est pas un hasard. Il se peut très bien qu’une certaine forme de socialisme jacobin coïncide bien avec un grand sanctuaire de la rationalité positiviste. Mais cette optique est grave dans la mesure où il est plus important d’avoir des débats et une présentation dialectique des phénomènes ; pourquoi pas une salle sur religion et science, ou sur marxisme et science, ou sur l’anti-science, l’écologie, etc ?… Il est aussi nécessaire qu’il y
ait des débats où les diverses idéologies s’opposeraient.

* Il est de toute façon très […] (dommage ?) qu’il faille rassembler tous les […] (phénomènes scientifiques ?) en un musée séparé du reste. La […] (?) limitante, la technique ne se rés[…] (résume ?) […] plication (application ?)
des sciences. C’est un ensemble […] faire, d’ingéniosités qui ne se limitent pas à l’application d’un savoir. (* l’article est endommagé à cet endroit)

C’est là une présentation de la science conçue par des scientifiques. La technique ne serait qu’une application des sciences, et l’industrie, le lieu où s’effectue cette application. On a là un musée idéologiquement pervers ! Il
est grave de présenter l’industrie d’une façon aseptisée en ignorant le lieu social de production.

Ce musée sera insipide, inodore. On y fera de la chimie sans odeur, sans travailleur, sans patron, sans faillite, sans conflit.

Il serait d’autre part très dangereux d’exposer séparément l’histoire des sciences, des techniques et de l’industrie hors de tout contexte historique
au sens global. Il faut les rattacher à un contexte culturel et social plus large, de même qu’à un contexte militaire et de contraintes économiques. Il faut éviter une histoire sans vie, sans réalité, hors du temps. En fait, il serait intéressant de montrer comment à un certain niveau technique est associé tout un ensemble, un style de vie, des croyances et ainsi de faire des coupes de ce qu’était, par exemple, la vie au XIIème siècle, sans carreaux aux fenêtres, avec une force motrice animale, ce que représentaient les famines, l’insécurité, le type d’armement et de défense, bref de montrer des ensembles
cohérents.

Au contraire, on a fait un découpage en cinq thèmes : Univers, Vie, Travail de l’Homme, Énergie et Informations, Matière-Mathématique et Esthétique. Cela est fait pour ceux qui s’intéressent à des domaines precis et non à ceux qui se posent des questions. On en revient à une histoire des sciences et des techniques insipide, asexuée.

4) En l’état actuel du projet et des travaux, quelles alternatives peut-on proposer ?

Un des rôles idéologiques de la technique est de nous faire croire à l’irréversible. On nous dit : c’est lancé, c’est trop tard ! Qu’en est-il ?

Incertitudes…

Une équipe travaille depuis deux ans, qui a coûté fort cher, pour élaborer le contenu du projet. Mais si celui-ci est mauvais, il vaut mieux l’abandonner que de persister dans des dépenses injustifiables.

Une première alternative serait d’augmenter les expositions par rapport à la partie fixe. On pourrait éventuellement les promener à travers la France. Elles
pourraient porter plutôt sur la signification de la science, sa raison d’être. Il faudrait aussi faire un lieu plus modeste, plus progressif, dans lequel les visiteurs soient partie prenante, puissent s’exprimer. Le projet actuel risque d’être totalitaire. Qu’on confie aux syndicats et à quelques scientifiques
le soin de réaliser quelque chose ; que les grandes entreprises montrent ce qu’elles font. Il faudrait un projet évolutif, approximatif, voire même en désordre ; et non pas quelque chose d’admirablement conçu, que l’on ne pourra plus toucher et qui sera démobilisateur.

Enfin, il faudrait exiger que chaque fois qu’on donne 1 franc à La Villette, on donne I franc à une autre réalisation en province. Cela exigerait de tels débats que ce serait déjà une ouverture. En fait, ce n’est pas une bataille perdue. Ils ne peuvent pas engager un projet d’une telle ampleur sans rendre de comptes à personne.

V. conclusion ?

Avant qu’il ne soit trop tard, il faut ouvrir
un large débat. On peut demander qu’il existe une
commission pourvue de pouvoirs réels pour obliger à
la transparence. Il y faut des gens réellement responsables,
décidés à poser les vraies questions.
Il faut des débats les plus larges possibles.

Il faut diminuer l’enveloppe, partager les crédits
avec la province, faire plus d’expos et moins de
définitif, faire un musée de débats et de forums.
Sinon, ce sera un musée des certitudes plus qu’un
musée des hésitations , ce sera un musée de la science
constituée plus qu’un musée de la science en train
de se faire.

Et ce sont là des options idéologiques lourdes !


Arlette Gérard

N.B Certaines idées de ce texte sont inspirées de la
lecture du n° I4 "A propos de la Villette" du groupe
de liaison pour l’action culturelle scientifique.

(À suivre…)




En hommage au Dragon de La Villette

Photos d’un lycéen du L.E.P. de la rue Curial extraite de l’exposition : "Objectif 19ème" (mois de la photo).


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Photo B. Guillerey.

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Photo B. Guillerey.




Encombrements futurs…

Avez-vous vu la sortie d’un concert pop à La Villette, d’une réunion au Palais des sports porte de Versailles et vous êtes-vous félicité de ne pas habiter à proximité ?

Et vous comprendrez pourquoi une étude approfondie des moyens de transports permettant de desservir le futur musée de La Villette et surtout la Cité de la musique est nécessaire.

Nécessaire pour la commodité des spectateurs, visiteurs du musée et usagers du parc, mais aussi pour que les environs demeurent inaccessibles à leurs habitants et que les nuisances de bruit, les difficultés de circulation, même à pied, soient réduites au minimum.

Il faut remarquer en effet que la Cité de la musique accueillera certainement des spectacles commençants assez tôt dans l’après-midi pour être accessibles
à un milieu populaire qui s ’y rendra à la sortie de son travail, c’est-à-dire en même temps que les habitants qui rentrent chez eux . D’où encombrement
à craindre à cette heure-là.

Quant à la sortie, les riverains de l’avenue Jean Jaurès ont conservé le souvenir de celle du cirque Jean Richard, avant son déplacement le long du boulevard Sérurier, difficilement obtenu par Présence du 19ème qui présentait une pétition de plus de 300 signatures.

Le départ simultané des voitures , des motos, réveillait ceux que la sono du cirque n’avait pas tenu éveillés.

On peut estimer à priori que 50% partiront vers la banlieue par le périphérique (s ’il n’ est pas fermé pour entretien) et autant se dirigeront vers l’intérieur. D’autre part, la Cité de l a musique sera implantée selon toute vraisemblance vers l’avenue Jean Jaurès. C’est donc là que se situe le point névralgique le plus important .

Le seul transport public actuel fonctionnant après 20h30 est le métro ligne 5. Or les horaires du métro ne sont pas souples, la cadence est prévue identique
pour tous les jours de la semaine. Il y aura donc un peu d’embouteillage à la sortie des spectacles, ce qui est admissible à la rigueur. Mais elle ne dessert pas le centre. Par contre il est nécessaire que des autobus, dont le service serait renforcé aux jour et heure où ce serait nécessaire, assurent la liaison du Parc et du Musée et celle des spectacles avec des points centraux de tout Paris si l’on ne veut pas voir une prolifération des voitures particulières. Et cette prolifération, même si l e Parc peut la recevoir dans des parkings dépasse les possibilités de l’avenue Jean Jaurès que les quais du canal réservés aux piétons ne peuvent compléter, non plus que l’axe Boulevard Sérurier-Rue Manin qui ne mène qu’à Belleville…

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Inventer des accès… - Photo B. Guillerey.


Peut-on envisager que grâce à des transports intérieurs à grand débit, une partie de la sortie se fasse par la porte de La Villette ?

Supposons que l’élargissement de la rue de Flandre soit chose faite, elle comportera un terre-plein central et une circulation à sens unique de chaque
côté, bref le grand jeu. Mais que se passera-t-il à Stalingrad pour évacuer le flot ?

Le boulevard de La Villette : 2 voies au maximum et encore… Le faubourg Saint-Martin : 3 voies pour les deux sens, donc 2 voies au maximum. On aura créé un embouteillage permanent à cet endroit. Il reste une solution que la Ville se refuse à étudier :

- Un tracé Rue de Cambrai, puis le long du chemin de fer et la rue d’ Aubervilliers ce qui ouvrirait un passage vers le centre par la rue de Château-Landon et la gare du Nord. Le bouchon se trouve actuellement au point de la Ceinture sur la rue de Cambrai : 2 voies au maximum. Or, il ne faut pas oublier que la rue de Flandre et l’avenue Jean Jaurès (2 voies au pont de la Ceinture dans le sens vers Paris ) sont les grands axes de pénétration venant du Nord et de l’ Est, de l’Allemagne et des pays du Nord, de Roissy…
et des banlieues Nord et Est. Même à 11h du soir, le trafic n’y est pas nul.

Il est donc urgent que l’Établissement Public du Parc de La Villette établisse des lignes d’autobus rapides menant aux gares du Nord et de l’Est et aux grands centres des 2 rives. Si les couloirs sont bien dégagés, 30 autobus évacueront 1500 personnes. C’est au bas mot 600 voitures particulières qui ne viendront pas encombrer toutes les rues aux alentours du Parc et embouteiller les abords de la Porte de Pantin et les abords de Stalingrad.

Restent les autres 50%. Pour les parisiens éloignés de La Villette, un PC modernisé et, si possible, un PC express les mèneraient aux portes principales
le soir. Peut-être est-ce possible aussi à 18h pour l’entrée si les projets de modernisation du PC sont réalisés.

Pour la banlieue proche, le métro prolongé jusqu’à Bobigny et la Courneuve est certainement la solution dans leurs axes où ils sont relayés par les
autobus et les cars A.P.T.R.

En dehors de ceux-ci, par exemple pour Montreuil et même Romainville, proches à vol d’oiseau, il faut une bonne desserte à partir de l’église de Pantin. Et pour les gens des 19ème et 20ème ?

On bute toujours sur la très mauvaise desserte de nos quartiers par les autobus, alors qu’un bon service animerait la vie locale comme nous le prouvions en réclamant le maintien du 60 tous les jours et tous les soirs. Peut-être fonctionnera-t-il en 1989 ?…

En 7 ans, bien des choses peuvent changer, aussi l’Établissement Public et la Ville trouveront peut-être d’autres solutions, car les problèmes, eux, demeureront.


Présence du 19ème




En préfiguration

Un rendez-vous à ne pas manquer

Après plusieurs mois l’AJAR (Association Jeunes Actions Recherches) développe sur le dix-neuvième arrondissement le dispositif "Avenir jeunes" mis en plan récemment par le gouvernement pour informer, orienter et former les jeunes sans emploi, rejetés du système éducatif traditionnel.

Sur notre arrondissement les problèmes sont énormes. Actuellement les A.N.P.E. du dix-neuvième recensent 7500 chômeurs avec un marché de l’emploi en récession. Il y avait 56000 emplois salariés en 1979, aujourd’hui 50000. Une tendance qui malheureusement ne cesse de s’aggraver avec le phénomène général de la désindustrialisation de Paris. L’exemple de SOFRALAIT est significatif : une entreprise de 350 personnes mise actuellement en liquidation…

Mais sur le dix-neuvième un immense chantier s’ouvre, celui du musée et du parc de La Villette. Nous savons que les conséquences au niveau de l’emploi , et des activités économiques seront bénéfiques pour l’arrondissement. Sans
prétendre s’approprier les retombées socio-économiques d’une telle entreprise, nous estimons qu’il est nécessaire d’associer autant que possible la population du dix-neuvième et en particulier celle que nous accueillons dans nos stages. En effet durant trois ans au minimum, 800 à 1000 ouvriers, techniciens, cadres travailleront sur ce chantier. Représentant l’ensemble des métiers du bâtiment ils pourront offrir une structure d’accueil et de formation originale, qui reste toutefois à négocier avec les entreprises. Il est important de signaler qu’actuellement certaines entreprises , en acceptant l a
formation de tuteurs (responsables de formation dans l’entreprise) démontrent leurs capacités à former et à qualifier les jeunes en dehors du
système scolaire traditionnel.

Nous pensons aussi qu’il n’est pas prématuré de penser dès maintenant aux besoins en formation et qualification que nécessitera le fonctionnement du musée et du parc.

C’est donc un rendez-vous à ne pas manquer !

À suivre…

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En attendant l’Ecomusée… - Photo B. Guillerey.


Ressentir le site

Un dimanche après-midi, je suis allée "renifler" La Villette.

Je me suis "bagnaudée", comme on dit chez nous, sur le terrain, histoire de voir, de sentir, de fréquenter.

La Villette, je voulais l’avoir "dans les jambes" avant d’en dire quoi que ce soit. Et chacun devrait bien en faire autant : architectes, membres du jury au concours, technocrates… Un tel lieu, on ne le connaît, on ne l’apprécie qu’en le parcourant (compter plusieurs heures, note de la claviste).

J’ai aimé son aspect "paume ouverte" aux lignes bien dessinées, ligne de vie Nord-Sud, lignes des canaux qui se rejoignent, Mont du Dragon. Tout un monde d’eau, de terre, d’espaces ouverts, un microcosme d’univers. J’ai aimé percevoir son passé, avec la présence de la Grande Halle et sentir un avenir encore ouvert, avant que rien ne soit implanté. Un monde d’avant le définitif et le clos. Et que j’aimerais que La Villette garde malgré tout cet aspect ! Malgré le Parc, la Cité de la musique, le Musée des sciences ! Et ce qui serait mieux encore, avec le Parc, la Cité musicale et le musée ! Peut-être sera-ce possible si nous veillons à ne pas nous laisser enfermer nous-mêmes dans ces structures, si nous leur donnons notre propre respiration, si nous les habitons vraiment.

Et j’ai eu envie d’habiter ce lieu, de m’en inspirer pour lui donner vie. Maintenant, demain, pendant les travaux, et après-demain… Et j’ai "vu" des enfants, des jeunes, aller à la quête du passé, de l’avenir pour bâtir avec La Villette, une histoire, un conte à vivre, à élaborer, à mettre en scène, à figurer par la peinture, le théâtre, la musique, la vidéo, à restituer au site, à inscrire sur le site, sur les palissades, avec les travailleurs, avec les habitants des environs. Un chantier avec les chantiers pour construire une Villette commune, une commune "Villette". Bref, ce qu’on appelle une animation de préfiguration, une animation qui amorce notre participation au parc futur.

Cette "vision" personnelle, je l’ai couchée sur le papier, je l’ai développée dans le détail et le concret. Elle est maintenant projets d’ateliers du Collectif La Villette en discussion avec l’Établissement Public de La Villette.

À la fête de Quartiers Libres, nous proposerons aux enfants une animation sur le thème "La Villette" premier ballon d’essai d’une partie longue et sans
doute mouvementée.


Nicole Fallet
Présidente de l’APACQ


Communication du Cercle Marine et Loisirs

« La planche à voile n’est toujours pas autorisée sur le bassin de La Villette (voir numéro 14 de Quartiers Libres) ; et on se demande pourquoi vu que le dimanche la navigation est interdite. Cela ne dérangerait personne, la planche à voile étant le sport le moins polluant possible ; que ce soit au niveau du bruit ou au niveau bactériologique. Quant au niveau de l’aspect visuel, à qui celui-ci saurait-il déplaire ?

Moralité : la section de planche à voile s’exile le dimanche sur le plan d’eau de Créteil où elle n’est que tolérée . Où est l’alternance ? »

Quartiers Libres, le canard du 19ème et de Belleville

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Photo B. Guillerey.


Article mis en ligne en mars 2014.

Quartiers Libres, le canard de Belleville et du 19ème (1978-2006) numérisé sur le site internet La Ville des Gens depuis 2009.

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[1Potlatch : mot emprunté à un jargon Nord-américain ; le terme est utilisé pour désigner diverses cérémonies ostentatoires et dispendieuses donnant lieu à des festivités, à des déclarations publiques, ainsi qu’à des distributions et à des destructions de biens.

[2Ribéra : conseiller municipal, rapporteur des abattoirs municipaux en 1957.

[3Conte M. De Grailly : ex-député du 14ème arrondissement, ex-secrétaire général de "Présence et Action du Gaullisme" (proche de M. Debré ), ex-rapporteur général du budget de la ville de Paris, ex-président de la SEMVI. À la suite du scandale, il a été condamné à une amende de 3000 F… pour "n’avoir pas informé les autorités de tutelle ni demandé en temps utile les autorisations et approbations exigées…"

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