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Ostracisme anti-Roms… à quand la fin ?

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Chassez ces gueux qui gâchent le paysage !

Cet été au mois d’Août, à Paris et pas seulement, on ne fait pas dans la dentelle Monsieur, on démantèle !

Circulez y a rien à voir ! Exact, y a rien à voir ! Les familles, parents et enfants, se sont dispersées à l’arrivée des cars de police, emportant à la diable de pauvres baluchons. Ce qu’ils n’ont pu prendre avec eux de leurs affaires, objets épars faisant trace de leur passage et de leur existence, a été aussitôt chargé à la pelleteuse, dans des bennes amenées spécialement à cet effet par les services de la préfecture de police. La place est maintenant presque nette, ne reste plus qu’à évacuer les bennes.

Exact donc, y a rien à voir ! Il n’y a rien à voir… mais il y a beaucoup à dire !

Ça se passe toujours de la même façon, ou presque, la procédure est rodée
de longue date. Il en fut donc de même en ce début du mois d’Août dans cet arrondissement de l’Est parisien qu’est le 19eme [1], à deux pas de chez nous, ou à peine plus.

Retraçons rapidement l’histoire : Il y a environ un an et demi, entre la Porte d’Aubervilliers et celle de la Villette, des Roms venus d’on ne sait où (pas tout à fait, on sait bien qu’ils viennent de l’est de l’Europe, ou des Balkans), mais vraisemblablement expulsés d’un précédent campement, ayant repéré 1 terrain inoccupé, coincé entre le périphérique et la ZAC Claude Bernard (zone d’aménagement concerté) s’installent. Récupérant planches, tôles, bâches plastiques et cartons, ils y dressent comme ils ont l’habitude de le faire, n’ayant guère d’autre choix, les cabanes qui leur serviront à s’abriter des intempéries.

Évidemment, entre ces cahutes de bidonville et les nouveaux immeubles clinquants labellisés « Haute Qualité Environnementale », dont certains commencent à être livrés à leurs investisseurs, le contraste est saisissant, on peut même dire violent. De quoi, pour qui réfléchit un tant soi peu, se poser quelques questions sur l’insensé du monde dans lequel nous vivons !

A peu près 150 personnes vivent donc là dans une quarantaine de baraques où, compte tenu de l’insalubrité, n’ont pas tardé à les rejoindre quelques rats. On s’en doute, la présence incongrue dans la zone de ce petit peuple d’exclus, ne pouvait être longtemps supportée.

Ayant toutes les bonnes raisons pour cela, la première étant bien sûr de permettre la continuation du projet de rénovation urbaine en cours et des investissements associés, la Mairie de Paris demande donc l’expulsion au Tribunal d’Instance, lequel Tribunal prononce l’arrêté d’expulsion en Janvier 2012. Les occupants du campement sont alors informés qu’ils doivent se préparer à partir, mais n’ayant d’autre lieu où aller, et habitués à ce type de situation, ils restent là, attendant de voir ce qui va se passer… ce qu’ils ne savent en réalité que trop bien ! Comme on sait, au début du mois d’août on leur a confirmé qu’ils devaient partir sans délai, et le 8 Août au matin, la police est venue mettre en œuvre l’expulsion programmée.

Au lever du jour les policiers font leur entrée dans le camp… et tout le monde s’évapore. Les baraques sont détruites dans la foulée, et les affaires abandonnées par nécessité, chargées dans les bennes de la ville de Paris. La place est désormais nette. Bientôt ce terrain municipal sera transformé en barrière végétale pour protéger le nouvel éco-quartier de la pollution du périphérique ! Tout va bien !

Tout va bien dites-vous ! Est-ce si sûr ?

C’est vrai, tout va bien pour les employés de la BNP qui, venant d’emménager dans l’un des immeubles du premier lot livré à leurs commanditaires, se plaignaient d’avoir la misère sous les yeux à longueur de journée.

La misère n’est plus sous leurs yeux, elle est partie plus loin, espérons donc que maintenant tout va mieux pour eux, mais ce n’est même pas certain !

A vrai dire, vous vous en doutez un peu, je m’en contrefiche de savoir si ça va bien pour les employés de la BNP, par contre j’aimerais bien savoir ce que sont devenus les Roms que l’on a chassés comme on chasse la vermine, les obligeant à reprendre l’exode permanent dans lequel depuis toujours on les tient !

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A cette question il y a pour répondre quelques pistes possibles, parmi lesquelles la plus probable est qu’on les retrouvera demain, ou dans huit jours, dans quelque terrain vague de l’autre côté du périphérique, ou un peu plus loin dans un département voisin, terrain dont ils seront à nouveau chassés dans six mois, ou au mieux dans un an… Comment s’étonner alors, sauf à utiliser cela pour se justifier, qu’ils aient… comme on le leur reproche souvent avec cynisme et facilité, qu’ils aient quelques difficultés à s’intégrer ?

Que je sache, les Roms sont pourtant bien des citoyens européens qui ont, comme chacun de nous, le droit de circuler et de travailler dans l’espace Européen ! Des citoyens, pas des demi-citoyens, mais des Citoyens de plein droit, oui… de plein droit !

Il faut croire qu’ils ne le sont pas aux yeux de tous, il est plus que temps que cela change !

Il est plus que temps que cela change, non seulement par souci élémentaire d’humanité et de dignité partagée… mais aussi parce qu’il suffirait de prendre le temps de réfléchir, ne serait ce qu’un peu, pour comprendre que notre société commune y gagnerait ! Une société qui rejette et exclut, non seulement ne se grandit pas, mais se met en danger ! Tôt ou tard, l’exclusion crée du chaos, on le sait, c’est depuis longtemps avéré ! Sans compter que les Roms ont naturellement des choses à nous apporter, là aussi nous le savons, mais nous feignons de l’ignorer !

Si comme moi et quelques autres, la question des Roms vous intéresse… en cliquant sur les liens proposés ci-dessous, vous pourrez accéder à d’intéressants articles et points de vue. Dans le cas contraire vous avez probablement déjà refermé cette page, un mot de plus serait donc inutile ! Qu’importe… ce qu’il me semblait nécessaire (hélas, je sais qu’il faudra du temps pour que les choses changent), ce qu’il me semblait nécessaire de dire… est dit !!!

- Gram Manège - Le Blog de Quartiers Libres - 23/09/2012


Voir aussi notre précédent article de 09/2010 : Impossible de garder le silence

Quelques liens externes, au 1er rang desquels cette pétition proposée à la signature par LBP « La Bande Passante » :

Des articles de Presse :

Les expulsions de Roms vues par Amnesty-International et la LDH :

2 sites à connaître :

  • Un film… à voir avec les yeux et les oreilles  : les Fils du Vent (l’art de vivre manouche)

2 points de vue sur les démantèlements de camps, parus dans la presse, le 1er de Patrick Doutreligne (Fondation Abbé Pierre) :

Et le second de Christophe Deltombe (Emmaüs-France)

[1Pour info, les photos insérées dans ce texte ne sont pas en rapport direct avec l’expulsion du campement de Paris-19e, elles ont pour but, tout comme l’article, d’évoquer plus globalement le traitement des populations Roms en France ces dernières années, et, hélas, actuellement encore !

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Réactions
par ThIAN - le : 1er octobre 2012

Tous les chemins mènent aux Roms…

le voyage dans la vitrine
et nos vies sans origine
celui qui perd gagne
une autre partie gratuite
la roulotte est détruite

chameaux en Espagne
habité par un fantôme
esprit du mercurochrome
babouin sur sa liane

voici le spectre qui danse
heure des pointes correspondance
mélodie profane
j’entends la peur du vide
nos sirènes apatrides
leurs violons malades
sciant une corde noire
pendus au fil du rasoir
200 000 tsiganes

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