Aller au contenu | Aller au menu

Du Santerre à La Villette et Ménilmontant

585 visites sur cet article

Généalogie ou deux cents ans d’Histoire


Depuis deux cents ans ou plus, mes ancêtres habitent à la Villette et Belleville-Ménilmontant. Ça continue avec la jeune génération !

Mon lointain aïeul Pierre-André Quillet né vers 1728/1730 en Santerre est un riche cultivateur. Après la Révolution, il est élu comme premier maire de sa commune, le 20 janvier 1793. Il meurt en novembre 1796. Son fils ainé, Pierre Aimé André Quillet prend sa suite à la tête du domaine, secondé par ses frères ou beaux frères, sauf un, le cadet Pierre-François Quillet qui s’installe marchand de bas dans la commune.

Son fils Pierre-Ambroise Quillet né en 1780, est faiseur de bas. C’est mon quadrisaïeul. Celui-ci épouse vers 1800, Marie-Angélique Damay qui vient également d’une famille de "bonne réputation".

À la même époque, l’un des frères de Marie-Angélique, Adrien Charlemagne Damay et son épouse Augustine Virginie Petit partent pour la Capitale, mais s’installent à la Villette et deviennent propriétaires terriens. En 1832, ils y marient leur fille Virginie avec un cousin, Louis-Marie-Joseph Sénéchal. Les terres devant rester dans la famille. C’est ainsi que depuis 1795/1800 et peut être même avant, commença la saga des Quillet-Damay-Caron sur la Villette et et Belleville-Ménilmontant.

Ma grand-mère préféra "l’air" de Ménilmontant. Elle y décéda en janvier 1907 et nombreux sont les enfants, petits-enfants, oncles et cousins qui la rejoignirent au Père-Lachaise.

J’aime à imaginer ce qu’ils ont vu et rencontré depuis le début du XVIIIe siècle : Le défilé de la garde impériale de retour des campagnes de Prusse et de Pologne ; les émeutes sous Charles X ; les événements de la Commune ; l’envolée du dirigeable "l’aérophile" ; l’installation des abattoirs ; la première ligne d’omnibus de la Villette à St Sulpice ; les bals et les estaminets le long du canal ; les fêtes du bœuf gras et les joutes nautiques … Que ma mémoire partage avec eux, avec la vie des abattoirs et des barricades pendant la dernière guerre.

JPEG - 144.4 koAvec plus d’un demi-siècle de vie sur ce quartier, j’ai la nostalgie des fermes de mon enfance, du chant des coqs dans les cours, du lait cherché à l’étable avec mon frère et des cerisiers qui ravissaient mes yeux en toutes saisons ; du bruit de l’enclume et de l’odeur de la come brûlée par le fer brûlant chez le maréchal-ferrant où m’emmenait ma tante blanchisseuse ; de la musique et des chanteurs de rue ; de la pêche aux écrevisses ; des pique-niques sur les "fortifs" et du patinage sur le canal gelé à la sortie de l’école. Nostalgie des six cinémas de la rue de Flandre ; des terrasses des grands et petits cafés où l’on discutait des heures devant un p’tit blanc ou un Picon ; de l’odeur des gaufres, des lampions tremblotants et de l’accordéon. La rue de Cambrai sentait le sucre (le bandy) et des milliers d’abeilles s’agrippaient aux grilles pour pomper les résidus.

Le marchand de fromages de chèvre, en blouse flottante bleue, accompagné de deux biques, vendait ses produits directement en arpentant les rues et la voiture attelée, recouverte d’une bâche orange vif où s’étalait, en grosses lettres noires, le nom Caïffa, s’arrêtait pour peser la quantité de café en grains désirée. Les marchands de quatre-saisons gueulaient à tout va et donnaient une poignée de quelque chose, aux gosses que nous étions.

Aujourd’hui, à travers le béton, je cherche les maisons de mes amies : la mienne a laissé place à la piscine Mathis. Je cherche des regards et des sourires disparus. L’urbanisme moderne a oublié de reconstruire des "bistrots", des cinémas, des allées des fêtes pour "noces et banquets". Si je monte à Ménilmontant chez mon fils, c’est pareil. Et plus que le béton, ce qui blesse davantage c’est la déshumanisation de ces quartiers.

Où voulez-vous que les gens s’arrêtent et parlent… s’il leur en reste le temps ? Je me demande quelle mémoire transmettront mes enfants, de la vie de ces quartiers, aujourd’hui morts : mis à part le grand boum de la spéculation immobilière, bien sûr.


Louisette Quillet



Article mis en ligne en 2011 par Mr Antoine Seck, collaborateur à La Ville des Gens. Actualisé en septembre 2013.

Quartiers Libres, le canard de Belleville et du 19ème (1978-2006) numérisé sur le site internet La Ville des Gens depuis 2009.

Consultez les archives et les nouveaux articles jamais parus dans la version papier de Quartiers Libres numérique

Toute utilisation en dehors du cadre privé ou scolaire doit faire l’objet d’une demande auprès de l’association Quartiers Libres et/ou de la Ville des Gens

Quartiers Libres - Contact et renseignements :

Michel Fabreguet et Richard Denis :quartierslibr1@gmail.com

La Ville des Gens - Salvatore Ursini

Rédacteur – Chargé des relations avec les publics

Téléphone 01 77 35 80 88 / Fax 01 40 36 81 57

Nous contacter

Consultez nos archives sur :
Quartiers Libres Numérique sur la Ville des Gens

Partagez cet article :


Réactions
modération a priori

A cause du SPAM ce forum est modéré :

- Votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.
- l'insertion de code, ou la mise en forme de votre texte est désactivée
- les commentaires comportant des liens sont supprimés.

Si vous souhaitez faire connaitre votre activité, contactez nous plutôt que de poster un commentaire, ce sera beaucoup plus valorisant et efficace pour votre activité.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Thematiques Quartiers Libres par Thèmes
Archives des numéros