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Les piétons prennent la parole

Piétons, nous le sommes tous. Et dans le 19ème nous ne sommes pas spécialement gâtés : les piétons n’y ont pas le droit aux sollicitudes qu’ils ont parfois - parfois seulement- dans certains quartiers du centre de Paris.

Certains aménagements n’ont été obtenus que par des protestations et des luttes des usagers : l’élargissement du trottoir face à l’école de la rue de Tanger, par exemple, grâce aux associations de parents d’élèves, ou le repect des piétons Place des Fêtes grâce à la lutte des habitants(voir encadré ci-dessous).

Il faut toujours des morts pour obtenir l’installation d’un feu rouge, ou d’un passage protégé…, et bien des stationnements illicites dont pâtissent piétons et usagers des autobus - notamment du bus 60 - sont tolérés.

On peut par ailleurs s’étonner que des rues commerçantes comme la rue de Joinville ou la rue de Meaux ne soient pas piétonnes, au moins certains jours.

Le sommet est atteint dans les Buttes-Chaumont (voir Q.L. n°4 et 9) où les voitures ont accès aux trois restaurants-concessions, stationnant devant - la plupart du temps au delà même de la limite autorisée - et où certains automobilistes n’hésitent pas à circuler, malgré les interdictions, dans n’importe quelle allée…

Le problème principal, au delà d’un minimum de garde-fous et d’aménagements à mettre en place, n’est pas de cumuler des interdictions,
mais de développer le sens de la responsabilité des automobilistes par rapport aux piétons.

Automobilistes, vous êtes tous des piétons à un moment de votre journée, apprenez à les respecter.

Nous publions ci-dessous(comme nous l’avions déjà fait dans le n° 9 du journal pour le fonctionnement des autobus) le rapport d’une des 8 commissions des États Généraux de la Circulation dans Paris qui se sont tenus les 21 et 22 mars dernier.

Ce rapport consacré au piéton et à la circulation vous suggérera sans doute des idées d’aménagement à opérer dans le 19ème : envoyez les nous, nous les publierons.

Parcs et Jardins de Paris feraient bien de se préoccuper du danger que représentent ces voitures, notamment pour les enfants et les personnes âgées.

Le projet à l’étude de nouveau règlement des Parcs et Jardins, annoncé à la séance du 7 Juillet du Conseil de Paris pour remplacer le très désuet arrêté inter-préfectoral du 25/2/1977 ferait bien de régler le problème une fois pour toutes : à quand , pour la tranquillité et la sécurité des promeneurs, l’interdiction totale de la circulation automobile dans les Buttes-Chaumont ?

Le piéton et la circulation

États généraux de la circulation dans Paris : COMMISSION 5

Pour nous les piétons sont des êtres humains qui veulent vivre normalement dans la ville, dehors et non cloîtrés, à l’air libre et non sous terre. Tous veulent se déplacer, mais aussi s’arrêter et se reposer, marcher, courir ou
flâner, jouer et se rencontrer. La ville leur appartient, avant d’appartenir aux
machines. Or, ils ont vu au fil des ans leur espace se réduire, leur sécurité et leur environnement se dégrader.

1. Revendication fondamentale

Une mesure fondamentale s’impose :
- les trottoirs doivent avoir au minimum 2 mètres de largeur utile (passage de 2 landaus) ;
- si la largeur restante ne permet plus à une file de voitures de circuler et de stationner, alors la rue doit être aménagée en rue piétonne, ou en rue réservée aux piétons et aux transports en commun, ou en cours urbain (rue sans trottoirs mais avec obstacle n’autorisant aux voitures qu’une desserte lente).

2. Les trottoirs

Les trottoirs sont le premier domaine du piéton, lieu privilégié de la vie sociale,
immédiatement accessible devant chaque immeuble. Nous demandons qu’ils
soient :
- libérés des obstacles liés à l’automobile : automobile elle-même (y compris
sur les créneaux et contre-allées), stations services, parcmètres, poteaux de signalisation, entrées et sorties de parkings ;
- libérés des autres obstacles tels qu’empiètement des terrasses de café et étalages de commerçants (ceux-ci doivent être organisés ou contrôlés) dépôts d’objets et de poubelles ;
- bien éclairés, propres et bien entretenus (en particulier des solutions doivent être trouvées concernant les déjections animales) ;
- reconstitués, en cas de travaux, par un passage de même dimension pris sur la chaussée, bien protégé, au besoin en déviant la circulation automobile.

3. Les traversées de chaussées et de places

Nous demandons :
- des passages piétons plus nombreux : à chaque intersection de rue, à toute sortie des lieux publics à fort trafic, en particulier à la sortie des écoles ;
- la mise en place de ralentisseurs de trafic automobile quand la sécurité des piétons l’exige ;
- l’élargissement des trottoirs aux carrefours de façon à rendre impossible tout stationnement sur les passages piétons.
- le développement des refuges dans les voies à grandes circulation ;
de s f eux tricolore s qui ne soient plus entièrement conçus pour l’automobile, mais dont la durée permette le passage des piétons plus lents ;
- l’installation de feux manipulés par les piétons avec réponse rapide ;
- pour les traversées de place publique, des passages protégés permettant la traversée directe par le chemin le plus court (en remplacement des longs détours actuellement imposés), et l’aménagement de refuges ;
- au droit de toutes les traversées piétonnes, un plan incliné évitant d’avoir à affronter une marche ;

4. Voies piétonnes, voies mixtes et passages couverts

Nous demandons le développement systématique des voies piétonnes et mixtes ; en particulier :
- voies piétonnes exclusives (sauf livraison à heures limitées) dans tous les quartiers et non pas seulement dans les zones à vocation touristique ou commerciale ;
- voies mixtes piétons-transports en commun comme à Metz ou à Nancy ;
- cours urbains et rues marchés avec priorité aux piétons et circulation automobile restreinte et à vitesse et stationnement limités (voir Delft en Hollande) ;
- affectation à certaines périodes de voies aux piétons, telles par ex. le dimanche et les jours fériés les berges de la Seine, les grandes avenues et des artères de quartier ;
- garantie de l’accès au public des passages couverts, avec éventuellement une procédure de classement en voie publique.

5. Jardins et espaces verts

Nous demandons :
- un programme prioritaire d’aménagement d’espaces verts et de jardins de voisinage facilement accessibles ;
- l’interdiction de construction de parkings sous les jardins ;
- la suppression des voies automobiles découpant en parcelles les jardins publics ;
- l’amélioration de l’ équipement des jardins, la révision du règlement actuellement trop contraignant notamment pour les cyclistes, et une animation
de la vie collective dans les jardins (ex. utilisation des kiosques) ;
- la conservation des jardins privés par l’interdiction de construire, et si possible leur ouverture au public ;
- l’utilisation polyvalente, ouverte au quartier, de certaines installations
publiques : cours d’école et gymnase par exemple.