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Gram Manège

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Petite considération matinale sur le temps qui passe…


Ce matin là, je ne me suis pas, comme les autre jours, réveillé au vacarme du monstre engloutisseur et son escorte de ramasseurs parés de l’habit vert-fluo municipal. A ce propos, pardonnez-moi… j’ai encore oublié de descendre la poubelle… Mais, un peu après ! Puis comme à l’habitude, après quelques minutes pour goûter la couleur du jour qui n’est jamais la même, je me suis levé, posant au sol un pied… puis l’autre, et c’est à cet instant précis où je pesais de tout mon poids pour entrer dans le petit matin du monde, que j’ai découvert ceci : malgré les apparences je n’avais toujours pas et n’aurai peut-être jamais… les pieds sur terre !

Cela me laissa un instant dubitatif, le temps de réaliser que, cette fois encore, j’allais être en retard et même un peu plus ! Est-ce que je devais me mettre à courir pour rattraper… mais rattraper quoi ? Tant pis, je serais en retard, d’ailleurs était ce vraiment si important ?

Qu’on soit en retard ou en avance cela ne change rien au temps, le temps s’écoule sans se soucier, ni de qui est en avance, ni de qui est en retard. Le temps se fout de l’heure qu’il est, et j’ai beau regarder montres, pendules et horloges, courir après le bus, l ’attraper ou le rater, chanter ou trépigner, je n’ai… ni plus ni moins de temps devant moi ! Même précisément à l’heure, je n’ai jamais que le temps qui me reste et qui, dans tous les cas, ne me suffira pas à faire tout ce qui me reste à faire, moi qui ne fait rien, rien d’autre que rêver… c’est qu’il en faut du temps pour rêver ! De toute façon , comment courir quand on a pas les pieds sur terre ?

Et à ce jour, la nature ne m’ayant toujours pas pourvu d’ailes pour voler, je suis donc régulièrement en retard ! Oui en retard… et sans courir, je peux déjà vous dire que demain sera bientôt… hier ! Demain, l’antichambre du futur, l’avant-veille du passé sur les marches de l’avenir !… Vous rendez-vous compte ?

Mais… ne nous attardons pas, qui sait ? Peut-être qu’on nous attend ! Sur notre chemin d’aventures, d’un pas tranquille hâtons nous… mais surtout ne courons pas, jamais sans savoir pourquoi ! Non, ne courons pas !

Prenons plutôt le temps qu’à vivre il faut… pour l’apprécier ! Hâtons-nous de prendre le temps… celui d’écouter, celui de penser, de sentir… de ressentir, celui de regarder autour de soi… toutes ces curiosités inespérées, même ces verrues sur le nez, ces poils mal teints qui font les identités, de regarder simplement l’autre… et de le découvrir !

L’autre est un monde ! Un monde ! Un monde à qui nous devons de ne jamais nous ennuyer, et cela sans avoir à payer la moindre redevance, ni davantage à subir même la moins insupportable des publicités !

Si prendre son temps peut à l’occasion nous être reproché par quelques agités en charge de responsabilités, hélas bien mal engagées, ne renonçons surtout pas à profiter de ce qu’ils n’ont pas songé à taxer ce luxe immatériel, authentique bonheur, qui échappe complètement à leur entendement.

Pour qui l’ose et le fait avec goût, prendre son temps n’est pas le perdre. C’est cultiver comme un arbre précieux qui donnera demain ses fruits. À contrario s’agiter n’est, et de loin s’en faut… ni la preuve, ni l’assurance de la qualité ou d’un quelconque bien-fondé même hautement revendiqué. Seuls, pour des publics complices ou peu exigeants, les amuseurs, amateurs de trompe-l’œil, et les cabots de foire (parfois rehaussés de talonnettes)… y recourent ! Ne subissons donc pas les pires influences, continuons indéfectiblement de prendre notre temps !

Vous n’aurez pas manqué de remarquer dans ces dernières lignes, un léger glissement vers l’actualité. Il était inévitable, et il est à dessein… je l’avoue ! C’est que le temps qui passe conduit parfois à de mauvaises rencontres, à l’issue d’une récente élection nous en fîmes hélas une, du moins pour nombre d’entre nous ! Gageons que le temps qui passe saura aussi nous en débarrasser, mais en la circonstance rien ne nous contraint à la passivité. Sachons aider le temps qui passe, dans son œuvre de salubrité ! Dans cet objectif, sans plus tarder je suspends toute activité… Il me faut d’abord et d’urgence… descendre la poubelle, ça ne peut plus attendre ! Bien sûr, pour une efficacité optimale je veillerai à descendre… sans courir ! En attendant, gardons à l ’esprit qu’il y a toujours de ces moments insoupçonnés, où les choses changent… tout autrement qu’à première vue il ne paraît !


Gram Manège (09/2007)

Photo Yves Géant


Article mis en ligne en juin 2014.

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