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Rencontre avec une cantatrice : Luce Compan


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Née sous le signe de Phoebus, cette fille du soleil a le tempérament chaleureux de ses lointains ancêtres espagnols.

Si vous la croisez dans la rue avec, au bras, l’anse de son panier, elle s’arrête volontiers pour un brin de causette et cette rencontre est un vrai bonheur. Vous reconnaîtrez alors Luce Compan à son gracieux sourire, à sa simplicité, à sa façon primesautière de tâter les tomates ou de palper les fruits chez l’épicier du coin.

Et pourtant, vous aurez devant vous, au choix, la Belle de Cadix, la fille de Mme Angot, Lucie de Lammermoor, Mimi, ou "Cio-Cio-San", la petite japonaise de Mme Butterfly.

Pour Quartiers Libres, Luce Compan évoque ses souvenirs :

"Je suis l’aînée de neuf enfants, d’une famille très simple où la musique berçait chaque moment de nos existences, depuis ma grand-mère qui jouait de la mandoline jusqu’à mon père, ouvrier dans la journée, qui chantait en professionnel Le soir à radio-Alger où il interprétait tous les rôles de premier ténor d’opéra : Carmen, Lakmé, Werther…

Quant à moi, j’ai toujours chanté dans les fêtes de famille et dès ma plus tendre enfance j’ai rêvé de devenir chanteuse. Mais mon père n’était pas du tout d’accord, car il pensait que c’était là une carrière trop aléatoire et très exigeante. Cependant, les dimanches, il m’emmenait toute la matinée à son cours de chant (j’avais alors quatre à cinq ans) et le soir, pour me récompenser de ma sagesse, je l’accompagnais à l’Opéra.

A l’âge de sept ans, mon père m’a fait apprendre le solfège et le piano en espérant que plus tard, j’enseignerais la musique.

Devenue adolescente, j’ai décidé pourtant de tenter ma chance. Tout en travaillant comme secrétaire, je faisais partie d’une chorale et l’un de mes copains qui, Lui, était au conservatoire d’Alger m’a entendu chanter et a voulu me présenter à son professeur qui m’a proposé de me faire travailler gratuitement. Grâce à elle, j’ai obtenu un prix qui m’a permis d’entrer au Conservatoire d’Alger et c’est là que le facteur chance a joué. Le Directeur de L’Opéra m’a proposé de remplacer l’une de ses chanteuses et m’a demandé à 11 heures d’apprendre pour le soir même le rôle de Vincenette, la sœur du jeune premier dans "Mireille". J’ai réussi à réaliser ce tour de force en 4 heures et, Le même soir, je jouais sur la scène de L’Opéra d’Alger.

Lorsque je suis venue en France, j’étais mariée et j’avais un enfant. J’ai passé des auditions et j’ai été engagée tout de suite, car, grâce à l’opérette, j’étais rompue à toutes Les disciplines des déplacements sur scène, du maintien, de la danse et de la comédie.

Ensuite, j’ai commencé à enseigner et j’ai fait partie du jury du Conservatoire, sans jamais à cette époque-là, pouvoir obtenir un poste à Paris.

A présent, j’ai décidé de donner des récitals, de chanter en toute liberté les airs qui me plaisent. Dans un récital, on ne fait plus partie d’une troupe, on n’est plus liée par une mise en scène. C’est un travail en profondeur, le dépouillement complet, le dialogue avec Le public, le duo avec L’accompagnateur.

Et puis, dans notre arrondissement, je suis chez moi, où je peux aider de jeunes talents, les conseiller, leur faire partager ma joie de chanter. Voilà mon idéal."

Madame Luce COMPAN, vous avez interprété tous les grands rôles du répertoire, ceux de Puccini, de Bizet, d’Offenbach et bien d’autres encore, vous recréez la magie de l’opéra dans la langue de leurs compositeurs. J’ai connu la joie de vous écouter, d’admirer le timbre de votre voix, j’ai apprécié votre simplicité, quand vous incliniez la tête en remerciant votre accompagnateur. Pour faire bonne mesure, vous avez eu le bon goût de porter le nom de l’une des rues de notre quartier. Pour notre plaisir, revenez vite sur la scène de notre Mairie, vous y rencontrerez un public qui n’a pas eu encore le bonheur de vous entendre et qui, à son tour, découvrira votre immense talent.


Entretien Denise FRANÇOIS



Article mis en ligne en mars 2015.

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