La ville des gens : 1er/septembre
HUMEUR

Ça bouge au 21 rue de Tourtille

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La rue de Tourtille est si tuée dans la zone de rénovation du quartier Belleville. A voir la succession de démolit ions, on peut penser, sans f aire vraiment de mauvais esprit, que, quelquefois, lorsqu ’un immeuble est en cours de destruction, un coup de marteau-piqueur bien placé pourra déséquilibrer, juste ce qu’il faut, les fondations de l’immeuble d’à côté. C’est peut-être ce qui s’est passé lorsque le 23 de la rue de Tourtille a été démoli il y a quelque temps…

Le samedi 3 septembre 1988, des locataires du 21 s’inquiètent car il y a un trou dans la cour de l’immeuble. Par mesure de sécurité , ils font appel aux pompiers qui préviennent à leur tour la Préfecture de Police qui prend la décision de faire évacuer immédiatement cet immeuble qui menace de s’effondrer. C’est ainsi que 15 familles, en majorité maghrébines. se retrouvent à la rue sans même avoir le temps de réunir quelques affaires personnelles.

Commence alors la mise en place d’un scénario devenu classique depuis les tragiques incendies du dernier trimestre 1986. Les familles sont hébergées au foyer
Baudricourt dans le 13ème arrondissement, foyer du B.A.S. (Bureau d’Aide Sociale), et la Mairie de Paris leur propose de leur payer l’hôtel en attendant leur relogement, sans préciser pendant combien de temps elle prendra à sa charge la totalité des f rais, ni à quelle date les habitants seront relogés.

Après deux nuits passées au foyer, fus fa milles décident de ne pas accepter les propositions de la Mairie e t de revenir s’installer devant leur immeuble jusqu’à ce que des logements leur soient concrètement attribués. A partir du 5 septembre, des vieillards, des femmes, des hommes et des enfants se sont installés, dans des conditions plus que précaires, sur le trottoir, aidés par des voisins qui leur ont prêté matelas et couvertures et qui , selon leurs moyens, ont participé à la préparation des
repas et ont accueilli, pour la nuit, certains enfants en bas âge.

Le jeudi 8, une délégation de représentants des locataires. d’élus locaux, et d’un membre de SOS- RACISME (organisation à laquelle des familles avaient fait appel) était reçue par le Préfet de Paris, tendis que d’autres locataires se rendaient à l’O.P.H.L.M . (Office d’HLM) pour déposer des dossiers de relogement en urgence ; il faut noter que la plupart des familles étaient inscrites pour une demande de logement depuis plusieurs années.

La Préfecture s’est engagée à reloger ces familles ; le premier relogement proposé était celui d’un couple de retraités admis dès le lundi 12 dans un foyer du 3ème âge situé dans le 20ème, où ils disposent d’un studio avec cuisine. De son côté, l’O.P.H.L.M. proposait des logements, tous situés en banlieue plus ou moins proche.

Si certains pouvaient accepter cette propositions, il n’en était pas de même pour d’autres ; en effet, compte tenu de leurs horaires de travail e t de leurs charges familiales, un relogement en banlieue leur ferait rapidement perdre leur emploi. La solidarité entre tous a donc continué pour soutenir ces familles qui exigeaient d’être relogées à Paris.

Après d’autres tractations, la Mairie s ’ est enfin engagée à reloger à Paris, dans les délais les plus brefs, les familles qui le demandaient ; elle s’est aussi engagée à verser une indemnité de 3 0 00 F à chaque famille sinistrée.

Le vendredi 10 septembre, après 4 nuits passées dans la rue, les familles ont assisté, impuissantes, au déménagement de leurs meubles et affaires personnelles ; les déménageurs ont tout entassé dans des camions pour l’emmener dans un garde meubles payé par la Préfecture ; puis elles ont accepté, plutôt résignées, de se rendre dans les différents hôtels proposés par le B.A.S…

Voir tous ces gens obligés d’occuper la rue pour que les Pouvoirs Publics prennent en considération l’urgence de leur situation et leur accordent un des besoins primaires pour chaque individu, à savoir un toit : quelle honte de bafouer ainsi la dignité d’un être humain ! Etre obligé d’aller chez les voisins se laver sans avoir le minimum nécessaire pour faire sa toilette, laisser des "étrangers" entrer dans l’intimité de son foyer pour emballer ses propres affaires… N’y avait-il vraiment pas d’autres moyens ?

Etait-il vraiment impossible pour l’un des membres de chaque famille d’accompagner les déménageurs puisque le mercredi ils avaient eu l’autorisation de monter dans les appartements, avec un policier , pour prendre leurs papiers ? De plus, n’ y a-t-il pas contradiction entre l’évacuation d’un immeuble qui menace de s’effondrer et le fait de laisser, durant plusieurs jours un nombre considérable d’individus se rassembler sur les trottoirs et sur la chaussée ? Si le danger était réel, ne fallait-il pas faire évacuer toute la rue ? La Préfecture sait prendre des risques !

Bien sûr, et c’est peut-être la première fois, il y a eu des propositions de relogement qui se sont concrétisées rapidement pour la plupart des familles puisqu’il ne reste actuellement que deux familles sans logement car ceux qui leur ont été proposés ne leur convenaient pas. Mais peut-on être vraiment satisfait lorsqu’on sait que ces logements sont pour la plupart situés en banlieue, lorsqu’un couple de retraités qui vivait dans la communauté s’est retrouvé isolé, dans un foyer du 3ème âge (ce couple n’a pas pu le supporter et a fait d’autres démarches pour demander un logement, ce qu’il a heureusement obtenu, sur le quartier). Pourquoi ces familles qui vivent dans le 20ème n’auraient-elles pas le droit d’être relogées en priorité dans le quartier, dans les logements neufs ou dans ceux qui vont être prochainement construits ?

Le 17 septembre, une entreprise de démolition avait déjà placardé son enseigne et une remorque était installée devant l’immeuble. Tout est prêt pour la démolition !

C’est maintenant au tour des locataires des immeubles voisins de s’inquiéter. Quels moyens la Ville de Paris va-t-elle trouver pour les faire partir ?

C’est un dossier à suivre de très près et on ne peut qu’encourager les habitants de ces quartiers à se regrouper et à mettre en place une solidarité très forte pour tenir en échec les noirs desseins de la Mairie de Paris qui fait tout pour avoir "une ville propre" !


Kadia RACHEDJ
(ASTI 19e / 20e )



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HUMEUR

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8h45, un matin comme les autres ; des champs de betteraves au loin… Ils arrivent,
par leur propre moyen ou par le bus.

Comme un essaim d’abeilles, où volent- ils ? Chacun se rend au poste auquel il a été affecté : manège, théâtre, boutique, restaurant, kiosque… Vous avez deviné ? Oui, vous avez entendu parler du Géant ? A MIRAPOLIS !

Chers visiteurs, oh ! pardon, chers miramis , vous êtes accueillis avec chaleur et sourire radieux par ces mirapoliens qui vous "offrent" une journée de rêve. Mais à quel prix, pour eux ?

Chantage au travail : 10, 11, voire 12 heures de présence par jour. Une rémunération sur la base de 182 heures par mois pour la restauration. Pas de paiement des heures supplémentaires : elles doivent être récupérées dans la saison, ce qui n’est guère possible. Travail, rendement, horaires impossibles, pas de considération, pas de reconnaissance du service rendu ni de remerciement. Une règle d’or : ne jamais être souffrant ou absent, sous peine de renvoi calculé par "leurs" soins !


J’accuse MIRAPOLIS d’avoir renvoyé celui qui a "mal" répondu au mirami qui l’avait agressé.

J’accuse MIRAPOLIS d’avoir renvoyé un vacataire absent de son poste (il était aux toilettes) ;

J’accuse MIRAPOLIS d’avoir renvoyé celui qui s’était vu offrir une glace par un employé appartenant à la grande famille.

J’accuse MIRAPOLIS de n’avoir aucun respect de l’individu, voire de l’annihiler.

J’accuse MIRAPOLIS de n’avoir aucune reconnaissance pour ceux qui font fonctionner le Parc.

J’accuse MIRAPOLIS d’avoir fait de ce Parc un goulag en France pays des droits de l’Homme et du respect de chacun.

Rendez-vous à EURODYSNEYLAND en 1992…

J’ai été un mirapolien pendant 3 semaines…


MiraJe



Article mis en ligne en septembre 2015.

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