La ville des gens : 20/octobre

Enfants de… pub


Images de pub… Dans la cour du collège Georges Meues, Rue de Tanger dans le 19ème… Heureux sont les publicitaires…

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Depuis de nombreuses années déjà, la publicité nous cerne. Tout est bon pour vanter tel ou tel produit. Qui n’est jamais sorti avec un sac Prisunic à la main, qui n’a jamais arboré un maillot ou un bob revêtu d’une publicité ?

ET-MEME-QUE-DES-FOIS-ON-LES ACHETE-EX-XEU-PRES !

Sans parler du snobisme des sacs Hermès, des chemises Lacoste des jeans Levi’s et j’en passe.

Agaçant parfois de ne pas trouver un repos mérité à cette agression permanente ; mais les lois du marché nous pressent à consommer plus. La preuve en est que les spécialistes du système ont ouvert le créneau des "enfants branchés", potentialité énorme d’acheteurs (13.000.000 de scolarisés en 87) si l’on songe que bien éduqués dès le plus jeune âge à dépenser ou pousser les parents à prendre X plutôt qu’Y, ils grandissent, les petits, et rien n’arrêtera plus cette sinistre habitude de choisir celui qui "PUB" le plus fort.

Dès lors en plus des campagnes médiatiques de pré-rentrée, les ouvrages scolaires se sont enrichis de photos-couleurs reflets de notre· société. Rien que dans un livre de français de Troisième*, j’ai relevé : Tann’s, Mercier, Ultra riche de Garnier, le café Côte d’Ivoire, Get, Gan, l’Aurore. Plus insidieusement des textes d’autres ouvrages comportent des "allusions". Ex : A la station Elf le litre… Ou bien encore : prenez un plat en Pyrex


10 m2 d’aluminium et d’acier dans la cour du collège

Tout ceci n’est rien en rapport avec ce que j’ai découvert en rentrant de vacances début septembre. Garant la voiture mon regard fut arrêté par l’implantation de deux énormes panne aux publicitaires Giraudy (pub gratuite ) : l’un fixé sur le mur près de l’entrée, l’autre fiché sur la pelouse du Collège Georges Méliès Rue de Tanger.

Lecteur obligatoirement attentif l’élève enregistrera, l’éditeur touchera. Déjà l’aspect de cette établissement n’est pas foncièrement bucolique, avec une maigre pelouse et trois arbres rachitiques ; mais couper toute la perspective de l’étroit bâtiment par 10 m2 d’aluminium et d’acier… c’est gonflé ! (pub Vahiné)

Il est évidemment plus tentant d’implanter ces panneaux sur l’un des rares espaces aérés de la rue. Pensez-vous. Campés sur ses poteaux face à une rue passante et en sens unique, sans compter les 700 élèves qui entrent et sortent toutes les heures, quelle aubaine !


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Zone d’Education Prioritaire
Zone d’Escalade Publicitaire

Les tractations ont porté entre le chef d’établissement et le publicitaire sur 2 points.

Premièrement sur les plusieurs dizaines de milliers de francs de dédommagement à verser chaque années au collège pour pallier aux carences de matériels pédagogiques. Ce collège est en Zone d’Education Prioritaire et non pas en Zone d’Escalade Publicitaire.

Deuxièmement : Les discussions ont porté sur l’utilisation des supports. Il en résulte que trois grands thèmes seront bannis soit : le sexe, l’alcool et la drogue. Mais pas le tabac. La première campagne d’affichage prône l’aventure d’après Camel : l’aventure c’est donc fumer, s’évader de son environnement, paraître aventurier pour des centaines de collégiens aujourd’hui fumer Camel, c’est l’aventure au quotidien BRAVO ! A deux pas du Rectorat on se moque ouvertement de la loi Veil ainsi que de l’actuel Ministre de la Santé Michelle Barzach et de son active campagne anti-tabac. Il est des sponsors qui couvrent et permettent des évènements de tout poil, me répond-on : humanitaire = Nèstle, sportifs = Ricard ou Gitane.

Quoi qu’il en soit, est-ce une raison valable pour laisser s’instaurer de telles pratiques ?… Mais au fait, à qui appartiennent ces terrains ces bâtiments ?

JPEG - 37.3 koLes écoles Primaires et Maternelles au nombre de 650 a Paris, sont la propriété de la Ville. Collèges et Lycées, Lycées techniques et professionnels sont répartis en deux groupes sur 214 établissements : 140 appartiennent à la Ville contre 74 à l’Etat. Il sont reconnaissables car depuis le décret de 1962 toutes les constructions neuves se trouvent être propriété de la collectivité donc de la Ville de Paris pour ce qui nous concerne.

On voit bien sourdre par ces faits une menace, après Giraudy, Jean-Claude Decaux ?!

Alors à quand les affiches dans les cours de récréations, les matériels et les ouvrages scolaires offerts à grand renfort de publicité ?

La gratuité des fournitures passerait-elle aujourd’hui par la compromission ?

Sans vouloir être foncièrement alarmiste, le doigt est pris dans l’engrenage irréversible du parrainage publicitaire pour l’éducation de nos enfants…

Pitié, assez, trop c’est trop.

SOYONS VIGILANT !


Le publifou-phobe.

* A la découverte de notre langue édition Magnard.

DERNIERE MINUTE : la pluie et le vent de ces derniers jours ont remis à nu les panneaux. Attention a la prochaine campagne d’affichage.



Article mis en ligne en octobre 2015.

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