La ville des gens : 11/février
À la recherche d’un espace

Les chats libres du 19e


Les chats libres du 19e arrondissement ont, depuis longtemps,en Monique Robin, la voix qui leur manque pour se faire entendre. Cette dernière est, en effet, à la tête de l’École du Chat de l’arrondissement et s’occupe de leur sort, activement, depuis 1992. C’est au bas de son immeuble, dans le jardin que cohabitent, heureux, quelques-uns de ces chats, qu’autrefois on appelait des chats errants. Mais le rôle de Monique Robin et de son École du Chat ne s’arrête pas là.


Madame Robin, qu’est ce que l’École du Chat ?

La notion d’École du Chat a été fondée et déclarée au journal officielle 8 mars 1978 par Monsieur Michel Cambazard et son but consiste à assurer la protection des chats libres, d’aider à les défendre et à améliorer leurs conditions d’existence dans les parcs et jardins, ce qui est autorisé depuis cette date. Monsieur Cambazard est également le concepteur du "Chat-LM", abri spécialement prévu pour ces chats libres.


Qui sont ces chats libres ?

Ce sont des chats en bonne santé, non domestiqués mais stérilisés et immatriculés au Fichier National Félin. Ils sont bien sûr nourris par les protecteurs bénévoles qui les géraient avant et sont relâchés sur leur terrain, où ils vivent, par l’association, leur suivi est aussi assuré par nous.


En quoi consiste plus précisément votre action et celle des bénévoles avec lesquels vous travaillez ?

Tout d’abord, il faut faire du "trappage", ce qui demande beaucoup de patience. En effet, pour que l’animal, soit craintif soit sauvage vienne à s’approcher, il est, hélas, nécessaire de l’affamer durant quelques jours et d’attendre, même s’il pleut, s’il vente ou s’il neige. Bien évidemment, il est ensuite soigné, nourri et on essaie, puisque nous n’avons pas encore de locaux, de lui trouver une famille d’accueil durant le temps de sa convalescence, après stérilisation. Certains sont proposés à l’adoption et seuls, les inadoptables, trop peu sociabilisés, sont remis sur leur territoire.


Les chats libres ont-ils un rôle à jouer dans la ville et tout particulièrement dans le 19e ?

Oui, tout à fait. Car là où les chats disparaissent, on voit les rats réinvestir les terrains sur lesquels ils se trouvaient. C’est, par exemple, le cas de la rue Petit. Il y a peu de temps encore, il y avait des chats que les enfants de cette rue allaient nourrir régulièrement. Aujourd’hui, les chats ne sont plus là et l’endroit est occupé par des rats. Inutile de rappeler que ces derniers sont vecteurs de maladies et que les premières victimes pourraient être ces mêmes enfants qui jouent au dehors. Quand le chat n’est pas là, les rats dansent…


Possédez-vous une structure, pour l’École du Chat du 19e ?

Hélas non, pas pour l’instant mais c’est mon souhait le plus cher à l’exemple de l’École du Chat de Clichy qui dispose de locaux prêtés par la mairie de Clichy, permettant ainsi de maintenir les chats sur place et que d’éventuels adoptants puissent venir voir. Sur le 19e, nous faisons appel à des familles d’accueil mais nous en manquons cruellement. Avec nos propres locaux sur le 19e, notre École du Chat pourrait être génératrice d’un ou deux emplois en C.E.s. Je ne peux tout faire seule.


Quels sont vos rapports avec nos élus ?

Excellents. Grâce à Monsieur Madec, notre maire, qui aime aussi beaucoup les animaux, nous avons, tous les ans, à notre disposition, pour deux jours, la salle des Fêtes de la mairie, ce qui nous permet d’organiser deux journées d’exposition et d’adoptions de chats ainsi qu’une expo-vente d’objets artisanaux.


Avez-vous d’autres projets ?

Oui. Nous rêvons également d’un jardin aux chats, puisqu’il existe des terrains inoccupés dans l’arrondissement.


Travaillez-vous de concert avec les autres Écoles du Chat ?

Bien sûr. Dans l’attente d’une structure locale, c’est l’Ecole du Chat de Clichy qui héberge mes protégés. Autant vous dire que je passe mes journées à courir d’ici à là-bas.


N’y a-t-il pas de bénévoles ?

Quelques-uns mais des "nourriciers et nourricières" bénévoles seraient bienvenus car nous en manquons. Si mon association peut, en effet, faire effectuer stérilisations, tatouages et suivis sanitaires, elle ne peut, faute de vrais moyens, assurer la nourriture journalière. Celle-ci ne peut dépendre que de la bonne volonté du voisinage. Je serais donc ravie d’avoir des propositions. J’aimerais également organiser des collectes de boites à chats dans les grandes surfaces car je sais que les enfants aimeraient participer à une telle action mais pour ce faire, il faut l’accord des grandes surfaces proprement dites (Leaderprice, ED, Monoprix, Casino, Franprix, etc … ) et de ce côté là, il n’y a pas beaucoup d’ouverture.

Cela dit si chacun achetait, ne serait ce qu’une boite, ce n’est pas grand-chose, cela aiderait beaucoup nos petits protégés.


Pensez-vous que cette protection est efficace ?

La loi du 6 janvier 1999 dans son article 213-6 précise que le maire peut, par arrêté, à son initiative ou à la demande d’une association de protection animale, faire procéder à la capture des chats non identifiés,sans propriétaire, sans gardien, vivant en groupe dans les lieux publics de la commune afin de faire procéder à leur stérilisation et à leur identification. L’identification des chats doit être réalisée au nom de la commune ou de ladite association. Mais les lois ne suffisent pas. Pour une protection efficace, il faut un vrai budget et la bonne volonté de tous.


J’ai eu vent de chats qui disparaissaient dans le 19e.

C’est vrai qu’il y a des chats qu’on n’a jamais retrouvés mais on ne peut affirmer qu’il y ait eu vols ou encore trafics, bien que chacun sache que la traque pour les laboratoires existe toujours dans Paris.


Que faire pour éviter de perdre son chat ?

Contrairement à ce que l’on a coutume de dire, un chat peut "tomber" d’une fenêtre ou d’un balcon, ne serait ce qu’en voulant attraper un pigeon qui passait par là. Et il ne retombe pas forcément sur ses pattes, ce qui veut dire qu’il peut se faire très mal. Même seulement égaré, il peut rester prostré un bon moment. Certains, au bout d’un certain temps peuvent redevenir sauvages. Pourtant, tout propriétaire de chat pourrait éviter cela, en faisant apposer contre ses fenêtres un léger grillage (on en fait de discrets). L’été est, évidemment, la période où les chats tombent des fenêtres.


Avez-vous eu vous-même, le cas de chats qui n’ont pu être sauvés ?

C’est arrivé. Nous sommes obligés de faire euthanasier le chat qui souffre parce qu’il est trop gravement blessé. Mais je tiens à préciser qu’aucun de nos chats ne finit à l’équarrissage, ils sont toujours incinérés. C’est un respect que nous leur devons.


Vous devez avoir vécu beaucoup d’histoires avec les chats ?

Oh oui, et beaucoup d’histoires d’amour ! D’ailleurs, avec un chat, c’est toujours une histoire d’amour, de joie et d’émotions. Mais il y a aussi des larmes devant l’irresponsabilité, voire la cruauté humaine. J’ai encore en mémoire cette pauvre chatte découverte dans une cage jetée dans la rue et qui était en train de mettre bas ses chatons.


Que conseillez-vous à ceux et celles qui veulent adopter un chat chez vous ?

Tout d’abord, de réfléchir et de ne pas céder à une impulsion ou un caprice soudain. C’est un être vivant et délicat, très sensible. Enfin, les gens "craquent" souvent pour des chatons sans prendre la mesure réelle de leur engagement. Car un chaton, ça grandit, et en attendant, ça joue, ça s’accroche à vos rideaux, ça fait ses griffes sur les murs, il faut le savoir. Et c’est souvent cause d’abandons, quatre mois plus tard.

Un chat déjà adulte est plus calme et il vous témoignera une reconnaissance infinie. Il vous donnera d’autant plus d’amour que vous lui aurez offert une seconde chance et un nouveau foyer. Croyez moi, ceux qui ont adopté un chat déjà adulte ne regrettent pas leur choix !


Au fait, madame, pourquoi les chats ?

Mon premier souvenir d’enfant c’est le poil caressant et le petit museau humide d’un chat, avant même que je sache ce qu’était un chat. Mais je n’ai jamais oublié ce contact, ce premier contact avec le monde extérieur et il était bourré d’amour.


Sylvie LEMAITRE

Tout le monde peut adhérer à l’École des Chats. Aidez-nous. Un reçu fiscal est envoyé aux adhérents. 76, rue de Meaux Paris 19.


Article mis en ligne en 2010 par Mr Antoine Seck, collaborateur à La Ville des Gens, actualisé en février 2014.

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