La ville des gens : 18/décembre
Portraits de résistantes

France BLOCH


France Bloch est née à Paris le 21 février 1913. Elle était la fille de l’écrivain Jean-Richard Bloch. Ingénieur chimiste, elle met ses connaissances au service de la Résistance et en 1940, en liaison avec le colonel Dumont, elle installe un petit laboratoire avenue Debidour près de la place du Danube dans le 19ème arrondissement.

France Bloch y fabrique des explosifs pour l’action armée des « Bataillons de la Jeunesse ». Pierre Georges, le futur colonel Fabien, viendra souvent s’y « ravitailler ». Elle remet aussi en état des armements utilisés par les francs-tireurs dont beaucoup sont des jeunes communistes du 19è.

La police aux aguets parvient à localiser un certain nombre de résistants qui ont l’habitude de se rencontrer dans le petit bar-restaurant tenu par les époux Rappenau au 121 Bd. Serurier. Elle découvre aussi dans cette affaire le laboratoire clandestin tout proche. Le 25 novembre 1941, un vaste coup de filet s’abat sur eux. France Bloch échappe à ces arrestations, Constance Rappenau figure parmi les résistants arrêtés, elle mourra à Auschwitz.

Au cours de la perquisition au laboratoire, la police aurait découvert d’après le rapport des archives allemandes : « une machine infernale, 45 charges de tolite avec détonateurs et cordeaux bickford, 250 charges de dynamite, une dizaine de bombes incendiaires, 20 bouteilles d’essence, de l’acide sulfurique, du chlorate de potasse, 150 révolvers et des munitions ».

France Bloch fut arrêtée plus tard le 16 mai 1942 dans le 14è arrondissement dans d’autres circonstances. Condamné à mort, elle fut décapitée par les allemands le 12 février 1943.

-  Plaque apposée au 1, avenue Debidour - 75019 Paris


Lettre de France Bloch-Sérazin aux époux Touchet

Prison de Hambourg-Wallanlagen (Allemagne) 12 février 1943.

« Mes amis, ce soir je vais mourir ; à 9 heures, on m’exécutera. Je n’ai pas peur de quitter la vie, je ne veux seulement pas attacher ma pensée sur la douleur atroce que cela m’est de vous quitter tous, mes amis.

J’écris en même temps deux lettres, à papa et maman et à Frédo- ceci est pour vous, Monette chérie, pour toi, ma tante Maimaine, pour ma Claude, moitié de moi-même, pour mes bien aimés Marianne et Michel, pour toi, mon gérard, pour vous mes chéris…et vous tous.

J’écris deux autres lettres-arriveront-elles ?-Je pense aussi à Berthe et à tous ceux que j’ai aimés. Madame Dreyfus est la dernière amie que j’ai vue avant de quitter le sol français. Je l’embrasse.

Beaucoup de camarades vous renseigneront sur ce qu’à été notre, ma captivité. Je vous ne la raconte pas. Je n’en ai d’ailleurs pas envie. Ce que je veux, c’est vous dire au revoir. Je meurs sans peur. Encore une fois, la seule chose affreuse, c’est de se quitter. Je serai très forte jusqu’au bout, je vous le promets. Je suis fière de tous ceux qui sont déjà tombés, de tous ceux qui tombent chaque jour pour la libération.

Je vous demande à tous d’entourer maman et papa, de rester près de Frédo, de m’élever mon fils adoré. Il est à vous tous. Si Tante Maimaine continue à voir Eliane, je suis heureuse. Merci à tous, mes amis bien-aimés.

J’ai eu des amis et un amour, vous savez, et je meurs pour ma foi. Je ne faillirai pas. Vous verrez tout ce que je ne verrai pas. Voyez- le et pensez à moi sans douleur. Je suis très calme, heureuse, je n’oublie personne. S’il y en a que je n’ai pas nommés, cela ne veut pas dire que je les oublie. Je pense à vous tous, tous. Je vous aime, mes amours, mes amis, mes chéris, mon Roland.


France ».

Antoinette Touchet et son mari cachaient et élevaient Roland, le fils de France Bloch-Sérazin. Il fut ensuite confié à ses grands-parents, Jean Richard et Marguerite Bloch. France Bloch ignorait que Frédo Sérazin, son mari, résistant lui aussi, avait été arrêté et fusillé.



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