Aller au contenu | Aller au menu

Un provincial à Paris

174 visites sur cet article

Contrôles


La Préfecture de Police vient de mettre en place, le 5 mars, un nouveau système d’ilotage à Paris : des Unités Mobiles de Sécurité, composées de 1076 gradés et gardiens. en attendant de revenir sur le problème de la “sécurité” nous vous livrons
le témoignage qu’un provincial de passage nous a envoyé, ainsi que le résultat d’une “visite” d’un collaborateur du journal au BHV, et le récit d’un petit fait divers à radar…

Un provincial à Paris

Je ne connaissais pas Paris, et, par un beau (?) jour de Novembre j’ai débarqué …
On m’avait parlé de la Tour Eiffel, de l’Arc de Triomphe, du métro, etc, mais pas des contrôles de flics. Les flics, dans ma ville, on ne les voit pas beaucoup ; ils arrivent en cas d’accident, ils mettent bien quelques PV quand on est mal garé, mais dans l’ensemble ils sont discrets. Aussi quelle surprise quand, descendant les marches du métro Pyrénées, j’en ai vu deux s’approcher de moi : "Vos papiers !"… J’ai à peine le temps de sortir mon passeport qu’il y en a déjà un en train de me fouiller. Faut dire que j’ai les cheveux longs, le teint bronzé et que je porte une veste marocaine…

"Qu’est-ce que c’est que ça ?" "Ben, c’est un couteau". Un couteau à cran d’arrêt qui ne marche pas et que j’ai trouvé par terre. Depuis il me sert à couper mon fromage et mon saucisson. Je le leur explique, la conscience tranquille. " Vous ne savez pas que c’est illégal ?" Le flic a maintenant un ton rageur, d’autant plus qu’il a failli se blesser en essayant d’ouvrir le couteau (je vous avais bien dit qu’il ne marchait pas).

"Allez, au poste ! … " J’essaye de leur dire qu’ils peuvent le garder, le couteau, et me laisser partir, mais il paraît que ce n’est pas dans le règlement. Ils m’encadrent et m’amènent au panier à salade déjà plein. Plein d’arabes, de jeunes à cheveux longs, l’air résigné (on dirait qu’ils ont l’habitude … )

Arrivés devant le commissariat, on est tous propulsés à l’extérieur comme des sacs.
Une fois à l’intérieur, l’attente commence. Trois heures, je vais y rester ! Enfin, on m’amène devant un inspecteur sanguin, qui pue la bière à 1 km à la ronde. "Vous avez fini d’arrêter des Français !" lance-t-il en plaisantant à ses gardiens de la paix (?)… Puis, regardant mon passeport : "Vous êtes allé au Maroc, cet été ? C’était pas la peine …. Si vous voulez voir des " bougnoules", y’ en a plein tout près d’ici ! "… Résigné (tiens, moi aussi) je le laisse dire et faire son rapport. Je n’ai plus qu’une envie : repartir… et éviter les stations de métro.


Voleurs en puissance

Suite aux attentats au BHV (une vendeuse tuée, plusieurs blessés) la direction du magasin a décidé des mesures de sécurité spectaculaires (contrôles, fouilles). On peut concevoir la mise en place d’un service de sécurité. Mais cela pose un certain nombre de problèmes, d’ordre juridique, sur une sécurité efficace, sur les limites du contrôle, sur son caractère répressif et diffamatoire, surtout si on étend aux contrôles dans les grands magasins pour la prévention des vols.

Premier cas : pour éviter une récidive d’ attentat : les mesures sont la mise en place d’un personnel de surveillance non-assermenté et seulement encadré de deux agents de police dont le rôle est de légaliser ce contrôle. Non-assermentés, ces surveillants n’ont que le droit de contrôler visuellement, et pas celui de fouiller (bien qu’ils le fassent du bout des doigts) : invitation à déboutonner vestes, manteaux, à ouvrir les sacs, etc.

Or : d’une part en fouillant ils se mettent dans l’illégalité -c’est le travail d’agents de police- ; d’autre part en fouillant légèrement le contrôle est inefficace .. "Non, notre présence est dissuasive", nous ont-ils rétorqué.

Une fouille systématique est impensable : elle coûterait un temps énorme et beaucoup d’argent aux grands magasins. Alors ? Est-ce du bluff ? , une opération commerciale visant à faire croire aux gens qu’ils sont en sécurité ? Ou est-ce l’expression d’une impuissance des pouvoirs publics ?

Deuxièmement : il est de plus en plus courant de voir les caissiers exercer un contrôle afin de prévenir les vols. Bien entendu tout client est un voleur en puissance : son droit est donc de se soumettre aux multiples contrôles et ensuite de ressentir l’immense satisfaction du citoyen honnête. La justification de ce contrôle est appuyé par un arrêté préfectoral, nous dit un responsable.

Or : cet arrêté n’est pas affiché à l’entrée. De plus après lecture il s’avère qu’il n’y a aucune obligation à s’y soumettre, le client est invité à coopérer et il n’existe aucun moyen de coercition…

Or souvent l’ "invitation" se transforme en "obligation" et on a vu, en cas de refus, des gérants appeler la police, et que celle-ci demande au gérant s’il veut porter plainte contre le client pour ce refus.

Allons-nous entrer dans un cycle d’auto-surveillance et de délation ?… Le mécontentement deviendrait-il délit ?


RADAR INVISIBLE …

C’était un vendredi soir au Super Radar de la Place des Fêtes. Une cliente, jeune, s’approche d’une "inspectrice" et lui dit qu’elle croit avoir vu un jeune homme voler des marchandises à un rayon. Le jeune homme en question est "réceptionné" à la caisse et on lui demande d’ouvrir son sac, ce qu’il refuse de faire en disant qu’aucune loi ne l’y oblige. Début d’attroupement , beaucoup de clients s’indignent contre la cliente qui a "dénoncé", et lui demandent si elle possède des actions à Radar pour agir ainsi. Un client la traitera carrément de fasciste et elle s’éclipsera, assez mal à l’aise.

À la caisse le jeune homme dit qu’il n’ouvrira son sac que devant la police
c’est son droit. La police est appelée, deux policiers se précipitent en demandent qui est le coupable, les clients précisent qu’il n’ y a pas pour l’instant de coupable" mais un "soupçonné" sans preuves. Le jeune homme est assez brutalement embarqué dans le fourgon, l’attroupement s’est déplacé devant le Radar, il y a une petite foule qui discute avec animation et s’indigne là encore des "méthodes" employées.

On apprendra un peu plus tard que le "soupçonné" n’avait rien volé et que son sac était vide, mais qu’il s’est fait copieusement insulter et menacer par les policiers (du style "on t’aura la prochaine fois, etc). On apprendra aussi que c’était du "théâtre invisible", dénonciatrice et dénoncé jouant leur rôle, pour faire réagir les gens et susciter un débat .. À Radar, la réaction de la presque totalité des clients était claire : ça rassure un peu !

Quartiers Libres

Photos L. Le Gall


Article mis en ligne en 2012 par Mr Antoine Seck, collaborateur à La Ville des Gens, actualisé en octobre 2013.

Quartiers Libres, le canard de Belleville et du 19ème (1978-2006) numérisé sur le site internet La Ville des Gens depuis 2009.

Consultez les archives et les nouveaux articles jamais parus dans la version papier de Quartiers Libres numérique

Toute utilisation en dehors du cadre privé ou scolaire doit faire l’objet d’une demande auprès de l’association Quartiers Libres et/ou de la Ville des Gens

Quartiers Libres - Contact et renseignements :

Michel Fabreguet et Richard Denis :quartierslibr1@gmail.com

La Ville des Gens - Salvatore Ursini

Rédacteur – Chargé des relations avec les publics

Téléphone 01 77 35 80 88 / Fax 01 40 36 81 57

Nous contacter

Consultez nos archives sur :
Quartiers Libres Numérique sur la Ville des Gens

Partagez cet article :


Réactions
modération a priori

A cause du SPAM ce forum est modéré :

- Votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.
- l'insertion de code, ou la mise en forme de votre texte est désactivée
- les commentaires comportant des liens sont supprimés.

Si vous souhaitez faire connaitre votre activité, contactez nous plutôt que de poster un commentaire, ce sera beaucoup plus valorisant et efficace pour votre activité.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Thematiques Quartiers Libres par Thèmes
Archives des numéros