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La Maison de l’Outil et de la Pensée ouvrière à Troyes


Suivons un instant les Compagnons dans leur périple et cherchons le lien qui unit notre 19e arrondissement laborieux à la ville de Troyes : Les Compagnons, élite de la classe ouvrière, justement ! Bien sûr, ils n’appartiennent pas tous aux mêmes « devoirs » puisque trois sociétés se partagent les talents des meilleurs ouvriers : l’Union Compagnonique des Compagnons du Tour de France dont le siège est à Versailles ; Les Compagnons du Devoir au siège parisien de la place de Grève et, plus près de nous, la Fédération nationale compagnonnique des métiers du bâtiment dont la cayenne est à l’angle de la rue des Ardennes et de l’avenue Jean Jaurès à La Villette. Son restaurant à l’enseigne des Arts et Sciences réunis accueille le public, quand bien même ne serait-il pas initiés aux secrets du métier.

Notre voyage d’aujourd’hui nous conduit dans la bonne ville de Troyes en Champagne, à une heure et demie de nos pénates par la route ou par le rail.

L’hôtel Mauroy édifié en 1556 par le riche marchand troyen Jean Mauroy, est divisé en trois parties abritant respectivement : le musée exposant plus de 10.000 outils de différents métiers artisanaux, la bibliothèque avec 30.000 volumes faisant de celle-ci la deuxième librairie technique de France après la bibliothèque Forney à Paris, et une maison du compagnonnage avec ses chefs-d’œuvre et son centre de formation à 19 métiers de l’association ouvrière des Compagnons du Tour de France.

L’endroit mérite le voyage. Les lieux ont été restaurés à l’identique et inaugurés le 15 juin 1974 lors des 46e Assises du Compagnonnage qui se déroulèrent pour la première fois à Troyes. La maison des Compagnons est aménagée en 1978. La mère Marcilly, dont la photo en pied accueille le visiteur est reçue le 19 septembre 1986. Une centaine de jeunes gens passent chaque année dans différents corps de métiers en perpétuant la tradition du Compagnonnage.

La visite des collections permet de comprendre le passé pour bâtir l’avenir. En ces temps de morosité professionnelle, le choix d’une activité s’avère aléatoire. Les professions manuelles ont trop longtemps été dévalorisées et la parcellisation des tâches a réduit le geste de l’homme en lui permettant d’être remplacé par une machine. Reste l’artisan ! dans « artisan » il y a « art » et l’art conduit à l’artiste, son créateur. Sans la pensée rationnelle il n’y a pas de geste créateur, pas de création artistique. En parcourant les salles exposant les outils, le visiteur approche la pensée ouvrière en réfléchissant sur l’outil. Tout s’éclaire, le travail aussi différent que celui du cordonnier, du boucher, du chaudronnier, du charpentier ou du couvreur ont pourtant en commun l’intelligence ouvrière, la recherche du travail bien fait, de la beauté du produit fini. Pour les travaux forestiers, le cerveau guide la main aidée par les outils adaptés, crics, leviers, haches et coins, pour extraire de la matière brute le cœur du bois ou de la pierre qui donnera le bel ouvrage, l’objet le mieux adapté aux besoins des hommes. Force, Sagesse, Beauté, trois vertus mises en perspective équilibrant la pensée humaine et dirigeant le geste pour transformer la matière : voilà ce que découvre celui qui parcours les salles de La Maison de l’Outil et de la Pensée ouvrière de Troyes (Aube). En effectuant le déplacement dans cette région des environs de Paris, nos jeunes de Belleville et de La Villette en quête de travail et de sens quant à leur avenir trouveront quelques réponses en l’hôtel Mauroy.

Certaines professions réclament des études longues et approfondies : un maître-verrier ne saurait prendre comme apprenti(e) un(e) postulant(e) ignorant l’histoire de l’art et n’ayant pour bagage (au minimum) qu’un certificat de licence. Mais d’autres réclament seulement une véritable volonté au travail et donnent la formation nécessaire pur transformer l’impétrant en compagnon fini, après qu’il eut donné tous les efforts nécessaires pour grimper dans le hiérarchie de l’excellence ouvrière. Une fois son chef-d’œuvre achevé et reconnu par ses pairs, il prendra en main sa destinée professionnelle pour un avenir de richesses créatives et pour la plus grande satisfaction de ses commanditaires.


Jean-François DECRÆNE


Article mis en ligne en juin 2014.

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