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Noms de rues

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Louise Labé

Allée Louise Labé, Paris 19e une plaque de rue…
un visage

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Portrait de Louise Labé : (Lyon (?) vers 1526 - Lyon, vers 1565) - Portrait gravé par Pierre Wœiriol 1555.

Poètes, érudits, voyageurs ont célébré à l’envi Louise Labé, Lyonnaise, ainsi qu’il est mentionné sur la page de titre de son livre de vers et de prose publié à Lyon en 1555. De son vivant, on lui donne le titre de la Belle Cordière, puisque fille de cordier et, plus tard, épouse de Ennemond Perrin, cordier de son état.

Au milieu du XVIe siècle, la ville de Lyon est un creuset intellectuel d’une exceptionnelle richesse : les imprimeries lyonnaises sont célèbres et rivalisent avec les parisiennes, médecins de grande réputation, marchands - la cité est une plaque tournante, capitale du commerce européen - une importante colonie italienne assurent à Lyon un prestige que voyageurs et diplomates décrivent avec force hyperbole outre monts.

Sans aucun doute, l’esprit du temps et des lieux a conduit Pierre de Charlieu dit Labé, cordier, à donner à sa fille Louise une éducation raffinée où l’étude des langues - latin, espagnol, italien (il est lui-même d’ascendance italienne) -la pratique de la musique, l’art detoucher le luth, les belles lettres vont faire de la jeune fille, comme de sa contemporaine Penette Du Guillet, un des ornements intellectuels de la ville.

Les étrangers de passage lui font visite, viennent l’entendre, se pressent en son logis de la rue Confort (derrière l’actuel Hôtel-Dieu), rejoints par la cohorte des admirateurs qui font cercle autour d’une jeune femme originale, érudite, libre en ses propos (d’aucuns la jugeaient scandaleuse, dans le milieu frileux de la petite bourgeoisie) merveilleusement belle si l’on en croit les sonnets écrits à sa gloire et publiés à la suite de ses œuvres, habile aux exercices du corps, à
l’équitation, aux joutes des tournois comme aux joutes poétiques.

Lors du passage de Henri II partant guerroyer contre les espagnols, l’on donna sur le terre-plein de Bellecour un simulacre du siège de Perpignan où devait s’illustrer le frère de Louise, François maistre joueur d’épée ; il se peut que sa sœur, écuyère émérite, habile au maniement de l’arc, y ait participé. D’où la légende selon laquelle elle aurait joué un rôle lors du siège véritable de Perpignan. C’est dire si le personnage insolite de Louise Labé prête à toutes les interprétations possibles.

Gravitant autour d’un tel astre, érudits et poètes et non des moindres entretiennent ce climat de ferveur : Maurice Scève, Pontus de Tyard, Olivier de Magny le tant aimé, Mellin de Saint Gelais, Baïf, Marot sans doute, et Clémence de Bourges, la perle des demoiselles Lyonnaises, dédicataire de son livre.

Ils l’entourent de leurs soins empressés et, quelquefois de beaucoup plus près si l’on donne foi à certains commentateurs du temps qui n’hésitent pas à user, à son endroit, du terme de courtisane. Encore convient-il de préciser qu’au temps de la Renaissance, la courtisane ne ressemblait en rien à ses homologues modernes. Que la dame fut vertueuse ou légère, la controverse a longtemps alimenté le débat et altéré l’image de la Belle Cordière.

D’elle nous reste un recueil publié par Jean de Tournes en 1555, il suffit à sa gloire : peu de poètes et de poétesses auront écrit des poèmes d’amour avec de tels accents, une aussi extraordinaire liberté de ton, une telle élégance de langue.

Le livre est enrichi des escriz de divers poètes à sa gloire, comporte vingt quatre sonnets, trois élégies et un poème en prose : débat de folie et d’amour.

Dans une prose ornée selon le goût du temps, où les métaphores le disputent aux traits d’esprit, Louise Labé narre la mésaventure survenue à l’Amour, à qui la Folie, dans le dessein de le gouverner à sa guise, a crevé les yeux. Alerté par les plaintes du blessé, Jupiter, après avoir entendu Vénus, Mercure et Apollon, ouvre un débat où comparaissent les deux antagonistes. Mercure présente une éloquente défense de la folie qui jette les dieux dans un extrême embarras. Dans sa sagesse, Jupiter remet l’affaire à "d’ici à trois fois sept fois neuf siècles" …. "Et guidera Folie l’aveugle Amour."


Michel BRUNET

Portrait de Louise Labé : (Lyon (?) vers 1526 - Lyon, vers 1565) - Portrait gravé par Pierre Wœiriol 1555.

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Sonnet XIIII
Tant que mes yeus pourront larmes espandre
A l’heur passé avec toy regretter
Et qu’aus sanglots et soupirs résister
Pourra ma voix et un peu faire entendre
Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignart lut, pour tes graces chanter
Tant que l’esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toy comprendre
le ne souhaitte encore point mourir
Mais quand mes yeus ie sentira y tarir
Ma voix cassée, et ma main impuissante
Et mon esprit en ce mortel séiour
Ne pouuant plus montrer signe d’amante
Priray la Mort noircir mon plus cler iour.
Louise Labé

JPEG - 43.4 koSonnet XIIII Orthographe originale : yeus pour yeux / toy : toi / aus : aux / mignart : mignard / lut : luth / ie : je / souhaitte : souhaite / sentiray : sentirai / séiour : séjour / pouuant : pouvant / priray : prierai / cler : clair / iour : jour



Article mis en ligne par Mr Antoine Seck, collaborateur à La Ville des Gens. Actualisé en décembre 2013.

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