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Wanda Savy : la fascination d’un regard


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Wanda Savy- huile sur toile marouflée 140 x 50 cm.


L’itinéraire de Wanda n’est certainement pas une question d’errance intérieure. Wanda est une jeune femme qui sait ce qu’elle veut. Même si sa quête artistique ne rime pas avec linéaire, elle traverse chaque étape avec sérénité et confiance.

Elle débute comme danseuse à l’Opéra après l’obtention d’un premier prix au Conservatoire national supérieur de Paris en 1975, avant de rejoindre le Ballet national de Marseille, dirigé alors par Roland Petit, où elle restera cinq années. Elle dansera ensuite des rôles de soliste cinq autres années au Ballet du Rhin.

Puis, virage à quatre-vingt-dix degrés géographiquement et artistiquement quand Wanda s’installe en Suisse où elle découvre les joies de la peinture, entre plusieurs séjours aux États-Unis et au Japon. Sans magie noire ni lubie, elle glisse naturellement vers le travail de la couleur, don qui sommeillait en elle depuis l’enfance, car elle est née dans une famille de peintres. Le facteur déclencheur est l’amour d’une rencontre qui l’amène à l’amour de l’art plastique. Autre registre, autre maturité, autre époque pour Wanda, la curieuse, qui n’hésite pas à saisir une opportunité pour dépasser ses limites.

Forte de cette philosophie, elle repart vers de nouveaux horizons en 1990, c’est-à-dire à Paris. Elle y occupe des ateliers de fortune comme le Couvent des Récollets où elle exposera dès 1991, ainsi qu’à Mulhouse et au Salon d’Automne au Grand Palais. Ses toiles présentent des thèmes abstraits avec des couleurs vives et une recherche graphique originale. L’enchaînement des expositions prend un rythme de croisière qui ne tarit pas. Au contraire, elle s’adonne en plus à la sculpture à partir d’objets de récupération à qui elle donne vie grâce à une expression intense. C’est ainsi que démarre son goût pour les regards qui restent aujourd’hui son thème de prédilection dans toutes ses formes d’expression, car Wanda va jusqu’au bout d’une démarche. Elle est désormais une véritable artiste plasticienne confirmée et autonome.

Son destin la conduit à Belleville lors d’une journée porte ouverte pour y voir un ami qui travaille à La Forge de la rue Ramponeau. Elle décide de s’y installer provisoirement, le temps de trouver un atelier bien à elle. Comme à son accoutumée, elle s’implique tant et si bien qu’elle accepte d’être présidente de l’Association La Forge de 1993 à 1995, période de grande difficulté pour l’ancienne usine menacée de démolition par la Mairie de Paris. Squattée par un groupe d’artistes désireux de continuer à vivre dans un quartier populaire, La Forge sort victorieuse d’une suite de luttes. Elle parvient à conserver sa vocation grâce à l’appui d’associations comme La Bellevilleuse, les Ateliers d’Artistes de Belleville et reçoit finalement le soutien de la Mairie de Paris. Et Wanda de reprendre, en janvier 1999, la présidence de La Forge qui mérite une sérieuse réhabilitation afin d’acquérir les normes de sécurité obligatoires pour le relogement officiel des lieux initialement prévu en décembre. Cette aventure caractérise la détermination de Wanda qui n’agit pas seulement pour la communauté d’artistes de La Forge, mais pour l’impact d’un tel espace sur l’avenir artistique du quartier de Belleville. Aussi, sa personnalité et son action toujours constructive lui donnent une place tout indiquée dansl’exposition Itinérances en mai 2000, organisée par les Ateliers d’Artistes de Belleville.

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Wanda Savy - 4 x 1.50 m - Festival "Percorsi 97"- Italie.

La Forge a évolué au rythme des interventions des différents corps de métier qui l’ont scrupuleusement restaurée. La superficie de 450 m² permet de mettre à la disposition des artistes qui étaient initialement là, une vingtaine d’ateliers privatifs d’environ 30 m² pour une location de six mois renouvelables et un loyer mensuel de 1000 francs . Huit autres ateliers sont réservés pour de nouveaux artistes et un projet d’activités avec des ambassades pour accueillir des artistes étrangers. Sans oublier un local pour jeunes avec une démarche à caractère social qui se développera au cours de l’année.

L’inauguration de la Forge aura lieu en juillet en présence de la Mairie de Paris et des associations de Belleville qui se sont impliquées de près ou de loin dans la réhabilitation d’un lieu qui, rappelons-le, était destiné à disparaître et qui, non seulement vit, mais pourrait devenir un attractif lieu culturel. En tous les cas, La Forge constitue un bel exemple de ténacité grâce à une poignée d’hommes et de femmes qui ont toujours cru à leur rêve, sous la houlette et la perspicacité de Wanda.

Pour elle, l’aventure ne s’arrête pas là, car en parallèle, elle mène de nombreux projets associés à la musique de jazz, et notamment au saxophoniste Steve Lacy, qui lui permettent d’exposer des tableaux de regards sur la scène de concerts lors de festivals, comme à Vancouver, Washington ou encore Chicago et Anvers. Ce dernier lui commande les peintures et les photos du compact-disc The cry, sorti en 1999. Cette même année, elle présente une œuvre dans le cadre de l’exposition Paris des quartiers à l’Hôtel de ville de Paris.

En 2000, elle crée un décor de "Treize regards" pour le groupe Art Song Trio, toujours à partir d’une musique de Steve Lacy et sur les poèmes de Marina Tsvetaeva, dont les concerts se tiennent à Versailles et au Centre culturel suisse à Paris. Comme chaque année, elle participe aux Portes ouvertes des Ateliers de Belleville.

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Wanda savy - Sculpture.

Depuis le début 2001, Wanda enrichit son parcours en exposant à l’événement Regards fertiles dans une galerie de Berlin, puis à "Regards Gestuelles" à Château Palmer à Cenon près de Bordeaux et ensuite au musée d’Histoire naturelle de Nîmes dans une exposition qui s’intitule Muses et citations. Son succès s’explique par la force et l’originalité dans sa façon de peindre des yeux, un genre superbement défini par Max Chemla qui lui a écrit : " … dans ces rectangles neutres au premier abord - cils et sourcils, ombres sans relief, matité de la peau dorée, hiératisme de la lourde pause - se joue la vie : est-elle intérieure ou extérieure ? Est-elle au bord du regard ou le nourrit-elle ? Le monde est-il masculin ou féminin, ou les deux variétés ne forment-elles qu’un genre ?… "


Chaque exposition et chaque tournée liée à un concert de Steve Lacy à l’étranger pérennise son goût des voyages et son ouverture sur les arts qu’elle conjugue au pluriel. Wanda, une artiste à ne pas perdre du regard. Car, dans ses regards, on ne se perd pas, tout au plus on s’interroge sur qui l’on est et mieux, on s’y reconnaît.


Sylviane Martin

Photos Wanda Savy

La Forge
23, rue Ramponeau 75020


Article mis en ligne en 2010 par Mr Antoine Seck, collaborateur à La Ville des Gens, actualisé en février 2014.

Quartiers Libres, le canard de Belleville et du 19ème (1978-2006) numérisé sur le site internet La Ville des Gens depuis 2009.

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Réactions
par CLEMENT - le : 27 mai 2013

Wanda savy

Quel dommage de ne vous avoir pas revue à la forge !
Il est vrai que je n’ étais pas retourné aux ateliers de Belleville depuis quelques années.
Quel choc de voir que la Forge est devenue une coque vide….. alors que je me souviens qu’ elle était vivante et heureuse ! Les promoteurs ont oeuvré…. Hélas !
Je vous ai retrouvée sur les panneaux de certaines rues mais vous ai désespérément cherchée…..
Où étes vous ? où exposez vous ?
Je suis allée sur votre site mais pas de traces tangibles hormis la Forge !
Le petit livre de regard acheté s’est abimé un certain jour à cause de la pluie. Je voulais tant vour revoir. Voir vos regards si doux…..
Je vous laisse mes coordonnées mail : clementini@dbmail.com
Merci de me répondre. Je vous espère en belle forme.
Amitiés.
Pascale

Répondre à CLEMENT

par roland cottet - le : 28 octobre 2014

Wanda Savy : la fascination d’un regard

Wanda,c’est une belle surprise de retrouver ta trace.Qui est en fait un bien joli sillon.J aimerais voir ton travail et toi à coté.Quant à moi,je suis devenu réalisateur et mon travail en cours est le portrait de quelqu’un que tu as connu au corps de ballet de Roland Petit :Jean Charles Gil,à l’époque Juan Carlos Gil.Un signe de vie serait le bienvenu.Je t’embrasse.Roland

Répondre à roland cottet

le : 28 octobre 2014 par Salvatore en réponse à roland cottet

Wanda Savy : la fascination d’un regard

Bonjour et merci pour votre message.

L’article auquel vous faites référence est tiré d’un magazine : Quartiers Libres (N°84-85 Mai 2001). Aujourd’hui arrêté en version papier, notre site en numérise les archives depuis 2010.

L’article est signé : Sylviane Martin - Photos Wanda Savy

Contactez éventuellement : La Forge - 23, rue Ramponeau 75020

Bien cordialement.
S.Ursini
La Ville des Gens

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