Portraits de résistantes

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France BLOCH

19ème arrondissement de Paris

France Bloch est née à Paris le 21 février 1913. Elle était la fille de l’écrivain Jean-Richard Bloch. Ingénieur chimiste, elle met ses connaissances au service de la Résistance et en 1940, en liaison avec le colonel Dumont, elle installe un petit laboratoire avenue Debidour près de la place du Danube dans le 19ème arrondissement.

France Bloch y fabrique des explosifs pour l’action armée des « Bataillons de la Jeunesse ». Pierre Georges, le futur colonel Fabien, viendra souvent s’y « ravitailler ». Elle remet aussi en état des armements utilisés par les francs-tireurs dont beaucoup sont des jeunes communistes du 19è.

La police aux aguets parvient à localiser un certain nombre de résistants qui ont l’habitude de se rencontrer dans le petit bar-restaurant tenu par les époux Rappenau au 121 Bd. Serurier. Elle découvre aussi dans cette affaire le laboratoire clandestin tout proche. Le 25 novembre 1941, un vaste coup de filet s’abat sur eux. France Bloch échappe à ces arrestations, Constance Rappenau figure parmi les résistants arrêtés, elle mourra à Auschwitz.

Au cours de la perquisition au laboratoire, la police aurait découvert d’après le rapport des archives allemandes : « une machine infernale, 45 charges de tolite avec détonateurs et cordeaux bickford, 250 charges de dynamite, une dizaine de bombes incendiaires, 20 bouteilles d’essence, de l’acide sulfurique, du chlorate de potasse, 150 révolvers et des munitions ».

France Bloch fut arrêtée plus tard le 16 mai 1942 dans le 14è arrondissement dans d’autres circonstances. Condamné à mort, elle fut décapitée par les allemands le 12 février 1943.

-  Plaque apposée au 1, avenue Debidour - 75019 Paris


Lettre de France Bloch-Sérazin aux époux Touchet

Prison de Hambourg-Wallanlagen (Allemagne) 12 février 1943.

« Mes amis, ce soir je vais mourir ; à 9 heures, on m’exécutera. Je n’ai pas peur de quitter la vie, je ne veux seulement pas attacher ma pensée sur la douleur atroce que cela m’est de vous quitter tous, mes amis.

J’écris en même temps deux lettres, à papa et maman et à Frédo- ceci est pour vous, Monette chérie, pour toi, ma tante Maimaine, pour ma Claude, moitié de moi-même, pour mes bien aimés Marianne et Michel, pour toi, mon gérard, pour vous mes chéris…et vous tous.

J’écris deux autres lettres-arriveront-elles ?-Je pense aussi à Berthe et à tous ceux que j’ai aimés. Madame Dreyfus est la dernière amie que j’ai vue avant de quitter le sol français. Je l’embrasse.

Beaucoup de camarades vous renseigneront sur ce qu’à été notre, ma captivité. Je vous ne la raconte pas. Je n’en ai d’ailleurs pas envie. Ce que je veux, c’est vous dire au revoir. Je meurs sans peur. Encore une fois, la seule chose affreuse, c’est de se quitter. Je serai très forte jusqu’au bout, je vous le promets. Je suis fière de tous ceux qui sont déjà tombés, de tous ceux qui tombent chaque jour pour la libération.

Je vous demande à tous d’entourer maman et papa, de rester près de Frédo, de m’élever mon fils adoré. Il est à vous tous. Si Tante Maimaine continue à voir Eliane, je suis heureuse. Merci à tous, mes amis bien-aimés.

J’ai eu des amis et un amour, vous savez, et je meurs pour ma foi. Je ne faillirai pas. Vous verrez tout ce que je ne verrai pas. Voyez- le et pensez à moi sans douleur. Je suis très calme, heureuse, je n’oublie personne. S’il y en a que je n’ai pas nommés, cela ne veut pas dire que je les oublie. Je pense à vous tous, tous. Je vous aime, mes amours, mes amis, mes chéris, mon Roland.


France ».

Antoinette Touchet et son mari cachaient et élevaient Roland, le fils de France Bloch-Sérazin. Il fut ensuite confié à ses grands-parents, Jean Richard et Marguerite Bloch. France Bloch ignorait que Frédo Sérazin, son mari, résistant lui aussi, avait été arrêté et fusillé.



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Localisation : France BLOCH

1 Avenue Debidour

- Paris - 75019.

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Réactions
par Roland Sérazin, fils de France Bloch-Sérazin - le : 31 décembre 2014

France BLOCH

Bonjour,
Je suis le fils de France Bloch-Sérazin.
J’ai eu accès par hasard à votre Site Internet et aux informations concernant ma mère.
Je connais bien René Le Prévost, grâce à qui a été posée en 2008 la Plaque bd Debidour à la mémoire de ma mère, et sa femme Josette.

Si vous souhaitez des informations plus détaillées sur ma mère, et mon père Frédo Sérazin, lui aussi Résistant, torturé et exécuté à Saint Etienne le 15 juin 1944, n’hésitez pas à me contacter.

Quelques précisions :
- en plus de la Plaque mentionnée plus haut, il existe à Paris 2 plaques à la mémoire de mon père et de ma mère, au 1 rue Monticelli (75014) où ils habitaient au début de la guerre.

- en ce qui concerne votre commentaire sur ma mère : "France Bloch ignorait que Frédo Sérazin, son mari, résistant lui aussi, avait été arrêté et fusillé", ceci est "partiellement" exact : en fait, mon père, emprisonné au Camp de Voves, s’en est évadé en Septembre 1943 ; il avait auparavant eu connaissance de l’arrestation de ma mère, mais n’a jamais su qu’elle avait été exécutée en février 1943, bien avant sa propre évasion. Ma mère savait qu’il était emprisonné à Voves (elle avait même préparé son évasion qui aurait dû avoir lieu quelques jours après sa propre arrestation, en mai 1942) ; elle n’a ^mus jamais pu avoir de contacts avec l’extérieur jusqu’à sa mort, qui est intervenue bien avant celle de son mari.
Cordialement
Roland Sérazin
tel : 04 91 40 46 01 / 06 70 92 45 28

Répondre à Roland Sérazin, fils de France Bloch-Sérazin

le : 31 décembre 2014 par Salvatore en réponse à Roland Sérazin, fils de France Bloch-Sérazin

France BLOCH

Bonjour Mr Sérazin,

Merci pour votre message que j’ai transmis à René Le Prévost et Robert Endewelt de l’ANACR.

Je pense qu’il vous écrirons rapidement car nous allons certainement modifier l’article à la lumière de vos informations.

En ce qui nous concerne nous serions bien sûr ravis d’avoir des informations sur France Bloch et sa famille même si cela doit faire l’objet d’autres articles.

Cordialement.
S.Ursini
La Ville des Gens

par Salvatore - le : 1er janvier 2015

France BLOCH

Bonjour Mr Sérazin,

Merci pour votre message que j’ai transmis à René Le Prévost et Robert Endewelt de l’ANACR.

Je pense qu’ils vous écriront rapidement car nous allons certainement modifier l’article à la lumière de vos informations.

En ce qui nous concerne nous serions bien sûr ravis d’avoir des informations sur France Bloch et sa famille même si cela doit faire l’objet d’autres articles.

Cordialement.
S.Ursini
La Ville des Gens

Répondre à Salvatore

par Paulhan Jean-Kely - le : 1er mai 2020

France BLOCH

Signalons la publication de
Alain Quella-Villéger, " France Bloch-Sérazin Une femme en résistance (1913-1943) ", des femmes Antoinette Fouque, 2019.
Une édition de poche devrait suivre à l’automne 2020.

Répondre à Paulhan Jean-Kely

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