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Marie-Pierre Feyt, la peinture ressuscitée


Marie-Pierre Feyt.
La peinture actuelle de Marie-Pierre Feyt est aussi intense et violente que sa décision de ne plus en faire et il serait bien léger de croire que tout ce qui a précédé la crise ne lui a servi à rien. Tout ce qu’elle a accumulé durant ces vingt dernières années, les inquiétudes, les désirs insatisfaits, les idées non exprimées prend forme aujourd’hui. Marie-Pierre Feyt habite le 20e arrondissement de Paris où elle est née en 1962. Élève de l’école des Beaux-Arts à l’atelier de Leonardo Cremonini, sa peinture réflexive n’a jamais fui le réel, quitte à s’y casser les yeux. Son regard sur les œuvres du passé - Rembrandt est son modèle - n’est jamais tombé dans le pastiche. Elle fait la même peinture qu’autrefois, mais autrement. Elle sait regarder, entendre, capter l’époque en procédant parfois par soustraction et élimination. Ces autoportraits sont des motifs inépuisables d’inspirations. Quand elle travaille un visage, un corps, son corps, elle est au plus près du réel possible même si la peinture ne peut pas rendre compte du réel dans sa totalité. Marie-Pierre Feyt irradie tellement ses émotions auprès de tant de regards qu’elle a marqué une étape, qu’elle touche à l’universel. Alors on essaie de comprendre, de mettre des mots. Une sorte d’arrangement avec l’intellect, tout en compromis, avec c’est vrai une envie de le dire aux autres, d’organiser un peu de contagion. Enfin sans trop savoir. Une envie, voilà, pas un besoin. Nous tenir aux aguets. Traquer son émotion.

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"La cour", huile sur toile,60 figures, 1991.


Il y a autre chose : en détournant le réel à la lumière, elle nous invite, en quelque sorte, à le faire nous-mêmes. Et si ce n’est à le faire avec de la couleur et des pinceaux, du moins à se représenter les choses à notre manière. A refuser le contour des apparences, à en bousculer le dessin avec l’unicité de notre regard à nous. A nous tous. Alors nous pouvons voir comment les portes de la peinture s’ouvrent. Merci Marie-Pierre.

Marie-Pierre Feyt va-t-elle cesser de peindre comme Pierre Buraglio cessa entre 1969 et 1974 pour se consacrer au militantisme politique et travailler comme ouvrier dans une imprimerie ? Suivra-t-elle l’annonce de Guy Debord qui publia en 1967 dans le dernier chapitre de "La société du spectacle", la fin de l’art et son dépassement dans les pratiques qui affectent la vie et non plus la production d’objets d’arts ? Toute activité artistique relevant d’un fétichisme bourgeois inacceptable…

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Autoportrait, aquarelle, 1991.


Certes, il nous faut payer pour avoir ses émotions. Il faut payer pour les émotions même les plus belles. Dès que nous avons à payer pour une émotion, nous en connaissons la qualité et cette connaissance nous rend meilleur. Mais cette rupture dans cette carrière exponentielle n’est-elle pas trop cher payée ? Ou peut-être n’avons-nous pas payé quand il était encore temps ? Nous, sentimentalistes cyniques, qui refusons nos factures d’émotions…


Marc CÉDAT



Article mis en ligne en novembre 2014.

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Réactions
par michele bauer - le : 19 août 2015

Marie-Pierre Feyt, la peinture ressuscitée

viens me voir à nancy

Répondre à michele bauer

le : 19 août 2015 par Salvatore en réponse à michele bauer

Marie-Pierre Feyt, la peinture ressuscitée

Bonjour,

Nous avons validé votre message à l’intention de Mme Feyt, cependant cet article date de 1997, en espérant qu’elle puisse tomber dessus.

Bien à vous.
S.Ursini
La Ville des Gens

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