La ville des gens : 22/octobre

Une rue « fragile » se transforme

Il y a 10 ans, les habitants du square Petit se sont pris en main pour lutter contre la dégradation de leur environnement. La place rénovée accueille désormais un centre chaleureux et dynamique.

Quand on regarde le square Petit aujourd’hui, ce qu’on voit c’est un espace ouvert, bien aménagé, et on a du mal à croire qu’il n’y a quelques années ce lieu était un concentré de souffrance, de misère, de laideur.

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Ces changements ne sont pas tombés du ciel. Ils sont nés de l’engagement des habitants du quartier qui ont lutté ensemble et, petit à petit, transformé leur avenir et celui de leurs enfants.

Dans les squats qui formaient l’îlot insalubre de la rue Petit, l’un des plus grands de Paris, vivaient près de 250 personnes. A partir de 1997, un ensemble d’associations et d’habitants du quartier ont commencé à se fédérer afin d’améliorer la situation du quartier.

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Parmi celles-ci il y avait l’amicale des locataires, la fondation Abbé Pierre, SOS racisme, ATD quart monde, le foyer de travailleurs africains, la bibliothèque pour la jeunesse, le centre deProtection maternelle et infantile, et d’autres encore.

Le collectif s’est aussi constitué en association pour mettre en œuvre les projets conçus à l’issue de cette concertation créative. Voilà l’historique de la naissance de l’association J2P ou Jaurès Pantin Petit, car la rue Petit serpente du métro Jaurès au métro Porte de Pantin !

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Le jeune président, Guillaume Coti, et Kéita Rodrigues, coordinatrice des projets transversaux du centre social et culturel J2P partagent avec nous leurs souvenirs et leurs projets pour le futur.

Une histoire mouvementée, militante et participative

« A partir de la création de l’association, en 1997, la mobilisation des habitants et des professionnels du quartier, visait à alerter la Mairie. Ça a été une longue bataille.

Après la destruction des vieux immeubles en 2002, il y a eu une période de transition très difficile ; et ce n’est qu’en 2005 que les premiers habitants se sont installés dans les nouveaux bâtiments qui remplacent désormais les anciens squats.

Au début, nous nous sommes surtout concentrés sur le relogement des familles et les sans-papiers qui habitaient dans les squats. A l’issue de la lutte une soixantaine de familles ont été relogées et une vingtaine de sans-papiers régularisés. »

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Répondre concrètement aux problèmes quotidiens des gens

« Autrefois, les enfants étaient livrés à eux-mêmes à toute heure. Ils jouaient dans la rue, et il y a même eu un gamin s’est fait renverser par une voiture. Notre association a commencé à organiser des activités à leur intention : soutien scolaire et ateliers artistiques. De même que des activités pour les parents comme l’aide aux démarches administratives ou encore des cours d’alphabétisation.

Toutes les activités étaient pensées pour constituer une réponse concrète aux besoins des habitants, grands et petits. »

« On peut dire que l’association a grandi sans rencontrer de grosses crises. Ce fut une vraie courbe ascendante, qui a connu un moment important à la fin du 2005 avec l’obtention de l’agrément comme centre social, qui a institutionnalisé notre structure.

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Cette nouveauté a d’une part un côté très positif parce qu’elle a permis une pérennisation de nos actions, mais d’autre part a aussi engendré une concentration importante de nos énergies sur le volet social, qui est d’ailleurs très bien financé. Tandis que le volet artistique l’est moins…

L’éducation et les pratiques artistiques figurent parmi les buts de notre action. Même s’il faut avoir beaucoup des ressources pour les réaliser, et qu’il n’est pas toujours simple de les trouver, car payer des artistes reste cher !!

C’est pour ça que toutes les contributions bénévoles des artistes sont les bienvenues ! »

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Inventer ensemble notre cadre de vie

« Notre désir a été dès le début celui de faire participer activement la population du quartier à la conception des projets qui les concernaient.

C’est pour cela qu’on a lancé une opération qui s’appelait « Prenez place ! », qui se voulait une réflexion commune des résidents du quartier sur l’aménagement du square. On leur demandait comment ils voulaient ou imaginaient le réaménagement du square Petit.

Ce projet et d’autres, qui avaient tous comme objectif l’amélioration de l’environnement urbain de ce quartier, et notamment la transformation de la rue Petit en un lieu de vraie mixité sociale et culturelle, est née d’une longue et fructueuse collaboration avec l’association d’artistes PULSART.

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Participer et s’impliquer à la première personne

Dans le cadre de ce partenariat des boîtes à idées avaient été installées chez une trentaine de commerçants. Grâce à cette initiative les enfants, les adultes, les jeunes et les plus âgés ont pu écrire ou dessiner leurs projets. Pour être enfin acteurs et cocréateurs de leur quartier. »

« Nous avons lancé une autre initiative similaire au cours de nos ateliers d’art urbain qui s’appelait « Une place à prendre » pour inventer tous ensemble notre place Petit.

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La participation est depuis toujours un des mots-clés de nos actions. Mais il est vrai qu’il y a le risque d’oublier avec le temps cet aspect ou de le sacrifier à des exigences plus pressantes.

Ne pas céder au « On ne sait pas faire »

C’est pour ça qu’il faut toujours réfléchir à de nouvelles modalités afin d’intéresser les gens et de les faire participer activement en s’impliquant de plus en plus dans leur centre social. Et pourquoi pas en s’amusant aussi !

Pour chercher à développer encore plus cet aspect, il y a l’idée de créer un conseil d’animation. Un lieu où les habitants et les professionnels puissent discuter librement des problèmes du quartier mais aussi élaborer des projets, pour trouver une nouvelle motivation et pourquoi pas pour rêver collectivement.

L’important c’est de combattre la passivité et aussi la tendance à se dévaloriser et à dire « on sait pas faire ».

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L’avenir vient de loin

Deux projets sont pour nous emblématiques de notre travail avec les habitants : notre journal, J2P Mag, et le jardin partagé et pédagogique qui vient d’ouvrir au niveau du 17, rue Petit.

Le journal du Quartier Petit J2P Mag « Mon quartier est un monde » est réalisé par des habitants qui prennent la parole et qui témoignent de ce qui leur tient à cœur dans le quartier.

J2P Mag cherche à développer un travail sur la mémoire des habitants grâce à la rubrique « L’avenir vient de loin », récit de vie qui veut valoriser leurs savoir-faire et transmettre leur mémoire aux plus jeunes. »

« L’idée est née d’une rencontre : des jeunes qui étaient dans l’association ont connu au cours de leurs activités un vieux monsieur immigré en France depuis plus de quarante ans, qui venait d’être expulsé. Cette situation les a frappés et ils nous ont demandé « Comment ça se fait qu’ils l’ont expulsé ? Que va-t-il devenir ? » Grâce à ces questions l’idée de la rubrique est née, et le travail sur la mémoire du quartier a commencé.

Le journal est tiré en 2 000 copies qui sont distribuées dans les boîtes aux lettres du quartier, mais aussi dans les locaux des différents partenaires, chez les commerçants et dans les bibliothèques. »

Venez cultiver votre jardin

« Notre jardin partagé vient d’ouvrir ! Il est grand : 210 m2 de bonheur ! Il y a 3 ans, plus de 300 habitants avaient demandé qu’une partie de terrain du square Petit soit réservée à leur désir d’y jardiner ensemble.

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Pendant une année un comité de pilotage composé d’habitants, d’un salarié du centre social et d’un jardinier s’est réuni chaque mois pour projeter ensemble le jardin. Il s’agit d’un jardin collectif et convivial dont les activités seront toujours décidées par le comité.

Concernant le futur, notre désir est de pouvoir développer encore plus nos activités en restant fidèles au pari initial de notre association : celui de l’éducation populaire, selon lequel rien de ce qui se fait pour les gens ne peut, d’une façon ou d’une autre, se faire sans eux.

Alors n’hésitez pas, poussez la porte et venez nous voir, ensemble faisons vivre notre quartier ! »

Propos recueillis par Veronica Collalti, octobre 2007

J.2.P.
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