La ville des gens : 21/août
Théâtre-musique-spectacles

Péniche Antipode - Buvette équitable

La péniche Antipode qui propose des spectacles de théâtre et des concerts a ouvert en 2004 la première buvette 100 % équitable de Paris.

Anna, serveuse milivole

Il fait beau cet après-midi du 22 avril, et la péniche Antipode inaugure sa terrasse. Des promeneurs s’arrêtent, commandent un "philtre d’amour". Quand on descend à l’intérieur on trouve le bar. Tout en servant à boire derrière son comptoir de bois, Anna a la gentillesse de répondre à mes questions.

Nous avons ouvert la buvette il y a 2 ans, c’était la première buvette 100 % équitable de Paris. D’autres ont ouvert depuis, mais on n’est pas peu fiers d’avoir été les premiers !

Le "philtre d’amour" a beaucoup de succès : c’est un cocktail pomme, cassis, citron, auquel on ajoute quelques épices parfumées.

Au départ, on n’avait que des jus de fruits et du café, mais comme on aime bien la bière et qu’il y avait une demande dans ce sens, on est partis à la recherche de bières artisanales et pas trafiquées, dans le même esprit solidaire et alternatif.

On est allés dans plusieurs salons rencontrer des petits producteurs, et maintenant on propose des bières équitables, blonde, ambrée et rousse…

La meilleure à mon avis, c’est la Damme de Jon Kheere, qui est obtenue par triple fermentation. On a aussi la Bell de Loing qui est faite par un C.A.T. (Centre d’Aide par le Travail, qui permet l’insertion professionnelle des personnes handicapées).

On en a aussi une qui s’appelle la Bière des Faucheurs d’OGM : comme son nom l’indique, les bénéfices sont reversés au soutien des faucheurs d’OGM poursuivis en justice, ça aide à payer les frais d’avocat…

Bref ici, on est dans une logique politique jusque dans les bières qu’on vend, mais ce sont aussi des produits de qualité, et on maintient notre volonté de prix bas : comme on est bénévoles, ça reste moins cher que les bars à bières habituels.

Le quartier et moi

Le public varie selon les saisons. L’hiver, on a surtout les gens qui viennent aux concerts, et ceux qui vont au théâtre sur la péniche, ce sont deux publics assez différents. Avec les beaux jours, on ouvre la terrasse, et c’est plus des gens qui passent par hasard, des promeneurs qui s’arrêtent…

Le week-end c’est sympa, par le hublot on voit passer les kayaks. De temps en temps, il y a un maladroit qui se cogne contre la coque de la péniche !

Moi je travaille comme bénévole, ici et au café Zoïde. Je suis aussi en lien avec Autour du Canal, qui fédère les associations du quartier. On organise la Quinzaine équitable, par exemple le 7 mai il y a un grand pique-nique place de Bitche avec les associations.

Avec Anne-Marie qui tient le Café Zoïde, on essaie de faire de ce quartier le lieu alternatif parisien par excellence, mais on a du mal ! Les appels d’offres tombent entre les mains des promoteurs, des lieux formidables sont classés monuments historiques et deviennent intouchables, inaccessibles pour nous.

Pour moi, le 19e est le dernier quartier vraiment populaire de Paris, très métissé, avec beaucoup d’enfants… On a la chance d’avoir des lieux sympa, des bars originaux… Mais ce qu’on appelle la boboïsation est inexorable.

Combat milivole

On a 2 gros fournisseurs : Solidarmonde, qui est la Centrale d’achat d’Artisans du Monde, et Andines qui s’appelle ainsi parce que son point de départ était l’Amérique latine, les Andes, mais qui s’est développée ensuite en Afrique, et ailleurs dans le monde.

Je milite moi-même dans Artisans du Monde. C’est une association qui a 3 objectifs principaux : d’abord la commercialisation et la vente de produits équitables, ensuite la formation, l’aide à l’éducation et au développement, et enfin le plaidoyer auprès des politiques.

Par exemple, lors de la campagne contre l’OMC, on interpelle les élus, c’est un travail de lobbying.
Artisans du Monde est issu de l’Ifat (International Fair Trade Association), une association internationale qui rassemble des groupes de producteurs, des organisations de commerce alternatif et d’autres opérateurs du commerce équitable d’Afrique, d’Asie, d’Australie, d’Europe, du Japon, d’Amérique du Nord et du Sud…

En Janvier 2004, l’IFAT a lancé FTO (Fair Trade Organization), c’est une sorte de label de commerce équitable apposé non pas sur les produits mais sur les organisations.

Tout ça représente 3 millions de producteurs, et 5000 « milivoles », c’est comme ça que j’appelle ceux qui sont à la fois militants et bénévoles. La différence, c’est qu’en gros les bénévoles ne s’impliquent pas énormément. En forçant le trait je dirais que c’est surtout des nanas qui aiment bien jouer à la marchande, sans aller plus loin…

Les militants, eux, font des actions de formation, du lobbying auprès des politiques, etc. Enfin les milivoles font les 2, c’est-à-dire qu’on se tape tout le boulot, on est dans l’action politique en même temps que dans le concret, on porte les cartons comme tout le monde !

Propos recueillis par Damien Panerai, avril 2006

- www.abricadabra.fr
- www.artisansdumonde.org

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Agenda

Péniche Antipode

Face au 55, quai de la Seine -
75019 Paris
M° Crimée