La ville des gens : 1er/juin

Subjectif canal

Ce livre unique et poétique réalisé par des habitants du 19e réunit textes, photos, dessins et peintures sur le bassin de La Villette.

Le livre « Ma part de quartier » est né d’une initiative du Conseil de quartier du Bassin de la Villette proposant aux habitants d’écrire des textes, de faire des photos et des dessins sur leur quartier et sur le canal.

« Ma part de quartier » a été réalisé en 2004 sous la direction de Mona Gelher, Lionel Kouro et Claire Joachim sur un catalogue de papier-peint.

Il est actuellement sur la Péniche Antipode, où vous pouvez le consulter. Extraits.

« La 1ère image qui me vient, c’est un souvenir. Il y a 10 ans, lorsque j’accompagnais ma fille à l’école, il était 8 h, nous longions le canal, l’eau était calme et le soleil se levait. On croisait des pêcheurs qui installaient leurs cannes et quelques mouettes nous accompagnaient, on se serait cru en province.

(…) Ce dernier souvenir remonte à 1978, il y a avait à cette époque, rue de Crimée, la petite boutique de Mme Cottin. C’était une papeterie, la boutique était si encombrée et si petite qu’une seule personne pouvait entrer à la fois. On trouvait tout chez Mme Cottin, des cartes de communion aux gommes.

(…). C’était quelqu’un Mme Cottin. Elle était aussi petite que sa boutique. Aujourd’hui nous avons encore des oeillets et d’autres objets qui viennent de chez elle. Je crois qu’on ne veut pas les utiliser pour garder un peu de sa présence. »

Emma

« Vivre est étrange au coeur de la Villette
Les abattoirs battaient dans le canal
Ivre , drogué peut-être au gardénal
Orage sec, la toux des mobylettes.

L’écluse-pont de la rue de Crimée
En deux fendait tout le panorama
Sur ce plan d’eau et qu’en un cinéma
Tant de reflets de nous sont animés

Tels surchargés de houille des chalands
Nous sommes lourds à jamais de nos cendres
De nos amours que la nuit veut descendre
Vent du Nord, leur destin nonchalant.

Que reste-t-il en nos sources stellaires
Quels souvenirs de l’Ourcq et de Pantin
De nos miroirs, quels gestes enfantins ?
La vie a pris une forme insulaire

Elle emprunta la traverse des quais
Pour n’embarquer que l’ombre des images
Et suivre au loin d’autres pèlerinages.
Pour l’avenir, il n’est plus de ticket.
 »

Charles Dobzynski est né à Varsovie, une partie de son enfance et de sa jeunesse dans le quartier, ce poème est extrait du recueil « La vie est un orchestre ».

« Ce que j’aime dans ce dans ce quartier, c’est la vie, les gens qui grouillent de partout. Les couleurs se croisent, fusent et se diffusent en mille éclats.

J’ai pris l’habitude de m’arrêter au métro Jaurès et de longer le canal de L’Ourcq jusque chez moi. Ça me permet de faire le vide après mon travail et surtout de ne pas avoir l’impression d’être à Paris (…)

Recette de bien vivre : vous prenez un peu de vert, de jaune, de noir, de satin ; tout ça mélangé à un peu d’eau et hop ! On est transporté dans un autre monde, son monde.
 »

Macha

« J’avais vécu depuis longtemps à proximité de la communauté chinoise de Belleville. En retrouvant ici au croisement Crimée-flandres, le Chamen, c’était un peu de mon quartier précédent qui m’accompagnait.

C’est devenu un lieu de convivialité pour les vendredi soirs, dans le tard de la nuit, je rentre chez moi, le bouillon chinois fume tard (…) »

Auteur inconnu

« Ce fluide qui coule, qui boule, qui porte en lui tant d’information.
Lien entre ciel et terre qui nous relie à la source.
Matière miraculeuse capable de transformer les êtres et de donner ainsi place à la vie.
Cette eau qui nous accompagne, nous guide, nous régénère, cette eau que je vénère. »

Nora Hermann, 25 avril 2003, le Canal »