La ville des gens : 25/octobre

La misère du monde et la passion du feu

La profession évolue de plus en plus vers l’assistance aux personnes mais ce qui continue de faire la fierté et la gloire des pompiers c’est encore et toujours le feu.

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En 2005, la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris a réalisé plus de 430 000 interventions de 200 types différents.

Cependant, additionnés le secours routier, l’assistance à personnes et le secours à victimes constituent pas loin de 80 % du total.

Le feu qui pour le grand public reste l’image même du métier ne représente que 5 % des sorties, mais néanmoins 28 % du temps passé sur le terrain.

1 mission pour feu mobilise 18 personnes, tandis qu’1 mission de secours à victime mobilise 3 pompiers-secouristes.

Entretien avec Pascal Florent sur ces différentes facettes de la profession.

« La bobologie » : une dérive de la profession

« Au jour d’aujoud’hui, 50 % de nos interventions ont lieu aux domiciles de particuliers. Nous faisons beaucoup de paramédical.

Il y a des personnes âgées qu’on va relever tous les jours, on s’occupe également de personnes intellectuellement faibles. »

« En réalité, nous pallions au manque de médecins et de personnel des services sociaux. Les gens appellent pour tout et n’importe quoi.

Même les chats dans les arbres : on le fait si on a le temps. Mais au fond, ce n’est pas très sérieux ! Comme le disait un ancien : “ On n’a encore jamais trouvé de squelette de chat dans un arbre !”

A la Brigade, nous pouvons avoir jusqu’à 2 000 interventions par jour “non justifiées”. Certains disent que l’on devient de véritables assistantes sociales ! Quand il n’y pas de solution, c’est les pompiers qu’on appelle… »

Sauver ou périr : l’éclat du feu

« Mon 1er feu, c’était l’incendie d’un lavoir, l’endroit a immédiatement été reconverti en immeubles d’habitation… ce n’était sans doute pas un hasard. Et c’est le genre de choses qui arrivent, malheureusement !

L’intervention dans l’incendie, c’est le plus fort, et c’est une fierté. C’est dans ce type d’intervention qu’on voit la réelle valeur des gens.

De ce fait, il existe une forte compétition entre les hommes : ils ne sont pas tendres entre eux. Mais cela provoque une émulation et ce n’est sans doute pas plus mal. »

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« Sur le moment, il n’y a pas vraiment de place pour des émotions. Tout va tellement vite. Les gestes ont été répétés et répétés, de telle sorte que ça devient de l’ordre du réflexe.

On exécute les ordres, tout est très dirigé et canalisé. Avec l’expérience, la petite marge qu’on peut avoir, c’est de progresser sans attendre qu’on nous le dise.

Un feu d’appartement atteint facilement 1 000° : il n’y a pas de risque zéro. En 5 ans, il y a eu 7 morts. Tous les lundi matin, un cérémonial à la mémoire des pompiers morts au feu est organisé. »

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Le triangle du feu

L’évolution du feu est rendue possible par la combinaison de 3 éléments : le combustible l’air et la chaleur. On nomme ces 3 éléments le triangle du feu.
 
La chaleur est transmise à la fois à l’air ambiant et au combustible. Les 2 mélangés provoquent le feu.
 
En supprimant l’un de ces 3 facteurs on stoppe l’évolution du feu.
La passion du métier

« Mon père déjà était pompier, c’est une vocation. En 20 ans de métier, je n’ai jamais connu 2 fois la même journée. On ne sait jamais ce qui va se passer, on vit au rythme des sonneries.

On est content quand on met tout son potentiel en œuvre.
C’est paradoxal, mais pour nous, une bonne intervention, c’est quand il y a du malheur pour les gens…

Récemment, une jeune femme à qui on a fait un massage cardiaque est venue nous remercier. C’est la première chose qu’elle a fait lorsqu’elle est sortie de l’hôpital. Ce genre de geste touche énormément, on se sent fier.

Mais le plus prestigieux, c’est lorqu’on défile pour le 14 juillet. Je l’ai fait 2 fois, et je peux vous assurer que c’est extrêmement fort. »

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Sainte Barbe, la patronne des sapeurs-pompiers
L’histoire veut qu’en l’an 235, à Nicomédie, aujourd’hui Izmit en Turquie, Barbe, belle et noble jeune fille, ait été enfermée dans une tour par son père Dioscore qui voulait la soustraire aux sollicitations du monde.

De retour d’un voyage, Dioscore apprend que sa fille s’est convertie au catholicisme : il la livre au Gouverneur qui la fait supplicier et décapiter par Dioscore lui-même. Mal lui en prit, car il périt frappé par la foudre.

Depuis, les catholiques prient donc sainte Barbe pour se protéger de la foudre et du feu.

Elle est aussi la patronne des architectes, des géologues, des mineurs, et par extension des ingénieurs, des artilleurs, des canonniers, des métallurgistes et autres corporations liées au feu.

De nos jours, une sainte Barbe trône toujours à l’entrée des tunnels en construction pour protéger les ouvriers-mineurs des accidents de chantier.

En 1969, Barbe est remplacée dans le calendrier romain par Barbara. La Sainte-Barbe continue d’être fêtée partout dans le monde, le 4 décembre. C’est une fête traditionnelle chez les sapeurs-pompiers.
Propos recueillis par Clarisse Bouthier en octobre 2006
 
Articles complémentaires :
 
_ Le quartier vu par les Pompiers
 
_ Soldats du feu