La ville des gens : 26/décembre

Chinois de France, Français de Chine

Découvrir un nouveau visage du quartier en compagnie de Donatien Shramm, amoureux de la Chine.

On se sent rapidement quelqu’un lorsqu’on parcourt Belleville aux côtés de Donatien Shramm, qui salue à droite, salue à gauche, paraît connaître tout habitant aux yeux bridés, sans exclusive de nationalité, d’âge, ni même, tout compte fait, d’yeux bridés.

Alexandre, du restaurant Wen Zhou et Donatien Shramm

Cet autodidacte touche-à-tout a cultivé l’amour de la Chine depuis tout jeune, quand sur l’unique chaîne de télé de l’époque, il regardait « le Cerf-volant du bout du monde


Aider les uns et les autres à se connaître et à se reconnaître

Dans une première vie, il est monté à Paris, a travaillé comme journaliste sportif à « l’Huma » et épousé une « Française aux yeux bridés et au teint cuivré ». Puis il a regardé en arrière, et cela ne lui a pas déplu : il a tout gardé, et simplement, dès qu’il a pu, il a arrêté de piger pour se consacrer exclusivement à « Chinois de France - Français de Chine », fondée en 1997.

Le but de l’association ? Faire connaître et reconnaître la présence chinoise, aider les Chinois à apprendre la France (« Notez bien que je ne parle pas d’intégration ») et contribuer à tisser des liens.

Au sein de son petit local acquis en 2005, il raconte aux enfants et à leurs parents des histoires de dragons et autres merveilles, organise des conférences sur divers aspects de la culture chinoise comme la magie des chiffres, la famille ou les fêtes traditionnelles, anime des ateliers de calligraphie et de création de cerfs-volants et donne des cours de cuisine, une de ses passions.

La boutique de la rue Rébéval

Ballotins de saint-jacques, doufu grillé, galettes farcies

Le dimanche, ses apprentis cuisiniers confectionnent 3 plats autour d’un thème chaque fois différent. Le jour des « Soupes d’hiver » donc, ce sera soupe au bœuf, soupe au vin jeune, soupe pimentée, et celui du « Sucré-salé » : litchis aux crevettes, canard à l’ananas, soupe poulet et coco, etc.

« La cuisine que j’enseigne est très simple. Comparé à mon propre apprentissage qui s’est fait sur le tas, je fais gagner 10 ans à mes élèves, car les Chinois ne te montrent rien. »
La différence est stimulante

Quand le local est fermé, vous avez toutes les chance de trouver Donatien en balade dans le quartier en train de sillonner Belleville, la Chinoise, comme il le fait depuis 2000, entraînant derrière lui des groupes de curieux.

Il me raconte amusé l’apostrophe d’un jeune du quartier, croyant le reconnaître : « Hé ! T’es pas le Chinois, toi ? » Et lorsque nous nous quittons devant l’école où tous les parents chinois viennent le solliciter, il m’explique : « C’est normal, je suis le seul à parler français »…

Mais plutôt que d’une identification, cette passion pour la Chine relèverait selon lui davantage d’un penchant pour la différence : « La différence est stimulante, elle me fait poser des questions sur qui je suis et j’aime ça. » Et puis, ajoute-t-il, « j’ai encore plein de choses à apprendre, j’ai l’impression de ne rien savoir ». Continuez donc d’apprendre, M. Shramm, et de nous faire partager !

Clarisse Bouthier, le 26 décembre 2006
Mise a jour du 04/01/2016
Nous donnons suite à la demande express de la présidente, et avons retiré les coordonnés de l’association citée dans cet article.
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