La ville des gens : 13/septembre
Mornes expulseurs…

Romanichels, Bohémiens… circulez ! Impossible de garder le silence !

Au train où vont les choses…
bientôt vont refleurir les : Voleurs de poules ! Affameurs d’enfants ! Pilleurs de troncs ! …et autres exclamations de haute estime ! La liste n’est pas close, et vu l’air du temps, il n’y a aucune raison qu’elles se limitent à ces appellations, pourtant déjà stigmatisantes !

Il y a décidément une question incontournable à propos des Roms… mais pourquoi donc sont ils si mal-aimés ? Car mal-aimés ils sont, sinon… pourquoi dès qu’ils s’installent quelque-part les autorités se précipitent elles pour les en déloger, les chasser, et même les expulser ? Ont-ils la peste, le choléra, ou les deux à la fois ?

Sur son blog, dans une chronique datée du 18 Août qu’il a intitulée :

« Flaubert, au secours ! »

Gabriel Matzneff nous en donne les vraies raisons, en nous rappelant cet extrait d’une lettre que Flaubert adressait le 12 juin 1867, à George Sand :

« Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la Haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons.

Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre. C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au solitaire, au poète. Et il y a de la peur dans cette haine.
Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère !

Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton ! »

- Gustave Flaubert -

Voilà, c’est… on ne peut plus clair, entre 1867 et 2010 rien ne s’est passé, nous n’avons pas avancé d’un yota… et toujours le même mépris raciste pour masquer la peur de celui qui vit différemment !

Merci, à Flaubert d’abord, d’avoir déjà à l’époque, si justement soulevé et dénoncé le problème, et à Gabriel Matzneff ensuite… de nous avoir si opportunément remis cette lettre en mémoire !

Avec Flaubert, ne renonçons jamais à nous indigner devant la haine, encore moins lorsqu’elle est insidieusement cultivée par le biais d’un populisme qui s’avance masqué !
et… aussi longtemps qu’il faudra, clamons la chaque jour plus fort, notre indignation !

- Gram Manège (12/09/2010)

Quelques liens consultables :

site Gabriel Matzneff
Centre d’études Tsiganes
Pendant la seconde guerre mondiale
Place aux Tsiganes

et pour finir rappelons :

Le livre-poème d’Alexandre Romanès : « Un Peuple de Promeneurs » aux éditions “Le Temps qu’il fait ”

Ainsi que le très beau film de Tony Gatlif : « Liberté »

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