La ville des gens : 10/juin
À La Grande Halle de La Villette

Le trésor du San Diego


Près de quatre siècles auront été nécessaires pour mettre à jour un fabuleux trésor englouti en mer de Chine. il aura fallu aussi d’énormes moyens et la ténacité d’un archéologue : Franck Goddio.


L’histoire d’un naufrage

JPEG - 114.8 koL’aventure se déroule en mer de Chine, tristement célèbre aujourd’hui pour les boat people qu’elle a engloutis et les bateaux pirates qu’elle accueille encore. Mais tout a commencé il y a bien longtemps …

Le 14 décembre 1600, un galion espagnol de 35 mètres de long baptisé le San Diego, armé a la hâte pour défendre Manille, livre une bataille sans merci contre le navire pirate hollandais le Mauritius. Les témoignages retrouvés diffèrent de la version officielle quant au déroulement de la bataille et surtout quant au comportement du commandant ibérique Antonio de Morga, dont l’héroïsme semble remis en question.

Toujours est-il que l’issue sera fatale au navire espagnol : une voie d’eau se déclare et c’est la lente chute vers les fonds marins, par plus de cinquante mètres de profondeur. Sur les cinq cents hommes d’équipage, cent seulement survivront.

C’est il y a quelques années seulement que Franck Goddio se penche sérieusement sur le mystère du San Diego. Il enquête, rapproche divers témoignages, survole l’Ile Fortune aux Philippines, étudie les courants marins traversés à la nage par les naufragés, pour finalement délimiter une zone d’exploration. En mars 1991, la recherche de l’épave peut commencer, financée par la Fondation Elf, avec un matériel mis à disposition par le Commissariat à l’énergie atomique. Le 21 avril Franck Goddio retrouve le San Diego !


Une découverte extraordinaire

En 1992 et 1993, deux campagnes de fouilles permettent de mettre à jour les
fabuleux objets prisonniers des flancs du galion coulé. Trois mille pièces refont surface. Le Musée National des Philippines, propriétaire légal des objets, dresse l’inventaire de ce musée sous-marin . TF1 a envoyé une équipe de cinéma pour couvrir le déroulement des opérations.

Des centaines de jarres originaires de Birmanie, de Chine, d’Espagne, des monnaies d’argent, quatorze canons de bronze, des armes de toutes sortes, des porcelaines chinoises, une boussole inédite, et un astrolabe parmi les plus anciens qui soient connus … tel est le trésor du San Diego !

Une exposition spectacle

Le premier volet de cette exposition définit le contexte historique et géographique du naufrage du San Diego : le début du XVIIème siècle voit les nations européennes lutter pour le partage du reste du monde. Dans un même temps elles découvrent les nouvelles routes d’Extrême-Orient. Les joyaux retrouvés dans l’épave témoignent de ces temps de conquête des mers et des territoires.

Puis c’est le compte rendu féerique d’une aventure humaine et scientifique passionnante. La mise en œuvre d’un projet hors du commun, des premiers repérages à la renaissance d’un trésor perdu depuis quatre siècles. Une technologie de pointe a été déployée, un matériel ultra-sophistiqué mis en place ; des techniques et des appareils ont même été inventés pour l’occasion.

Il faut savoir que les plongeurs passaient quatre heures à descendre et à remonter et qu’ils ne pouvaient travailler plus d’une heure par jour. Sous le regard de caméras sous-marines, ces acteurs de la lente résurrection du San Diego feront revivre jour après jour au public les découvertes surprenantes de la fouille.

Philippe Délis, l’architecte-scénographe de cette exposition, a conçu dans l’Espace Charlie Parker de la Grande Halle un parcours rythmé par l’alternance d’installations- spectacles :


- Un immense cinéma-aquarium, pour vous faire vivre ces fouilles comme si vous y étiez,

- La reconstitution grandeur nature du tumulus du galion, tel qu’il gît au fond de la mer de Chine, au large de Manille.

- Des galeries d’objets où le trésor du San Diego est mis en scène par séquences thématiques, des jarres espagnoles aux porcelaines chinoises.

- Enfin des plates-formes où l’aventure scientifique est donnée à voir et à comprendre, depuis l’élaboration du projet jusqu’à la restauration des pièces découvertes.

La qualification des espaces se fait par la nature et la couleur des matériaux : une grande vague de bois traverse l’exposition, des monolithes de textile bleu dessinent les moments de spectacle, la lumière enfin révèle et dramatise. Un voyage dans le temps, à l’autre bout du monde, observé depuis des passerelles, des plates-formes, et qui baigne le spectateur de lumières sous-marines et de silences aquatiques…


M.L.


Article mis en ligne par Mr Antoine Seck, collaborateur à La Ville des Gens. Actualisé en décembre 2013.

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