La ville des gens : 29/septembre

Sound on The Bitche

Apéros musicaux : Interdit à tous ceux qui veulent continuer de haïr les dimanches.

Un kiosque à musique, c’est un peu comme les colonnes Morris ou les fontaines Wallace : charmant, mais désuet.

Au temps d’avant la télé, d’avant la hi-fi, de bien avant le MP3, on s’y rendait le dimanche en famille.

Quand le premier violon entamait son solo, mamie y allait de sa larme ! Quant aux jeunes, bien sûr, ils préféraient quand ça guinchait.

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Croquis réalisé pour le conseil de quartier et exhumé par nos soins. Auteur inconnu, si vous vous reconnaissez…

Puis le temps a passé et les kiosques ont été délaissés. A deux pas du pont de Crimée, celui de la place de Bitche n’y a pas coupé.

Edicule métallique, ridiculement encombrant au milieu d’enfants indifférents venus jouer au square, il n’en menait pas large avec ses grandes jambes fatiguées soutenant un lourd dos inutile.

Mais même dans ce monde sans pitié, on en trouve toujours qui ont du cœur.

Et quand ceux-là qui ont du cœur croisent ceux qui se souviennent et qu’ensemble ils en rencontrent qui veulent faire vivre leur quartier, cela donne… les concerts de la place de Bitche.

Depuis la mi-2005, on a rendu sa musique au vieux kiosque : Mélopées des Aurès ou des Andes, reggae électro, chorale rock ou chanson festive, il n’en avait jamais tant entendu.

L’Assos’Pikante et Emergences Plus, associations musicales à vocation conviviale, ainsi que le Conseil de quartier, qui organisent ces rendez-vous, ont des critères simples, qui laissent toute sa place à la diversité : « Populaire et de qualité. »

L’important, c’est que ça parle au corps et que ça donne envie, ce sont ces moments partagés, l’aléatoire de la rencontre.

Le premier dimanche de chaque mois, on s’y rend parce qu’on sait et qu’on aime ou parce qu’on entend et qu’on voit, sur la route du retour après le marché de Joinville.

Et puisque c’est dimanche, et puisque c’est midi, c’est aussi l’heure de l’apéro. A la bonne vôtre : punch, sangria, café ou soupe à l’oignon, c’est selon. Fonction de l’humeur, du temps qu’il fait, et aussi des finances.

Car, « ici, c’est bout de ficelle et compagnie » me glisse Anne, qui avec Anne-Lise se charge de la programmation. « Et c’est tant mieux ! », conclut-elle, pas rancunière pour un sou, avant de me demander combien je prends de sucre.

De concert avec le soleil, les enfants qui jouaient dans le square, pointent le bout de leur nez. Des passants se sont arrêtés. Un couple s’est mis à danser. C’est dimanche. Tout va bien.

Clarisse Bouthier - Septembre 2006

- Place de Bitche - M° Crimée ou Laumière
- Site : Kiosque on the bitche