La ville des gens : 13/septembre

Mets ton habit, scaphandrier…

Une portière de voiture tombe à l’eau… Que faire, qui appeler ? Les scaphandriers bien sûr ! ces hommes qui jour après jour s’occupent de la santé des canaux.

Il faut savoir oublier les mythes : il semblerait que nul trésor ne repose au fond du canal. Depuis le temps, cela se saurait !

Alors, s’ils ne sont pas en quête de fortune, que font les scaphandriers dans les eaux sombres du canal ?

Nous nous sommes rendus sur les lieux pour en savoir plus et Philippe Madec a bien voulu nous parler de son travail.

« Le boulot en lui-même est le suivant : On s’occupe des réparations et nettoyages subaquatiques mais on doit savoir faire les mêmes travaux à l’extérieur, le découpage, la soudure, le nettoyage…

Pour cela, on est toujours attaché et le matériel utilisé est la lance thermique, le chalumeau, le marteau piqueur ou le kärcher.

Une petite anecdote : savez-vous que Spaggiari a effectué le casse du siècle [un des plus fameux cambriolages, réalisé à Nice en 1976 « sans armes, sans violence et sans haine »] en creusant son tunnel à l’aide d’une lance thermique ? »

Dès qu’ils sont prévenus d’un incident, les scaphandriers vont vite vite enfiler leur combinaison de plongée, leur laine polaire quand il fait -80°… et s’immerger par 100, 200 ou 600 ou même 1400 cm d’eau selon l’endroit.

S’ils ont de la chance, il n’y aura pas trop de vase au fond, ce qui leur permettra une visibilité de quelques centimètres ; sinon, ils devront faire appel à leur mémoire car ils connaissent bien évidemment par cœur le fond des canaux.

Normal, puisqu’ils plongent en moyenne 150 fois par an. Normale aussi cette aisance dans l’obscurité, étant donnée la limpidité exceptionnelle des canaux…

Le hic c’est qu’en remontant il faut se réhabituer à la lumière ; opération difficile si l’on est resté plusieurs heures sous l’eau !

Ils vont éventuellement à la pêche sous marine, ce qui leur permet de ramasser toutes sortes d’objets : des gri-gri vaudous, des tabliers en cuir avec bracelets et godemichés intégrés, un encensoir… Non, non, ils ne boivent pas ! Et ce malgré une loi qui jusqu’à peu les autorisait à consommer du rhum pour se réchauffer.

De toute façon, avec les visites médicales qui leur sont imposées, ils ne peuvent pas faire n’importe quoi et la condition physique ne doit pas faire défaut.

A Paris, ils ne sont que 3. C’est un métier sédentaire, compatible avec une vie de famille.

Mais dès qu’ils le peuvent, ils retrouvent leur vraie passion et partent à la découverte des fonds marins exotiques…

MCB