La ville des gens : 11/septembre
Résumé de la conférence du 23/06/2013

Maxime Lisbonne


Voici un compte rendu de la conférence M. Braquet sur « Maxime Lisbonne » (Colonel de la Commune, ancien bagnard et créateur de la Taverne du Bagne) qui s’est tenue le 23 juin 2013 à 15h dans le cadre de La Taverne du Bagne, évènement festif et historique organisé par la coopérative R2K dont fait partie la Ville des Gens.



Au centre d’une salle dont les murs étaient parés des photos de résistants à l’occupation de Paris par les troupes allemandes, était-il légitime de donner Maxime Lisbonne lui aussi pour un résistant ? Résistant dans une époque tout autre – le début de la Belle Époque —, dans un contexte différent, sans doute, mais résistant malgré tout. Le conférencier — notre collaborateur Maxime Braquet (dont on ne peut éviter de remarquer qu’il porte le même prénom que le personnage-sujet de sa causerie) —, a répondu affirmativement : si l’idée de résistance implique de s’opposer aux normes oppressives de la société, si elle suppose une certaine marginalité d’existence, a fait valoir notre Maxime, si cela veut dire encore s’affronter avec insolence au politiquement dominant, combattre par toutes les ressources disponibles, avec des fusils ou l’humour, en faveur de la justice et de la république sociales, alors, oui, Maxime Lisbonne était un résistant.

Dès lors, il s’agissait en priorité de présenter Maxime Lisbonne. Car le bonhomme n’est pas si connu que cela, voire bien moins, et, si son nom dit quelque chose, d’ailleurs, c’est essentiellement en tant qu’il désigne un héros de la Commune de 1871. Alors, bien entendu, la conférence a rappelé les actes de soldat très vaillant et de commandant militaire hautement compétent du colonel Lisbonne dans les tragiques évènements du printemps 1871. On ne l’a pas surnommé pour rien le « d’Artagnan et le Murat de la Commune » ! Mais la vie du colonel communard n’a pas seulement été remarquable pour cela. En fait, Maxime a eu plusieurs existences : militaire, certes, mais encore, successivement ou simultanément, comédien et homme de théâtre et d’autre part manageur de cabarets montmartrois qui défrayèrent la chronique, courtier d’assurances, écrivain, journaliste bagnard et homme de convictions politiques très à gauche, dirait-on aujourd’hui. L’autre Maxime, notre conférencier, a tourné toutes ces pages en s’attachant moins à suivre la chronologie qu’à brosser un portrait psychologique et moral de son homonyme dont les touches de fond apparaissent avec constance dans les faciès multiples de son activité : la générosité et le courage de ses engagements professionnels ou autres, une énergie incroyable, une ingéniosité entrepreneuriale étonnante, une faculté extraordinaire de rebondissement après échec ou déboire, un sens aigu de la camaraderie humaine…


La causerie a voulu montrer que la poutre porteuse de toute la personnalité de Maxime Lisbonne était son goût pour le théâtre. Non seulement le théâtre et son monde ont compté énormément — plus que le reste — dans la vie de Maxime Lisbonne, a fait ressortir notre collaborateur, mais c’est encore l’humanité même de ce personnage hors normes qui est théâtre. Extrait de la causerie : « On relève un peu partout de la théâtralité dans ses gestes, un goût de la parade poussé presque au cabotinage : sur les tréteaux, quand il joue, cela va de soi, mais aussi quand, dans les cabarets, il scénarise le rapport des clients aux garçons de service. Il y en a également lorsqu’il monte sur les estrades électorales. Y compris comme soldat – mais quel soldat ! —, il est théâtral. Sur le front du Sud-Est parisien, en avril-mai 1871, ses hommes le voyaient caracolant sur un cheval arabe, vêtu d’une simple tunique de zouave barrée d’une écharpe rouge et d’un pantalon large dont les jambes s’enfonçaient dans des bottes molles. »

En conclusion, on pourrait à bon droit ajouter au surnom de d’Artagnan de Lisbonne celui de capitaine Fracasse.

La causerie, illustrée par la projection de nombreuses images, a eu l’avantage et le plaisir de profiter de la présence au sein de son public d’un authentique descendant – arrière-arrière-petits-fils – du colonel Lisbonne, M. Brice Chevry, qui a bien sûr apporté des compléments d’information, pas seulement d’ordre familial, et des anecdotes. Il nous a annoncé la sortie prochaine en librairie d’un ouvrage biographique complet sur son aïeul.


Maxime Braquet


JPEG - 42 ko
Les lecteurs intéressés peuvent obtenir une copie PDF du texte de la conférence (une douzaine de pages avec illustrations). Nous en faire la demande, que nous transmettrons à Maxime Braquet.

Écrire à : info@des-gens.net

On rappellera d’autre part que La Ville des gens a déjà passé sur son site un article de cet auteur sur Lisbonne qui, lui, était centré sur le lien entre le colonel et Belleville.