La ville des gens : 9/janvier

Les enfants de Belleville cultivent leur jardin


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Le jardin pédagogique de l’école élémentaire de la rue Rampal dans le 19e arrondissement est né en novembre 93, à l’occasion de l’opération "Les 1000 défis pour ma planète" du ministère de l’Environnement, à l’initiative d’un jardinier, madame Isabelle Tissier, d’une mère d’un enfant de CM2 et de l’institutrice de la classe, madame Danièle Guinvarc’h.

La cour de l’école, située dans un quartier rénové, est enserrée dans des immeubles de douze étages en béton plus ou moins dégradés. Aussi, l’idée était d’égayer cette cour par des jardinières disposées sur des bancs placés dans chaque angle ; les fleurs devant être produites par les enfants.

Un jardin de production est construit avec du bois de récupération dans une cour servant de passage aux pompiers. Il a fallu surmonter de nombreux obstacles : versements tardifs de subventions obtenues avec un montant réduit au quart, dégradations et vol de matériel qui obligeaient à ranger tout
le matériel à l’intérieur de l’école, d’où un surcroît de travail et un début de scepticisme quant à l’avenir de cette expérience, de la part de partenaires techniques qui auraient pu favoriser cette action.

Néanmoins, le jardin produit des fleurs depuis mai 94. Seules les jardinières prévues ont dû être remplacées par des pots en plastique disposés devant des treillages fournis par les Parcs et Jardins de Paris, ainsi que les graviers, le feutre agricole et le terreau pour l’installation du substrat du jardin. Ces pots accueillent les fleurs choisies qui sont ensuite repiquées à côté de plantes grimpantes vivaces comme des clématites, un chèvrefeuille, un jasmin d’hive,…, obtenues par bouturage.

Cette même année 94, les premiers petits jardiniers ont participé au concours des jardins miniatures de "Paris-nature" et ont présenté leur jardin en maquette à la fête des "1000 défis". Imaginez leur fierté !

JPEG - 12.9 koEn effet, chaque année, le plan du jardin change et désormais un potager en occupe une partie. Par ailleurs, un silo à compost en palettes est construit en 94 et un second en juillet 96 tandis que deux serres voient le jour en 95 pour permettre aux enfants de connaître tous les aspects de la production. Les élèves de l’institutrice co-créatrice du projet effectuent les travaux du jardin pendant toute l’année scolaire. Certains samedis, ils bénéficient des conseils du jardinier qui continue à superviser l’ensemble. Quant aux élèves des autres classes, et seulement aux volontaires, l’institutrice propose régulièrement une initiation à l’heure du déjeuner.

Fort de ces nouvelles petites mains besogneuses, le jardin se développe dès 95-96. Par exemple, des semis et des bouturages sont placés sous tunnel et sous serres, deux nouveaux petits jardins sont créés : l’un par une classe en difficulté, l’autre, composé de plantes aromatiques, par les CM1 en charge du jardin. Puis, deux autres classes s’intéressent au jardinage en plantant des bulbes pour un CE1 et en semant et repiquant des poivrons pour un CE2.

Depuis le début de leurs activités, les jardiniers décorent les parois de la caisse avec de la mosaïque, dirigés par la mère de l’un d’eux.

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La surface cultivable a augmenté grâce à deux arceaux qui, depuis deux ans, ont permis aux enfants de planter des framboisiers, des mûriers et un rosier ancien. Les plantes sauvages ont aussi droit de cité autour des érables et le long des murs, notamment les orties qui sont utilisées pour le compost au
pied des tomates au moment du repiquage et pour les soupes ! Toutes sont soigneusement étiquetées et observées.

C’est l’Association créée en 95 qui permet aux enfants de faire un voyage annuel dans un jardin européen, afin qu’ils trouvent des correspondants, jardiniers comme eux, notamment en Angleterre. Ils ont aussi le projet de créer une mare pédagogique à côté du jardin.

JPEG - 17.6 koChaque membre adulte a son homologue enfant élu par les petits jardiniers. Ceux-ci prennent ainsi connaissance des ordres du jour qu’ils discutent avant la réunion de prises de décisions.

À travers cette expérience de jardinage, on observe que les élèves abordent facilement des notions mathématiques qui, souvent, les rebutent.

De plus, ils produisent des textes pour le journal de l’école, des comptes-rendus, des lettres, font visiter le jardin en expliquant la nature de leurs travaux. Ils recherchent aussi l’origine géographique et l’histoire des plantes, vendent leurs productions, appréhendent mieux le cycle des végétaux et comprennent mieux la nécessité de préserver leur environnement au quotidien. De ce complément à leur éducation naitra peut-être un jour, un nouveau ou une nouvelle Olivier de Serres.

Toujours est-il qu’en janvier dernier, ils obtiennent le prix d’excellence au niveau départemental et l’école de la rue Rampal est la seule à figurer au palmarès national du concours des "écoles fleuries". Des lauriers bien mérités !

JPEG - 16.4 koQuand on pense que cette merveilleuse réalisation tient dans un mouchoir de poche puisque la superficie du jardin n’excède pas 13 m2. Tout compte fait, il n’y a pas de petite initiative, le lancement et la durabilité tiennent avant tout à l’implication du cœur et à la volonté de l’homme. Alors quand elles viennent des enfants, l’espoir renaît. Félicitations aux trois créateurs qui montrent un exemple à suivre !

Évidemment, avec l’aide de subventions indispensables, d’autres jardins fleuriraient pour le bonheur et l’éducation des enfants d’ici et d’ailleurs car la nature n’a pas de frontière et guérit bien des maux.


Danièle Guinvarc’h - Sylviane Martin

Photos Sylviane Martin
Dessins de Bastien


Article mis en ligne en janvier 2014.

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