La ville des gens : 14/juillet

BarOurcq

Le bord de l’eau, des transats, des joueurs de pétanque, le tout sur fond de musique électro : la force du Barourcq, c’est cette ambiance favorable au farniente.

Si vous passez chez Cyclo-Pouce emprunter un vélo pour faire une balade sur la piste cyclable qui passe par la Villette et longe le canal, arrêtez-vous faire une pause au BarOurcq.

Ce minuscule café à l’étrange façade vert jade sait faire de grandes choses … Sur fond de mix de DJ électro, on peut y boire de multiples sortes de jus de fruits pour l’infime somme de 2 € ; et pour ceux qui préfèrent les cocktails alcoolisés, 5 € suffiront. Je vous conseille le rhum gingembre : un vrai délice !

« Sur place ou à emporter ? »

Que vient faire cette réplique typique des fast-foods dans ce café ? Quand le soleil nous gâte, le BarOurcq a la bonne idée de mettre gratuitement à disposition de ses clients des transats.

Ce n’est donc pas étonnant que la plupart désertent alors le bar pour bronzer au bord de l’eau. Les derniers arrivés se contenteront de s’asseoir à même le sol sur les bordures du canal pour bouquiner, discuter, draguer ou somnoler…

Quelques-uns préféreront rester sur place, s’affaler sur les canapés design du café qui entraînent à la paresse.

Ici, les 12 serveurs, tous intermittents, se relaient à la tâche et savent bien qu’au BarOurcq, on ne fait pas de « lèche » au client pour lui grappiller quelques pièces de pourboire.

Le client n’attend pas d’être servi : il va lui-même chercher sa commande au comptoir sur lequel est posé un pot qui affiche « Pour boire ! ».

Une ambiance un peu provinciale pour des trentenaires issus du Tout-Paris

Au bar, la serveuse tatouée et son collègue complètement chauve et orné de piercings s’affairent alors que les clients, comme sortis d’un film d’auteur français, sont au ralenti.

Le public du bar est essentiellement composé “de trentenaires issus du tout-Paris” mais “seulement quand il fait beau !” spécifie M. Nacash, le directeur des lieux. Les jours de mauvais temps, on retrouve plutôt les habitants du 19e.

Une jeune femme aux longs cheveux rouges et habillée tout de noir sirote son breuvage. Près d’elle, une sorte d’artiste aux cheveux gras et ébouriffés, l’écharpe au col, accompagné de son yorkshire, cherche du regard une demoiselle à qui réciter sa prose.

Des joueurs de pétanque ont pris place devant le bar. Les boules sont prêtées gratuitement par le café. Je discute avec l’un deux, originaire du Sud, nostalgique de sa province : ce bout de Paris lui rappelle l’ambiance chez lui.

Des beaux quartiers de la République au respect mutuel

M. Nacash n’en attendait pas autant en ouvrant les portes du bar ce fameux jour de fête de la musique en 2002. Son ambition était simplement d’en faire un café de quartier.

Il ne connaissait pas l’arrondissement et a grandi “dans les beaux quartiers de République”, d’où sa fierté d’avoir une affaire dans ces lieux qu’il trouve étonnants car mixtes, avec une variété sociale qu’on ne trouve pas ailleurs.

Pourtant, au départ, il avait été plutôt mal accueilli par les gens du quartier. Lui aussi a avait ses a priori, mais , depuis, son regard sur les habitants a changé et ça va mieux : « Le respect est mutuel. Il n’y a pas de mélange mais une coexistence pacifique. C’est un laboratoire social ! C’est intéressant de voir comment ici on dépasse la peur ».

S’approprier le lieu

Le BarOurcq participe parfois à des événements comme le festival des nuits sonores de Lyon ou le « 3éme lieu » au Cabaret Sauvage. Il a aussi testé les lectures de contes ou les expositions d’art contemporain… Pour son anniversaire, le 21 juin 2006, tout le monde était convié au bal’Ourcq, une kermesse et une scène en plein air.

Il a aussi reçu quelque temps le “bar des sciences”, une association qui regroupe des professionnels qui se réunissent pour aborder des thèmes scientifiques.

En tant qu’ancien ingénieur, M. Nacash trouvait ce concept intéressant. Avant le référendum de 2005, la discussion s’était élargie pour une lecture très juridique de la constitution.

C’est ainsi au Barourcq : le patron met tout en œuvre pour en faire un endroit vivant, un lieu qui appartienne aux gens qui le fréquentent, où ceux-ci auront envie d’apporter quelque chose.

Seule ombre au tableau : certains voisins se plaindraient de nuisances sonores et l’accuseraient de monopoliser le canal …


Dee-Dee

BarOurcq

- 68, quai de la Loire 75019 Paris
- Métro Laumière
- Jus de fruits : 2 € / cocktails : 5 € / bière : 2,50 €.
- Pour les animations consultez le site barourcq.free.fr