La ville des gens : 19/juin
Promenade photographique dans les 19 et 20ème arrt

Le nez au vent



Il serait vain de rechercher, au cours d’un vagabondage dans le 19ème arrondissement, la trace des villages qu’ont été La Villette et Belleville, entourés jusqu’au début du XIXème siècle de pâturages et de vignobles.

Enserrées entre deux enceintes, au Sud, celle « dite » des Fermiers Généraux, qui, depuis 1785, occupait l’emplacement de l’actuel boulevard de La Villette, et qui tenait lieu d’octroi, les deux communes se fondent en un arrondissement, le 19ème, intégré à la Capitale… Le Second Empire s’emploie à y tracer des voies larges qui lacèrent le tissu urbain, telles l’actuelle avenue Jean-Jaurès (avenue d’Allemagne jusqu’en 1914), les rues de Crimée, d’Hautpoul, de Flandre, Riquet, Manin, Botzaris, Secrétan, Mathurin Moreau, Curial, entre autres.

Seul l’entrelacs des rues du quartier de Belleville peut évoquer le dessin de sentiers et de routillons propres à un village.

Mais qui se doute que la rue de l’Atlas s’intitulait avant 1871 « chemin du village de Belleville », la rue Clavel, datant de 1730, « rue des moulins », lesquels peuplaient les environs de l’actuelle place des Fêtes. La rue de la Villette était le « chemin des Saulneries » en 1730, la rue Rébeval, la « rue du chemin Saint-Laurent », attesté en 1672, la rue Arthur Rozier, « rue des Mignottes », la rue de Belleville tout simplement désignée avant 1860 comme « l’ancienne grande rue » du « village » de Belleville ; si la rue Compans se dénommait, en 1730 « rue de Saint-Denis », elle prit celui de rue de « l’Indivisibilité » sous la Révolution, la rue des Chaufourniers n’était que le « sentier du Moulin Maquereau » au XVIIIème siècle, et la rue Janssen, le « sentier du bois de l’Orme » en 1730.

Si la rue de Cambrai se dénommait en 1707, « rue du Vivier », la rue Curial en 1730, « rue Notre-Dame des Vertus », la rue des Alouettes était, elle, déjà connue en 1734 ; et la rue des Annelets était en 1598 un lieu-dit…

Seules ces dernières ont conservé leur dénomination d’origine. De tout ce passé, il ne reste pas trace, le Second Empire l’ayant gommé en lançant des grands axes et en y élevant des immeubles sans grâce. La singularité du quartier est ailleurs : il convient d’avoir l’œil attentif, la curiosité en éveil, histoire de se livrer au hasard et sans complexes, au plaisant exercice de la découverte, de l’inopiné, voire de l’insolite.

Souvent se rencontrent la juxtaposition d’édifices d’âges et de styles différents, la fantaisie d’un architecte, la survivance d’un « hameau » en pleine ville, l’alignement de pavillons qui trahissent à tout le moins l’imagination de leur concepteur et parfois le saugrenu.

Des lieux, quelconques en apparence, peuvent, par un détail, un point de vue, se révéler lourds d’un passé ou théâtres d’événements perdus dans le temps.

Avoir le nez au vent s’impose en la circonstance. Suivez le guide. Quoique le XIXème siècle ait, en maints endroits, banalisé le paysage urbain, il y a matière à s’étonner. L’esprit d’un lieu demeure, malgré tout.

Si l’auteur suggère, par le truchement de ces photographies, des itinéraires à vous lecteurs, d’en emprunter selon votre fantaisie, votre curiosité, votre étonnement devant un parcours que vous pratiquez journellement.

De toutes façons, le hasard fait bien les choses. Bonne route !


Michel BRUNET


(À gauche) : Place des Fêtes, le nouveau kiosque. La place tire sa dénomination de la nécessité pour la mun icipalité d'hier (vers 1850) de réserver au milieu de l'agglomération, un espace suffisant pour y organiser des fêtes. (À droite) : Le "regard" de la Lanterne. Confrontation du 17ème siècle et du monde moderne. Depuis le 12ème siècle, un aqueduc amenait depuis les "hauts" de Belleville, jusqu'au Prieuré de Saint-Martin des Champs, les eaux de ruissellement. Le "regard", lui, date de 1613, et conserve son rôle de surveillance des eaux souterraines.

(À gauche) : Place des Fêtes, le nouveau kiosque. La place tire sa dénomination de la nécessité pour la mun icipalité d’hier (vers 1850) de réserver au milieu de l’agglomération, un espace suffisant pour y organiser des fêtes.

(À droite) : Le "regard" de la Lanterne. Confrontation du 17ème siècle et du monde moderne. Depuis le 12ème siècle, un aqueduc amenait depuis les "hauts" de Belleville, jusqu’au Prieuré de Saint-Martin des Champs, les eaux de ruissellement. Le "regard", lui, date de 1613, et conserve son rôle de surveillance des eaux souterraines.

(À gauche) : Rue de Belleville, angle Rue Haxo. Immeuble peint d'une couleur ocrée et dont le flanc est orné de portraits stylisés de personnalités de notre temps dont : Maurice Chevalier, Edith Piaf, Fernandel, Bébé Cadum - (À droite) : Le "Hameau du Danube", Ru du Général Brunet. Le quartier du Danube est encore peuplé de pavillons et de jardinets… On peut appercevoir, au delà de la grille, les frondaisons accrochées à la colline… et d'autres pavillons.

(À gauche) : Rue de Belleville, angle Rue Haxo. Immeuble peint d’une couleur ocrée et dont le flanc est orné de portraits stylisés de personnalités de notre temps dont : Maurice Chevalier, Edith Piaf, Fernandel, Bébé Cadum.

(À droite) : Le "Hameau du Danube", Ru du Général Brunet. Le quartier du Danube est encore peuplé de pavillons et de jardinets… On peut appercevoir, au delà de la grille, les frondaisons accrochées à la colline… et d’autres pavillons.


Rue de Belleville. Au 333, juxtaposition d'une crèche en construction, d'un immeuble des années 70, en retrait, et sur le bord des maisons, vestiges du « vieux Belleville ».

Rue de Belleville. Au 333, juxtaposition d’une crèche en construction, d’un immeuble des années 70, en retrait, et sur le bord des maisons, vestiges du « vieux Belleville ».

Hôpital Robert Debré et Église de Marie Auxiliatrice.}} Sur la crête d'une colline abrupte se déploie, en arc de cercle, l'important hôpital… devant lequel, se dressent au bord du boulevard Serurier le vaisseau et le clocher d'une église… Les différences de niveaux des deux monuments incarnent à la perfection le caractère mouvementé des reliefs qui constituent tout l'arrondissement.

Hôpital Robert Debré et Église de Marie Auxiliatrice. Sur la crête d’une colline abrupte se déploie, en arc de cercle, l’important hôpital… devant lequel, se dressent au bord du boulevard Serurier le vaisseau et le clocher d’une église… Les différences de niveaux des deux monuments incarnent à la perfection le caractère mouvementé des reliefs qui constituent tout l’arrondissement.

Dans l'eau de la piscine. Par la grande baie qui éclaire le bassin de la piscine rue David d'Angers… un reflet est venu « planter » dans l'eau du bassin… une camionnette et les maisons d'en face… mais ce n'est qu'une illusion d'optique.

Dans l’eau de la piscine. Par la grande baie qui éclaire le bassin de la piscine rue David d’Angers… un reflet est venu « planter » dans l’eau du bassin… une camionnette et les maisons d’en face… mais ce n’est qu’une
illusion d’optique.


Article mis en ligne en juin 2014.

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