La ville des gens : 15/octobre

Le bistrot

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"Les Joueurs de cartes" - Paul Cézanne - © Photo RMN-Grand Palais - H. Lewandowski.


Vidéo de la chanson en bas d’article

Dans un coin pourri
Du pauvre Paris
Sur une place,
L’est un vieux bistrot
Tenu par un gros
Dégueulasse.
Si t’as le bec fin,
S’il te faut du vin
D’ première classe,
Va boire à Passy,
Le nectar d’ici
Te dépasse.
Mais si t’as l’ gosier
Qu’une armure d’acier
Matelasse,
Goûte à ce velours,
Ce petit bleu lourd
De menaces.
Tu trouveras-là
La fine fleur de la
Populace ;
Tous les marmiteux,
Les calamiteux
De la place.
Qui viennent en rang,
Comme des harengs,
Voir en face,
La belle du bistrot,
La femme à ce gros
Dégueulasse.
Que je boive à fond
L’eau de toutes les fon-
Taines Wallace,
Si dès aujourd’hui,
Tu n’es pas séduit
Par la grâce
De cette jolie fée
Qui, d’un bouge, a fait
Un palace ;
Avec ses appas,
Du haut jusqu’en bas,
Bien en place.
Ces trésors exquis
Qui les embrasse qui
Les enlace ?
Vraiment c’en est trop
Tout ça pour ce gros
Dégueulasse !
C’est injuste et fou
Mais que voulez-vous
Qu’on y fasse ?
L’amour se fait vieux,
Il a plus les yeux
Bien en face.
Si tu fais ta cour,
Tâche que tes discours
Ne l’agacent ;
Sois poli mon gars,
Pas de geste ou gare
À la casse.
Car sa main qui claque
Punit d’un flic-flac
Les audaces ;
Certes il n’est pas né
Qui mettra le nez
Dans sa tasse.
Pas né le chanceux
Qui dégèlera ce
Bloc de glace ;
Qui fera dans l’ dos
Les cornes à ce gros
Dégueulasse.
Dans un coin pourri
Du pauvre Paris
Sur une place
Une espèce de fée
D’un vieux bouge a fait
Un palace.