La ville des gens : 4/décembre

La Mouzaïa


JPEG - 49.8 koRené Minoli, un de nos amis lecteurs, a bien voulu nous autoriser à utiliser un texte illustré par ses soins paru dans une revue sur un des quartiers du 19e que nous aimons.

Imaginez une ville où un quartier aurait la joie de vivre, où les rues porteraient des noms lourds de signification, la Fraternité nous conduisant immanquablement à la Liberté et à l’Égalité puis à la Renaissance et au Progrès. Ce quartier existe, c’est celui de l’Amérique dans le 19e arrondissement de Paris.

Mon Amérique commence sur les contreforts du Pré-Saint-Gervais à côté du square de la Butte du Château Rouge (Jean Jaurès y fit une allocution contre la guerre) et se termine aux Buttes-Chaumont. Son nom vient des carrières de gypse, matériaux que l’on envoyait outre-Atlantique pour la production du plâtre. Un marché aux chevaux et fourrage leur succéda, puis la Ville de Paris décida de lotir ce quartier pour les familles ouvrières ; le terrain étant peu stable, des maisonnettes à un seul étage furent construites. En 1889, deux cent cinquante habitations virent le jour, réparties en allées dénommées "Villas". Ces ruelles sont pavées, étroites et à forte pente, n’oublions pas que les sommets environnants avoisinent les 100 mètres et que la Seine vogue à 28 mètres plus bas. Actuellement le quartier de la Mouzaïa (nom de l’artère principale) n’est plus habité par des ouvriers comme au début du 20e siècle, mais principalement par des personnalités du monde du spectacle et de la télévision. Certaines associations de propriétaires n’ont pas hésité à rendre inaccessible ces "villas" par des grilles, nous obligeant à avoir la nostalgie imaginative.

JPEG - 57.3 koCe quartier en demi-cercle est préservé entre les rues David d’Angers, Compans, Bellevue et la majorité de ces "villas" accueillent les promeneurs par une multitude de couleurs et de fleurs. Si les forsythias ou la glycine ne sont plus de saison, la décoration se trouve sur les grilles ou parapets de terrasses en fer forgé représentant du lierre ou autre ornement. Cela peut être aussi du carrelage fleuri comme sur le fronton de "l’œuvre de la bouchée de pain". Il faut parcourir toutes ces ruelles car elles sont toutes différentes, certaines vous

accueillent et vous laissent ressortir dans une autre rue ; d’autres, impasses, vous obligent à redécouvrir une maisonnette que vous aviez mal appréciée au premier tour. La Fraternité vous conduit à la Liberté et à l’Égalité. Traversons la Rue de la Mouzaïa et découvrons les "Villas" Loubet, Faure, Leblanc ; descendons par l’une d’elles, remontons par l’autre. Finissons à l’opposé par les "Villas" Rimbaud et Verlaine, laquelle, ironie du sort, tourne à angle droit, passe sous un immeuble et nous amène rue Pinton se terminant curieusement par un escalier, raccourci de l’esprit et de l’art, celui-ci arrive villa Monnet, de la poésie à la peinture en deux enjambées. Pour nos yeux, la vue la plus caractéristique se situe "Villa des Boërs" dont le cheminement en pente conduit notre regard sur l’église Saint-François d’Assise édifiée en 1926 et marquant la date d’achèvement des lotissements.

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Texte et photos : René MINOLI
Parus dans le n° 90 du Mutualiste de la RATP



Article mis en ligne en décembre 2014.

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