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D’où nous venons…

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Chronique des gens d’ici, et de… la diversité !

"Les Peuples n’ont jamais que le degré de liberté que leur audace conquiert sur la peur ! " - Stendhal -

Sur la terre il y a… des bois, des plaines et des champs.
Mais ce soir nul doute possible, c’est bien en ville que nous sommes. Car ce n’est pas nouveau, il y a… des villes aussi !

Dans les villes il y a des rues, et dans les rues il y a des gens…. il y a des gens qui font pisser leur chien, il y a des gens qui promènent leurs enfants ! Qui regarde bien, verra même des enfants… qui promènent leurs parents qui les aiment tant !
Dans les rues…. des gens piétinent dans des flaques de canine urine, des gens bavardent devant les vitrines. Les uns s’attardent et d’autres passent sans traîner, tellement fauchés, tristes ou fatigués, tellement pressés d’attraper, fin tant attendue d’une éprouvante journée de boulot, Bus, Tram, ou …Métro !

Il y a des gens…. des p’tits, des grands, des beaux, des laids. Des gros, des demi-gros, des maigrelets ! Des Prévert en herbe, des qui s’prennent pour…, des p’tites sœurs du fric, des tartineurs de fiel, des bonimenteurs… des capables de tout ! Des cas jamais vus, des qu’ont toujours tout vu ! Des allumés, des pas marrants, des très malins si on les croit…, des Vous et Moi, quoi ! Et puis des… et encore des… ! II y a ceux qui parlent de la force du vent, il y a ceux qui parlent du loyer de l’argent, et puis il y a ceux qui… ! Toutes sortes de gens, des marchands d’soupe, des pisseuses de vin aigre, des diseuses de belle aventure ! Des souffleurs de poudre aux yeux, des écorcheurs de cœurs et des passeuses de baume ! Des donneurs de l’çons, des poseurs de mines, des donneurs de sang et des preneurs de sons ! Mais qui saurait dire d’où viennent tous ces gens ? D’où ils viennent ? Mais ils viennent… des quatre coins du monde, bien sûr ! D’où voudriez vous qu’ils viennent ?

Dans les villes il y a des odeurs et des clameurs. Il y a des prom’neurs…

des balayeurs et des livreurs. Il y a des rôdeurs et des râleurs, des travailleurs et des chômeurs. Dans la ville parfois, il y a des heurts !
Depuis quelques temps c’est certain, le climat se tend ! Des témoins disent même avoir vu des chômeurs cherchant à piquer le pain des travailleurs ! Quand verra t‘on des travailleurs cherchant à partager le pain avec les chômeurs ? Les experts laissent entendre que selon toute vraisemblance, ce ne serait pas pour demain ! Heureusement qu’il y a des experts ! N’oubliez jamais qu’il y a des experts, on le voit… c’est précieux les experts !

Dans les rues il y a des gens… plein de gens, encore des gens, jamais les mêmes ! Comme dans la chanson c’est ça qu’est chouet ! Des gens… mais pas seulement, car il en est qui se sont spécialisés. Outre les experts il y a donc aussi les agents ! Les agents ? Mais, c’est quoi au juste un agent ?

Il y en a de différents types ! Tout le monde connaît les agents secrets, les agents doubles, ou peut-être même davantage ! Mais ce n’est pas d’eux dont il est question ici, il est seulement question ici, des agents que nous côtoyons chaque jour. Municipaux ou de l’État, comme le sont : les agents de police par exemple, agents dits… « de la Sécurité » ! A leur propos, soyez assurés qu’ils ne sont là que pour votre tranquillité ! Et si un jour l’un d’entre eux vous apostrophe : "Vos papiers s’il vous plaît !" ce n’est que simple formalité ! C’est en général si gentiment fait qu’il est impossible de refuser ! Disons surtout, qu’il est recommandé de ne pas s’y risquer !

D’ailleurs, y a rien à dire… contrôler, c’est le boulot des agents de la sécurité. S’ils ne le faisaient, on le leur reprocherait ! L’avantage avec les agents de la sécurité, c’est qu’on les voit venir de loin. Il y a un style « agent de la sécurité » et… à défaut de style, sauf exception avec les civils, on les identifie aisément à la surcharge de leur ceinturon !

Différemment, mais tout aussi importants, il y a… les agents de la propreté !
C’est à eux qu’on reconnaît une société moderne et évoluée, à eux, les maîtres du caniveau, à eux donc qui ramassent et collectent les déchets de la dite et noble société ! Administrativement, ils sont de la catégorie des agents de nettoyage et autres techniciens de surface ! Hommes sans âge et sans visages, tant ils sont banalisés par leur tenue de travail réglementairement fluorescente. Il faut les voir… par tous les temps, fougueux et alertes dès l’aube, ou tard le soir selon le service, bondir au cul des bennes engloutisseuses ! Tout le monde le sait, mais il convient de ne pas en parler, …sans eux, oui, sans eux nous macèrerions dans la putréfaction !

Reconnaître cela, et surtout le dire, est fortement déconseillé. Essayez, et vous verrez ! Illico les critiques fuseront : « Êtes vous devenu fou ? Dire que ces gens sont indispensables… est stupide et irresponsable ! Les plus malins d’entre eux pourraient faire semblant de le croire, et s’empresser de revendiquer, comme ils le font déjà si bien, vous les connaissez ! »

Pour faire… ce que personne d’autre ne veut faire, ce sans quoi… nous péririons rapidement étouffés sous nos déjections, ces hommes devraient en effet, outre une rétribution largement réévaluée, avoir droit à la reconnaissance officielle de l’État ! Mais aujourd’hui, quand l’emporte l’apparence et le cliquetis médiatique, le mérite n’est plus reconnu qu’aux seuls maîtres de la communication. Vous savez… ce petit monde clinquant, ces très importantes personnes qui passent leur temps à se mettre en scène… en scène et dans la lumière ! D’ailleurs, avez vous remarqué comme les porteurs de « rosette » d’aujourd’hui, ont tous ou presque, la même tête ?

Rappelez vous : "le bruit et l’odeur !"
Le bruit et l’odeur ! Celui qui utilisait alors ces mots n’en connaissait rien, il se livrait à une pure, simple, mais scandaleuse manipulation à visée politicienne, et je me souviens… qu’il arborait déjà l’insigne honorifique ! Il était pourtant bel et bien par ce propos, l’acteur flamboyant du déshonneur !

Le bruit et l’odeur !…. mieux que lui, et mieux que quiconque, ces hommes, les agents de la propreté de nos villes pourraient nous en parler. Mais, en auraient ils l’occasion, parions sans risque qu’ils choisiraient un autre sujet !
Quand à la fin du service ils quittent leur travail, ils quittent aussi, cela va de soi, la tenue réglementaire que cet emploi exige. Un véritable miracle, ou tout comme, s’opère alors en moins de temps qu’il ne faut pour le dire ! Ces hommes retrouvent soudain, visage et personnalité ! Bizarrement, tous ou presque sont hommes de couleur et d’origine étrangère. Étranges étrangers, venus de terres lointaines… dans des conditions plus rudes encore qu’elles ne sont obscures, à la recherche non du bonheur, mais simplement de conditions meilleures !

C’est précisément à ce moment là, hors le temps de travail, à cet instant qui devrait être moment de détente et de vie, que le danger maximum les guette ! Car les dits agents de la Sécurité, inlassablement veillent ! Surtout, ne pas s’offusquer des regards soupçonneux, continuer son chemin, passer comme si de rien n’était… mais malgré cela, soudain claque l’injonction fatale : Vos papiers, s’il vous plaît !

On sait ce qu’il advient alors, pour ceux qui ne peuvent présenter le précieux sésame.
A leur endroit, aucun état d’âme ! En trois mots calibrés, ça se dit : Arrestation, Centre de Rétention, Expulsion ! Et s’ils ont des enfants ? Aucun problème, qu’ils suivent leurs parents ! Évitons les faveurs… tout l’monde en rétention !

L’ARE… Arrestation, Rétention, Expulsion ! c’est le généreux ballet en trois temps qu’offre la loi de ce pays, réputé hospitalier, aux émigrés que la chance… obstinément ignore !

La procédure ne leur est que trop connue, et la machine enclenchée, hélas ne s’arrêtera pas ! Il y a toujours un Préfet zélé… prêt à signer !
Peu importe les dangers encourus dans le pays du retour ! Surtout, ne rien en savoir… C’est la règle suprême ! suprême, et appliquée à la lettre comme on le voit, mieux, bien mieux que toute autre ! Ne pas chercher à savoir, et… encore moins à comprendre !

Dans la ville où chaque jour nous mettons en œuvre…

nos humaines activités, à chaque visage croisé se pose en fait potentiellement la question : et celui-là… et celle la… Papiers ou pas Papiers ? Dans la ville de nos ébats se cachent parmi nous les bien nés, les réguliers, rendez vous compte… des « sans papiers », des clandestines et des clandestins qu’aux yeux de certains, il serait bien de signaler aux autorités ! Côte à côte dans la rue, il y a des gens, les plus nombreux « avec papiers » et, noyés parmi eux, des gens « sans papiers », des irréguliers donc, discrets et isolés dans la pire des situations. Dans la ville il y a, oui… dans la ville il y a des gens en exil ! En exil, et en danger !

Dans la ville, il y a des bruits et il y a des odeurs. Il y a des clameurs, dans les transports ça sent la fatigue et la sueur. Dans la ville, parfois même… il y a des heurts !
Il paraît qu’hier un agent de la sécurité s’est fait agresser, de vilains mots et gestes lui ayant été adressés ! En se défendant, sa matraque a heurté la tête de l’agresseur, lequel a reconnu quelques heures après, ayant retrouvé ses esprits, qu’il était chômeur et que n’en pouvant plus… il avait simplement voulu crier sa colère ! Après cet incident, les agents de la propreté sont passés, ont rincé le sang qui avait coulé du crâne du chômeur énervé ! A 17h34, incident terminé, le trafic reprend ! L’incident n’aura duré que peu de temps, 5 à 6 minutes est il noté sur le registre ad’hoc !

Au même moment, à l’aéroport un avion décollait emportant à son bord 5 « sans-papiers », bâillonnés, pieds et poignets entravés. Des passagers assistant à la scène, choqués de ces conditions d’embarquement, ont alors tenté de manifester leur désapprobation. Interpellés, ils devront comparaître devant la justice, lisait-on ce matin dans la presse !

Chacun sait maintenant, ce qu’il advient aux perturbateurs !

…Avis aux amateurs !

Le message est explicite, non ? Qui ne le comprend ? A la ville comme à l’aéroport, et partout ailleurs, il n’est plus un seul problème sans sa solution planifiée. Un dispositif éprouvé, et des procédures bien rodées, permettent enfin d’entrer dans l’ère du progrès !
L’ère du Progrès ! …du Progrès disent ils ! du Progrès… avec un P comme Police et comme… Partout !

Ne soyons pas naïfs, hors de très regrettables excès et dramatiques bavures, le travail de la police est sans conteste nécessaire, là n’est pas le problème ! Ce qui fait problème : c’est l’instrumentalisation orchestrée de la peur, adossée à la stigmatisation systématique de l’étranger, prestement désigné comme le responsable de tous nos maux ! Et cela, aux seules fins de masquer la réalité !

Amis taiseux des champs qui, pour certains, n’en pensez pas moins, amis des villes qu’on entend pas, ou si peu… n’attendez plus ! Reprenez au plus vite la parole ! La vérité doit être rétablie :

Ce n’est pas cela le Progrès ! Non, ce n’est pas cela… Cela ne l’a jamais été !
Jamais le progrès n’a eu à voir avec le cynisme rationalisé des Hommes politiques, de quelque bord qu’ils soient ! Et s’il devait un jour s’en approcher si peu que ce soit, il n’aurait plus alors du progrès que le nom ! Il ne serait plus… qu’ honteuse et triste manipulation !

Hélas, force est de constater que sans grossir le trait, ce danger existe bel et bien aujourd’hui !
Contre ce danger, nos voix puissamment doivent s’élever !

Vous qui le pensez aussi, qui partagez cette conviction et l’espoir indispensable qu’elle porte, …dites le ! Oui, …dites le ! Très haut …dites le !

Dire, et affirmer publiquement notre désaccord, est la première mesure à prendre pour s’opposer à cette dérive qui cherche à se faire passer pour la norme ! La première, mais pas la seule… Commençons par elle, ce n’est qu’un début !

Déjà, près du ministère des gens se rassemblent, de ceux qui n’oublient pas ! Rejoignons les sans attendre, et avec eux… retrouvons la majuscule perdue de notre nom !

Homme, si nous le sommes ?….
Où que nous allions
Qui que nous soyons
D’où nous venons… n’oublions jamais !

Manquerions nous, même de si peu d’audace ?

------

Comme d’autres, hier venus d’ailleurs incertains
dans ce pays où pourtant, non sans raisons, souvent nous fulminons
des Hommes désemparés et las d’errer, parmi nous aimeraient vivre…
simplement Vivre !

Sans la moindre place aux calculs politiques où succombent les édiles
il nous appartient de leur tendre la main !
Non de les rejeter à la détresse qu’ils tentent de fuir en prenant tous les risques !

- Denis Richard (Sept 2009)

Les dessins qui accompagnent ce texte sont de Paul Gendrot.


contacts et adresses à connaître :

GISTI
RESF
Ligue des droits de l’Homme

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