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Le 19e sous toutes ses hautes coutures


JPEG - 54.9 koAvec le Centre de documentation YVES SAINT LAURENT : un coup de griffe qui ressemble plus à un coup de baguette magique agité dans la partie extrême Nord de notre arrondissement qui profite d’un peu de féerie. Une griffe qui laissera certainement une marque indélébile sur l’histoire non seulement du quartier mais de la haute couture.

Les trois lettres YSL symbolisent la première initiative française de la part d’un couturier de consacrer son œuvre dans un musée. La rue de Cambrai est le berceau de cette nouvelle forme de musée qui abrite l’un des plus beaux joyaux de la haute couture française renommée internationalement. Une nouvelle facette de notre patrimoine artistique et culturel est née.

C’est avec fierté que Roger Madec, notre Maire, le 15 février 2000, inaugurait le musée et centre de documentation de toute la création d’Yves Saint Laurent. En réalité, pour être juste, il s’agit de l’Association pour le rayonnement de l’œuvre d’Yves Saint Laurent. Ainsi, la connotation culturelle de ce centre de documentation unique enrichit le 19e d’un nouveau musée dont il est, jusqu’ici, peu doté.

Donner à voir et à comprendre, telle est la vocation de ce centre qui informe tout en faisant rêver. Car on trouve, ici, l’histoire d’un créateur dont les saisons sont les chapitres, et la rétrospective de son œuvre haute en couleurs est abritée avec autant de soins qu’un trésor. Ce musée révèle et magnifie l’extraordinaire harmonie entre les dessins et les modèles d’Yves Saint Laurent. Chaque pièce, avant d’être soigneusement rangée, à l’abri de la lumière dans une armoire de conservation, fait l’objet d’un dépoussiérage et d’une restauration éventuelle dans l’atelier prévu à cet effet. Cette responsabilité revient à Laurence Neveu, chargée de préparer les expositions et les prêts de modèles aux pays étrangers. Plus que cela, le musée constitue un lieu d’études et de recherches ouvert aussi à un public spécialisé (chercheurs, universitaires, journalistes, iconographes). Pour l’anecdote, une étudiante en Sciences Politiques y a fait quelques stages de recherches pour écrire son mémoire sur l’histoire de la haute couture en France. Une démarche pour le moins originale, mais sans doute pas anodine devant l’importance sociologique générée par l’engouement des jeunes pour le mannequinat. C’est le nouveau rêve des jeunes filles comme l’était celui des jeunes garçons d’être boxeur pour devenir riche et célèbre.

Afin de satisfaire la recherche des spécialistes, le centre se répartit en deux niveaux avec le premier étage réservé à la partie dite conservation sur une surface de 910 m2 et le rez-de-chaussée avec le lieu d’exposition, la bibliothèque et l’espace réservé aux consultations informatiques archivant la mémoire de toutes les collections sur 320 m2. La base de données contient quelque 120 000 documents relatifs aux articles de presse, les catalogues d’exposition, des CD Rom et toutes les images des collections depuis 1962. À cela s’ajoute un impressionnant ensemble d’archives sonores et visuelles de quarante heures de défilés.


L’architecture et le décor

Le choix de l’emplacement sur la friche industrielle des anciens Magasins Généraux de la ville de Paris, construits en brique rouge, serait dû au hasard. Celui-ci porte le numéro 28, non loin de celui du Club Méditerranée pour ne citer que cet exemple de réhabilitation architecturale sur ce site.

À l’intérieur, quatre totems donnent la dimension verticale de l’édifice et se dressent à la frontière des différents espaces fonctionnels. La délicatesse de la feuille d’or patinée appliquée sur les totems et le mur d’entrée se confronte à la force de la structure existante du bâtiment, la pierre, le bois et la fonte. La lumière prend dans la journée une teinte dorée. Le soir, de larges stores occultent les arcades de verre, l’éclairage artificiel permet une deuxième lecture de l’ensemble. Les éléments, la structure et les textures se marient dans la lumière douce et chaude obtenue par les reflets des feuilles d’or sur le parquet vernis.

Les bureaux de consultation sont réunis dans un espace monochrome de couleur verte inspirée d’une des pièces de la maison d’Yves Saint Laurent à Marrakech. On accède à l’étage par un escalier en pierre jaune de Massangis qui se détache du sol et conduit le visiteur au cabinet où sont conservés les dessins de l’ensemble de l’œuvre du couturier. D’un côté, les armoires de conservation renferment des boîtes en matériaux neutres contenant les carnets et feuillets de croquis. À droite, les grands pupitres en médium et chêne patiné facilitent la consultation des documents.

Un soin particulier a été apporté à la mise hors poussière des salles de conservation des collections, au contrôle de la température et de l’hygrométrie (WC/50%). L’utilisation de modules compacts a permis de rationaliser les méthodes de classement et de conservation. Un système perfectionné de détection de l’intrusion et de la détection incendie complète cet ensemble. Dominique Paolini, Jean-Michel Rousseau et Vincent Vezin sont les heureux architectes du lieu.


À propos d’exposition

Le musée ne présente que des expositions temporaires qui ne se veulent ni chronologiques ni rétrospectives du fait que l’œuvre regroupe les quarante ans de création d’Yves Saint Laurent. C’est donc toujours un travail thématique qui aboutit à partir d’une trentaine de modèles, des premières années aux plus récentes collections. La première exposition qui s’intitulait "Moments de création", présentait des toiles de haute couture, c’est-à-dire les ébauches en volume du vêtement. "Elle est à la fois le passé du croquis qu’elle reproduit au plus près et le futur du vêtement. Elle est un moment, un rêve qui s’ébauche et dont les prémisses se trouvent dans un tissu de coton blanc qui se transformera en velours ou en satin. Elle est la chrysalide qui va se transformer en papillon" explique Pierre Bergé, PDG d’Yves Saint Laurent. Pour Yves Saint Laurent, "la toile d’un vêtement a la magie du dessin. Il faut faire très attention à la toile avant de choisir le tissu dans lequel elle va être réalisée pour retrouver le mystère de l’ébauche". C’est un témoin d’un moment de création qui reste dans l’ombre et qui, mis en lumière, montre l’excellence d’un atelier, les savoir-faire transmis et la complicité créative. Ce musée est le seul à posséder et à présenter ce caractère technique d’une étape intermédiaire de la création d’un modèle.

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La dernière collection, terminée le 8 juillet, s’appelait "La gloire ne se conçoit que dorée". C’est l’histoire d’une couleur, essentielle, fascinante, spirituelle, une des premières de la palette du couturier qui se l’approprie dès le début de sa création car elle représente pour lui la couleur du soleil. On retiendra deux des vingt-sept modèles exposés : une robe de soir longue, pailletée d’or, incrustée de pierreries de l’automne/hiver 1966-67 et un tailleur de soir court de lamé rose et or, brodé de perles du défilé printemps/été 1982.

JPEG - 74.3 koYves Saint Laurent n’est vraiment pas avare d’initiatives originales ; on se rappelle le grand défilé du 12 juillet 1998 de trois cents mannequins au Stade de France à l’occasion de la Coupe du Monde. En 2000, il nous fait l’honneur d’imposer la haute couture dans notre quartier populaire et, de plus, l’anime pour faire de ce lieu non seulement un musée mais un centre pédagogique et dynamique de la mode dont il est l’ambassadeur en France. Son ingéniosité mais aussi sa production prolifique, car il ne crée pas moins de cent modèles du soir, du jour et de cocktail à chaque défilé, ont conquis le monde entier et le 19e pour notre plus grand plaisir.


Sylviane MARTIN



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Yves Saint Laurent en quelques dates

JPEG - 53.2 ko1936 naissance le l er août à Oran, Algérie. Arrivée à Paris à 17 ans et école de couture.
1953 Christian Dior l’engage dans sa maison de couture.
1957 mort de Christian Dior, YSL prend la direction artistique de la maison. La même année la "Ligne Trapèze" le rend célèbre dans le monde entier.
1958 rencontre avec Pierre Bergé. Obtient l’Oscar Neiman Marcus.
1961 rupture du contrat avec la Maison Dior. Création de sa propre maison de couture.
1962 première collection réalisée par 80 ouvrières et développement des licences YSL pour les accessoires les années suivantes.
1966 Oscar Harper’s Bazaar, ouverture de la première boutique prêt-à-porter Yves Saint Laurent Rive Gauche, rue Tournon, transférée place Saint-Sulpice.
1974 installation de la maison de couture au 5, avenue Marceau.
1983 rétrospective au Metropolitan Museum of Art à New-York.
1985 YSL reçoit l’Oscar du plus grand couturier pour son œuvre (oscars de la Mode à l’Opéra de Paris).
1987 YSL devient conseiller supérieur artistique auprès du gouvernement chinois.
2000 ouverture du centre de documentation rue de Cambrai, Paris 19e.
2001 YSL reçoit La Rosa d’Ora, prix créé à Palerme (Italie) qui récompense une personnalité de la culture.
En parallèle : carrière d’homme de théâtre, création de décors et de costumes pour des ballets, revues et pièces de théâtre. Il participe aussi à certains films en habillant plusieurs actrices dont la plus célèbre est Catherine Deneuve.
117 boutiques et points de vente existent à travers le monde.




Bibliographie :

Yves Saint Laurent par Yves Saint Laurent et
Yves Saint Laurent et le théâtre aux éditions
Herscher.

Centre de documentation Yves Saint Laurent
11, rue de Cambrai - 75019 Paris bâtiment 28



Article mis en ligne en février 2015.

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