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La Laïcité française

Une originalité politique mûrie par 2.000 ans d’Histoire

Une idée reçue, un préjugé également partagé par le monde scolaire et par le monde politique serait que la conception laïque de l’ordre social n’existât en France que depuis 100 ans, au moment de la promulgation de la loi de Séparation des Églises et de l’État en 1905 ! Suivons, de sa genèse à son aboutissement, le chemin historique de la laïcité, originalité de la conception sociale de la nation française.

Depuis que l’homme existe, le gouvernement des sociétés humaines s’équilibre dans une répartition, voire dans une confusion des pouvoirs, entre le responsable civil, le commandant militaire et le pasteur religieux.

Jouant sur la hantise de la condition mortelle, sur la soif d’immortalité et sur le désir d’éternité des individus, l’avantage resta longtemps aux clercs et prêtres des religions. Par leur poids sur les consciences, ils dirigèrent les groupes humains en manipulant le pouvoir civil du chef, légitimé par la force militaire. Le principe de base de la survie de la collectivité sacrifie l’individu au groupe.

Pour l’individu, la première amorce de la laïcité est sa volonté à séparer sa conscience individuelle de la conscience collective qui s’appuie sur la croyance en des dieux tutélaires de la société à laquelle il appartient ; la volonté affirmée du libre arbitre, d’une morale individuelle affranchie d’une foi quelconque imposée par le pouvoir religieux, devient la démarche de la pensée laïque.

Mon royaume n’est pas de ce monde !

Limitons notre réflexion à la civilisation occidentale à laquelle nous appartenons ; les société gauloises et romaines utilisent le pouvoir des prêtres pour diriger les consciences et maintenir l’ordre social. Les Romains vont jusqu’à intégrer les dieux des peuples conquis dans un panthéon justifiant leur impérialisme par l’intégration des croyances exogènes. Mais Jeshua Bar Joseph arrive ! Jésus vient ! La confusion entretenue depuis des millénaires entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique apporte son lot d’incertitudes et d’espoir : Et si ce Messie était le libérateur attendu ? Le fils de Marie répond sans ambiguïté : « Mon royaume n’est pas de ce monde ! » Paradoxalement, la première manifestation de l’esprit laïque vient de celui dont se réclameront tous les régimes cléricaux du monde occidental. Cette affirmation d’évidence pour la libération de l’homme et l’équilibre social mettra 20 siècles à s’imposer à notre civilisation.

Nos ancêtres pratiquaient déjà la séparation des pouvoirs…

Depuis la nuit des temps, les druides gaulois réunissent les délégués envoyés par chaque tribu le 21 juin de chaque année au lieu dit La Monjoie, point culminant du village romanisé sous le toponyme de Catolacus en Ile-de-France, actuelle cité de Saint-Denis.

Durant ce Convent des Gaules qui se déroule pendant les trois jours de lumière les plus longs de l’année, les délégués élisent, pour un an, deux représentants de la nation gauloise : le bren chef de guerre, chargé de la direction des armées pour la défense commune, et le vercingétorix, magistrat suprême, inspirateur de la politique générale de la fédération nationale. De leurs côté, les druides élisent leur Grand Prêtre, représentant du clergé auprès du pouvoir civil. Nos ancêtres pratiquaient déjà la séparation des pouvoirs, embryon de la laïcité moderne : d’un côté le pouvoir religieux des druides, de l’autre le pouvoir militaire du bren, au sommet du triangle le pouvoir civil suprême du Vercingétorix.


La philosophie hellène avait relégué les dieux au-delà de l’Olympe

Plus tard, le mythe fondateur de la France chrétienne s’impose aux consciences par la décollation de saint Denis, évêque légendaire, sur les lieux même de la vénération des dieux tutélaires de la nation gauloise : sur la butte de La Montjoie. Le sang du martyr efface la présence des anciens dieux protecteurs transformant le clergé druidique local en prêtres chrétiens, fanatiques comme tous les néophytes, de transmettre la nouvelle foi révélée pour prouver la sincérité de leur conversion et… pour conserver les prébendes de l’ancien pèlerinage lucratif.

« In hoc signo vinces ! » En 310, pour vaincre les résistances à sa conquête,
Constantin s’annexe les principes moraux et les prêtres de la nouvelle religion chrétienne, balayant de ses armes soutenues par l’ombre de la croix plusieurs siècles de morale grecque imprégnée de tolérance, de stoïcisme et de circonspection. La philosophie hellène avait relégué les dieux au-delà de l’Olympe et inspiré la morale civique des premiers temps de la république romaine.

L’édit de Milan de 313 pourrait paraître comme un acte de tolérance religieuse puisqu’il reconnaît l’égalité complète du culte chrétien et du culte païen. Mais, une fois éliminé son rival Licinius, Constantin prend ouvertement parti contre le paganisme. L’empereur convoque un concile à Nicée, assemblée cléricale qui règle définitivement la question religieuse en déclarant a doctrine d’Arius comme hérétique. L’intermède de tolérance de Julien entre dans l’histoire officielle avec le surnom d’Apostat que la chrétienté accole au patronyme de l’empereur philosophe pour le discréditer.

Dès la prise de pouvoir de Théodose, les arrêts du Concile de Nicée et son Credo deviennent lois d’état par la promulgation de l’édit de Thessalonique ; le foyer du temple de Vesta est éteint, le serapeum d’Alexandrie, construit par Ptolémé Sôter pour le culte de Sérapis est rasé. Les Ariens, les Donatiens et les disciples de Manès sont éliminés. Hipatie, mathématicienne et philosophe grecque est torturée et dépecée vivante par des moines fanatiques sur les accusations d’être à la fois femme et hérétique. Toutes les maisons du Savoir, Académie, Lycée et bibliothèques sont réduites en cendres. À la fin du IVème siècle, le Sénat romain abolit les pratiques religieuses autres que celles de la religion chrétienne prouvant, une fois encore, qu’une religion ne reste tolérante que lorsqu’elle est minoritaire.

Ejus (Rex) regio, cujus religio

En 496, Clovis comprenant le poids du clergé sur les consciences populaires, se soumet au dieu de Clotilde en acceptant les symboles sacrés de l’onction pontificale transmise par l’évêque Rémy à Reims. Le 27 juillet 754 en la basilique de Saint-Denis, Pépin le Bref est ceint de la couronne royale des mains du pape Boniface. Son fils Charlemagne affirme le Pape Léon III dans ses états. Il reçoit la dignité impériale en même temps que la consécration de l’autorité religieuse. Par reconnaissance au souverain pontife, il confie l’instruction des populations de son empire aux clercs des ordres religieux. Cette autorité sur la transmission formelle et conforme à l’ordre politique d’un savoir orienté annihilant les consciences par mille ans de spoliation morale, durera jusqu’aux lois scolaires de Jules Ferry.

En matière de spiritualité, la seule règle acceptable pour la gouvernance des peuples est régie par le principe, ejus (Rex) regio, cujus religio  : la religion du prince est la religion du peuple. Est exclu de la communauté nationale, de la protection royale du souverain père de ses sujets, tout individu dont la croyance religieuse est différente de celle du suzerain : hors de l’église temporelle point de salut. Après avoir été marqués du signe d’infamie de la rouelle jaune par Louis IX, dit le saint, les Juifs sont définitivement chassés du royaume de France, le 17 septembre 1394, par Charles VI le fol. En 1685, signé par Louis XIV, l’édit de Fontainebleau exclut de la terre de France qui les abritait de manière précaire les Protestants protégés jusque-là par l’édit de Nantes, octroyé par Henri IV en 1598. La France doit rester « la fille aînée de l’Église » avec un peuple de croyants unanimes groupés
sous l’étendard de Jehanne la pucelle.

… La flamme de l’esprit laïque couve sous la cendre des autodafés

Il en est de même pour les autres peuples du monde connu : l’Inquisition dominicaine annihile la liberté de conscience en Flandres et en Espagne, la foi calviniste fulmine ses anathèmes et allume un bûché à Genève, l’intégrisme musulman spolie les adeptes des religions minoritaires dans l’Empire turc, les popes orthodoxes invitent leurs fidèles aux pogroms génocidaires dans la Sainte Russie. Les Juifs attendront la résurrection d’un état théocratique pour se conduire comme les autres, avec autant de zèle dans leur capacité d’exclusion.

Mais, la flamme de l’esprit laïque couve sous la cendre des autodafés, ranimée par l’analyse scientifique de la tolérance du Siècle des Lumières. Les philosophes humanistes Érasme, Moore, Swift, Spinoza ont une conception individuelle, voire individualiste, de la croyance en une entité supérieure satisfaisant la préoccupation métaphysique des mortels. En précurseur de la laïcisation des modes de vie, François Rabelais, démontre dans son Quart Livre que la morale qui règle la vie des adeptes de l’Abbaye de Thélème peut être issue de la seule raison humaine sans référence à une morale religieuse inspirée par une foi en Dieu ou tirée des Évangiles. C’est, pour l’époque, le modèle utopique d’une société idéale.


Sur le plan politique, sous l’impulsion de Jean-Étienne Portalis, conseiller juridique de Choiseul, Louis XV accorde un statut de reconnaissance civile aux Protestants du Désert. Les mariages clandestins des adeptes de la Religion Prétendue Réformée sont enfin reconnus par la légalisation des registres d’état civil détenus par ses pasteurs. À Lyon, seconde ville du royaume, Antoine Prost de Royer, consul local et lieutenant-général de police, préconise d’associer les femmes à l’administration de la cité, reconnaissant explicitement l’égalité civique des deux sexes, avancée supplémentaire de la laïcité, au sens moderne du terme.

De l’Édit de Tolérance… à la Constitution

Il est paradoxal que ce soit dans ces pages qu’il faille rendre hommage et justice au bon roy Louis XVI. Mais, n’est-ce pas notre mission de citoyens que de combattre les préjugés et d’affirmer la réalité historique ? Deux ans avant le déclenchement des orages qui le coucheront sur la planche basculante de la guillotine, le dernier roy de France de droit divin accomplit plusieurs actes de civisme laïque qui conduiront, cent dix-huit ans plus tard, à la Séparation des Églises et de l’État.

Le 29 novembre 1787, reprenant les éléments juridiques de Jean-Étienne Portalis, Louis XVI révoque l’Édit de Fontainebleau et le remplace par l’Édit de Tolérance. Il étend la protection royale à l’ensemble de ceux qui ne font pas profession de la religion catholique. Par cette phrase, il reconnaît implicitement l’égalité civile des Protestants, mais aussi des athées et des agnostiques. Sur les conseils de son environnement humaniste, le roi permet, par le décret de Noël 1789, l’accession des non-catholiques à tous les emplois publics, civils et militaires.

Le 3 septembre 1791, la monarchie devient constitutionnelle. Acceptée et signée par Louis XVI, la Constitution garantit, comme droits naturels et civils, la liberté à tout homme de parler, d’écrire, d’imprimer et publier ses pensées, sans que les écrits puissent être soumis à aucune censure ni inspection avant leur publication, et d’exercer le culte religieux auquel il est attaché. Par cette Constitution, pour la première fois en Europe - et c’est la monarchie française de droit divin qui le proclame - la loi garantit la liberté absolue de conscience.

La société laïque limite le fait religieux à la sphère privée.

Sous l’impulsion de l’Incorruptible Robespierre et de ses amis, la conception républicaine et laïque de la vie sociale cantonne Dieu dans la réflexion privée de chacun ; elle garantit par la loi la liberté de croyance du citoyen ; elle fait abstraction de la foi pour régler la vie publique, estimant, comme dans la morale antique,que l’instruction, la conscience collective et la responsabilité civique de chaque citoyen, suffisent à l’équilibre politique et à l’harmonie sociale. Par l’acceptation de la multiplicité des croyances individuelles, la société laïque limite le fait religieux à la sphère privée. La religion ne peut intervenir dans la vie publique sans déséquilibrer l’ordre social républicain qui tient sa souveraineté des seuls suffrages du peuple aux croyances multiples et non d’un droit divin oint par un ordre clérical.

Malgré la reconnaissance des mariages civils et le vote de la première loi de Séparation de l’Église et de l’État en 1795, le couperet du réactionnaire Barras tranche la progression de la laïcité et amène, après cinq ans de désordres concussionnaires et de coups d’état, un général factieux au pouvoir.

Le Code Civil : un modèle universel de genèse juridique laïque

L’Empereur autoproclamé organise et réforme la société,tant pour l’administration publique que pour la vie privé. Jean- Étienne Portalis, encore vivant, âgé mais lucide, prend la direction des Commissions Constitutionnelles et Juridiques. Le résultat, paraphé par l’ex-général séditieux Buonaparte donne le Code Civil qui devient un modèle universel de genèse juridique laïque, malgré la volonté du nouveau maître de l’Europe à vouloir réinstaller le catholicisme comme religion d’état. Les articles sont rédigés avec le souci d’affirmer la primauté de l’autorité masculine. Les femmes devront attendre quelques lustres pour être libérées juridiquement de la tutelle de leur père, de leur frère aîné et de leur époux.

La Restauration, retour à l’Ancien Régime, remet au clergé l’ensemble de ses privilèges. Napoléon III poursuit l’œuvre de son oncle et maintient les lois cléricales de la Restauration.

L’insurrection parisienne de La Commune, héritière des principes révolutionnaires, rend au peuple sa souveraineté et réaffirme, le 3 avril 1871, la séparation de l’Église et de l’état avec la laïcisation de la vie publique. La répression de la Semaine Sanglante écrase la volonté citoyenne et rétablit le conformisme social avec la morale cléricale.

La loi de Séparation des Églises et de l’État

La Troisième République, héritière des mouvements sociaux d’une classe ouvrière consciente de sa force et d’une bourgeoise humaniste conclut en installant la laïcité dans les faits par la proclamation des lois scolaires de 1880. Elle supprime ainsi mille ans de cléricalisme instauré par les Capitulaires de Charlemagne. Les textes républicains retirent, en partie, aux clercs des ordres religieux la main mise sur les consciences enfantines. Avec un corps d’instituteurs formés et rémunérés par la République, l’Instruction Publique primaire devient gratuite et laïque, puis obligatoire pour les citoyens des deux sexes de six à quatorze ans.

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Émile Combes.

Enfin, Émile Combes, Président du Conseil en charge de l’Intérieur et des Cultes, élabore la loi de Séparation des Églises et de l’État après avoir interdit, en 1904, l’enseignement à toutes les congrégations religieuses. C’est Aristide Briand, rapporteur de la commission préparatoire des textes législatifs, qui sera chargé de la mise en application de la loi du 9 décembre 1905,Émile Combes ayant dû démissionner à la suite de l’Affaire des Fiches. La République protège de ses lois la liberté absolue de conscience. Elle supprime la rémunération des cléricalismes de toute confession, en laissant à leurs fidèles le soin d’en assurer la subsistance.

Par son aspect fonctionnel, la laïcité intègre dans la nation tout individu et tout groupe d’individus, en reconnaissant et en préservant l’identité de chacun. Elle permet la cohabitation des différences sans en privilégier aucune. Elle repose sur la tolérance mutuelle, le respect des autres, le libre arbitre de la raison individuelle pour aboutir à l’établissement de lois protégeant tous les citoyens, hommes et femmes, croyants et athées, filles ou fils de Maghrébins, de Woloffs, de Peuls, de Basques, de Catalans, d’Alsaciens ou de Bretons, tous libres et égaux en droits. La laïcité rejette le communautarisme réclamant le bénéfice de l’application de la loi au seul profit de la communauté la plus puissante, la plus influente ou la plus riche.


La séparation de l’Église et de l’État, dessin de Léandre paru dans Le Rire, 20 mai 1905. (le personnage du milieu est Jean-Baptiste Bienvenu-Martin, ministre de l’Éducation nationale )



On est loin de cet universalisme préconisé par les conventionnels

La confusion entre le religieux et le politique a des conséquences inattendues pour la paix civile. Dans nos banlieues populaires, le soutien aux Palestiniens se mélange avec l’antisémitisme religieux. Les populations confondent l’islamisme avec le soutien aux peuples musulmans opprimés et mélangent le judaïsme avec le sionisme. Les fissures creusées dans la laïcité citoyenne par la faillite de l’intégration républicaine laisse sourdre le racisme en le travestissant du masque de l’anticléricalisme. Les communautarismes religieux et régionaux installent leurs structures sociales sur les ruines des administrations républicaines en éliminant l’individualité citoyenne que ces organismes devaient instruire, soutenir et protéger.

La République laïque abandonne aux communautés une partie de ses obligations de services publics. En substituant l’Éducation nationale à l’Instruction publique, ce n’est pas uniquement le vocabulaire qui a changé. La mission d’Instruction publique est abandonnée au bénéfice d’une éducation qui est naturellement dévolue à l’autorité des chefs de famille. Le rôle de l’instituteur se limitait à instruire ses élèves tout en leur donnant une formation civique. Les professeurs des écoles se substituent aux familles défaillantes en tentant d’inculquer aux enfants des principes d’éducation qui appartiennent au cercle restreint de la vie privée familiale. Confusion des mots, confusion des genres, confusion des idées, confusion des rôles ! Paradoxe des temps, assurées du soutien financier des lois Falloux, Astier, Marie, Pompidou, Barangé, Debré et Guermeur, les écoles confessionnelles jouent un rôle de rééquilibrage face aux carences de l’école publique qui abandonne la mission qui lui était confiée. Depuis 1880, instaurée par Jules Ferry, la mission de l’école laïque républicaine est affirmée : instruire et former les esprits des enfants à la réflexion et au libre arbitre, conduisant ses élèves sur le chemin de l’autonomie républicaine, puis de l’indépendance citoyenne. La seule école libre reste et doit rester l’école publique, laïque, républicaine.

Le libéralisme doctrinal ayant pour seule morale celle de l’argent, médiatise par la déformation linguistique l’adjectif libéral alors que le vrai qualificatif de liberté est : libertaire. L’ Europe que propose la nouvelle conception d’un ordre social libéral étouffe la laïcité libertaire. L’espace géographique et politique affirmé est celui du Saint Empire romain qui dissout la république laïque au sein de royaumes constitutionnels et de démocraties concordataires affirmant comme vérités dogmatiques le fait religieux et la morale cléricale.

Pour le citoyen laïque, il n’est aucune vérité à imposer à son semblable ; il existe de multiples vérités se fondant dans le corps social des citoyens qui souhaitent appliquer ensemble les principes de Liberté absolue de conscience et d’opinion, d’Égalité devant la loi et de Fraternité mutuelle dans une Europe républicaine. Mais on est loin de cet universalisme préconisé par les conventionnels, par Condorcet, par l’abbé Henri Grégoire et par Gaspard Monge, tous honorés au Panthéon des grands hommes.

Les communautarismes s’affirment néanmoins par le rappel incessant aux lois naturelles, celle du plus fort contre le plus faible, celle du plus riche contre le plus pauvre,celle du plus rentable contre le moins productif. Les particularismes affirment leur identité tribale en isolant la femme sous le voile de l’obscurantisme, en marginalisant le vieux, le chômeur, le handicapé physique ou mental, le jeune, le pauvre. Les cléricalismes de tous les bords s’allient en communautés homogènes qui se constituent sur des critères religieux, régionaux, linguistiques, sexuels en refusant l’individu aux origines multiples, en excluant le métis génétique avec le métis culturel.

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La tour de Babel - Pieter Brueghel l’Ancien.

Le patrimoine intellectuel et philosophique de la conscience laïque est en danger ! Il se dissout dans les communautarismes babéliens, dans la confusion des langues régionales et dans l’altération des idéaux au bénéfice de Mammon, dieu de l’argent et du productivisme.

Une fois disparue la notion de citoyenneté républicaine, quel refuge restera-t-il à mes petits-enfants dont les ancêtres sont pèle-mêle : catholiques et flamands, animistes et tartares, juifs russes et autrichiens et dont les parents sont un mélange de plusieurs des nationalités et des croyances du bassin méditerranéen ? Quelle communauté assurera leur développement et leur survie ? Sans la protection laïque pour le maintien précaire de l’équilibre politique et social, pourront-ils toujours, en séparant le public du privé, rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ?


Jean-François DECRÆNE


Article mis en ligne en 2010 par Mr Antoine Seck, collaborateur à La Ville des Gens. Actualisé en juillet 2014.

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Réactions
par wali - le : 13 mai 2010

La Laïcité française

Il est fort plaisant de lire ce texte. J’approuve pleinement cette réflexion. La religion ne doit en aucun cas interférer avec le domaine public.
Bien qu’éduquée dans une famille catholique, formée dans une école religieuse, il m’a été enseigné de respecter l’Autre et ses croyances.

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