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- Q.L N° 050 - ÉTÉ 1991
- Un projet pour la Place des Fêtes
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Un projet pour la Place des Fêtes
ans sa déclaration, Jacques Chirac indique que la Place des Fêtes se présente "comme une dalle sinistre, balayée par les courants d’air qui se créent entre les tours disposées au hasard des plans d’urbanisme". Il admet que " la place résulte de mutations qui en ont fait un lieu de rupture avec le paysage parisien traditionnel, alors qu’elle est le principal pôle d’attraction d’un quartier de 15000 habitants [1]".
Les associations ont pris acte de la volonté du maire "d’entreprendre un aménagement exemplaire, qui était une priorité de sa mandature". Elles n’ont en outre pas été surprises du choix du concepteur : Bernard Huet a déjà travaillé pour la ville, notamment dans le 19ème : aménagement de la Place de Stalingrad.
Plan du projet lauréat.
Présentation du projet
La meilleure lecture est donnée par le plan ci-dessus, auquel on peut donner les compléments suivants.
Afin de marquer la centralité de la place, l’architecte prévoit le projet autour de deux grands axes nord-sud et est-ouest.
Le premier part de la rue Louise Thuliez (Monoprix) et aboutit au sud de la rue Compans [2] (près du regard de la lanterne), l’axe est-ouest part de la rue Henri Ribière (à hauteur du cafétabac " Village des fêtes") et aboutit à l’angle des rues de Crimée et des Fêtes. Il s’agit évidemment de voies piétonnes destinées à donner une ossature visuelle et pratique à la place. Au centre est prévu un espace vide de 50/40 m. avec un sol unitaire et sablé en contraste avec le sol actuel. Cet espace est libre, il pourra être affecté selon les circonstances au marché, au jeu et à la fête.
Afin d’assurer des limites précises à la place, un escalier amphithéâtre prolongé par une terrasse plantée de tilleuls est prévu. Il aura aussi le rôle de neutraliser l’impact visuel des rampes de parking et de créer quelques locaux pou r les animations. Les gradins situés en plein sud pourront accueillir 600 personnes évoquant une situation théâtrale du quotidien (marché, jeu, promenade), mais aussi pour des fêtes et des concerts.
Les commerces qui se trouvent au bord de la place (sud et est) seront rattachés à l’amphithéâtre par une galerie en structure métallique légère qui assurera une continuité visuelle.
Un obélisque de 14 mètres est prévu ; outre qu’il couvrira l’un des escaliers du parking, il permettra le jour et la nuit de marquer la centralité de la place.
Le marché sera maintenu dans ses habitudes, le nombre des commerçants restant le même.
Les trottoirs seront élargis afin d’accueillir des arbres supplémentaires dans les rues entourant la place (176 en plus) portant le nombre total à 448.
L’architecte souhaite que le premier sous-sol de parking puisse être accessible au public - les sorties piéton sur la place prenant alors tout leur sens quant à l’animation de la place.
L’opération est prévue en trois phases de travaux sur une durée totale de 18 mois, 1992 devant être l’année la plus importante.
Débat sur le projet
Celui-ci ne fait que s’ouvrir ; cependant, à l’issue d’une première analyse, les responsables associatifs esquissent des points positifs et réservés :
• positifs :
- une délimitation claire de l’espace, notamment de l’espace central.
- la volonté de ne pas laisser pénétrer les voitures sur la place, et en ce sens l’architecte recevra l’appui des associations pour l’affectation du premier sous-sol de parking au public de passage.
- l’augmentation de 65 % du nombre d’arbres.
- l’agrandissement du square ·et le respect du marché.
• réservés :
- l’opportunité des deux axes nord-sud et est-ouest qui marquent la place, l’axe est-ouest notamment traverse le square en créant deux ouvertures supplémentaires qui en feront un espace moins clos.
- la structure qui cache les accès parking doit amener, malgré les arbres qui la cachent un "supplément béton" auquel les riverains de la rue Louise Thuliez risquent d’être sensibles.
- la circulation n’est en rien modifiée et les rues environnantes ne sont que peu traitées.
- la Place des Fêtes de Belleville méritait sans doute un autre signe central qu’une pyramide-obélisque.
- il n’est pas fait allusion au "Regard de la Lanterne", seul vestige historique de la Place des Fêtes, non mis en valeur dans ce projet, malgré un nettoyage récent effectué par la Ville de Paris.
Et maintenant ?
Le maire de Paris, lors d’une rencontre fortuite à la vidéothèque de Paris, a indiqué son désir de revenir débattre avec la population du projet : il est attendu.
Très concrètement, les associations s’efforceront de mieux connaître les différents aspects du projet avec ses contraintes et, sans remettre en cause l’essentiel, de l’amender chaque fois que cela sera souhaitable et possible.
En ce sens, des réunions sont prévues avec les instances d’élaboration, de décisions et les élus du 19ème.
Jean REBY
Le point de vue du lauréat
" Notre premier souci a consisté à recréer un vide et un sol unitaire au centre de la place".
"Notre seconde préoccupation était de trouver une définition précise aux limites de la place et d’assurer un relais visuel et une transition efficace entre les tours bordant la place et l’horizontalité du sol".
"Enfin, il fallait donner un repère qui permette d’identifier de jour comme de nuit, la place des Fêtes, d’où l’idée de créer un monument en association avec l’artiste Zoltan SKAKO".
Article mis en ligne en juillet 2015.
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[1] Pour les associations, 15 000 personnes l’habitent et 40 000 la pratiquent (commerces et services).
[2] Curieusement, les architectes parlent de la rue Jules Romain, qui en réalité se situe dans le bas-Belleville. Ce nom de Compans donné à deux rues distinctes provient de ce que c’était avant la rénovation une seule rue, qui a été coupée en deux par la place. Rappelons que les associations dans leur rapport avaient demandé l’unification des noms de rues.