Dans cette chanson interprétée par Arletty et son inimitable accent parigot, ce n’est pas le quartier des abattoirs qui est évoqué (ils ne sont là que comme un coin du décor), mais celui des bistrots et des « garnots », c’est-à-dire les hôtels de passe. L’histoire racontée est très simple, et, chose rare dans ce genre de chanson, se termine bien.
Chez les purotins
Parmi les catins
Et le pur gratin
Des pierreuses.
Le long des trottoirs
Surgir des coins noirs
Les rôdeuses.
Et c’est pas du four
J’ suis d’un seul amour
Et je s’rai toujours
Une pauvr’ gueuse.
Par un soir de mai
Donner c’ que l’on sait
Ne jamais r’trouver
Dans l’ quartier.
La Villette, La Villette,
C’est l’ coin des garnots,
Y a pas d’aristos.
Des guinguettes, des musettes
Et des p’tits bistrots
Où l’on boit du gros.
On n’y joue pas du violon,
Tout comme dans les salons,
Oui mais d’ l’accordéon
C’est bien plus chouette…
Et on y danse la java
Bien serré dans les bras
D’un p’tit homme, bien à soi,
A la Villette.
Par un soir,
tout blond,
Sur le petit pont
Qu’ j’ai rencontré mon vrai
p’tit homme.
Comme un coup de poignard
Et mon cœur flanchard
A la gomme.
i’ s’est fait très doux
Et m’a dit dans l’ cou
Qu’i’ r’sentait du goût
Pour ma pomme.
Et l’on s’est marié
Sans maire, ni curé
Et sans inviter tout le quartier.
C’est le coin des garnots
Y a pas d’aristos
Des guinguettes, des musettes
Et des petits bistrots
Où l’on boit du gros.