Histoire de Paris

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Place du Combat

19ème arrondissement

Dans le bien nommé Quartier du Combat, au cœur du 19e, cette place, aujourd’hui Place du Colonel Fabien, a connu un passé teinté de sang.

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"Place du Combat" par Alfred Courmes.


L’histoire du quartier rassemble en effet nombre d’éléments de sinistre mémoire. Si l’on creuse sous les décombres, on trouve : le gibet de Montfaucon, une potence où l’on exécutait les condamnés à la pendaison ; les équarrissages, où l’on abandonnait, abattait et dépeçait les bêtes impropres à la consommation ; des carrières désaffectées devenues dépôt d’ordures pour tout le voisinage ; les massacres de la Terreur, puis ceux de la Commune ; et surtout et enfin, les combats sanguinaires d’animaux qui avaient dans des arènes de bois.

Belleville, dans les années 1700, était un village pas encore rattaché à Paris.

Campagnard, oui, et pourtant lugubre déjà. Dans les carrières abandonnées tant elles sont dangereuses, les Parisiens, sortant des murs de la ville, se débarrassent de tous leurs déchets.

Les équarrissages abondent : on y abandonne les chevaux malades, les animaux vieux ou mourants, toutes sortes d’immondices. Il en résulte une puanteur atroce.

Les pauvres, très nombreux à Belleville, vivotent là, dans de véritables charniers infects. Tout autour de la Place du Combat, les rue d’Allemagne (aujourd’hui avenue Jean Jaurès), rue de Flandre et de Reberel accueillent des indigents…



16 colonnes de pendus sur 3 étages
Rue de la Grange aux Belles, au si joli nom, juste derrière les murs parisiens, abrite l’infâme gibet de Montfaucon. Bâties sur un petit monticule, 16 hautes colonnes de pierre se dressent, reliées entre elles sur 3 niveaux. On y pend ainsi jusqu’à 30 personnes par jour. Le public vient voir.

Le gibet de Montfaucon.

Et, distinction morbide d’élégance, les personnes de rang sont pendues à l’étage le plus élevé (rang tout à fait relatif : il s’agit des bourgeois ou commerçants, puisque jusqu’à la Révolution les nobles ont le privilège d’être guillotinés !).

La foule, les enfants, s’attardent, observent. Les corbeaux passent. Les suppliciés, lorsqu’ils sont enfin descendus, sont enterrés sur place dans un « cimetière » qui leur est réservé.

Ce gibet, symbole de la Féodalité abolie, disparaît à la Révolution. Triste ironie, c’est la guillotine qui le remplace. Car la Terreur aussi laisse ses traces sanglantes dans ce quartier.



Ours contre chiens
et loups contre sangliers

Mais c’est en 1778 que la Place du Combat prend vraiment son nom : un espèce de cirque de bois, à la lisière du mur des Fermiers Généraux, offre au public ses attractions veules et brutales.

Pour une petite dîme (destinée aux pauvres) on y assiste à des combats singuliers et cruels : ours contre chiens, ânes, loups, porcs, mulets, sangliers s’affrontent sans merci au grand amusement du public.

Certains observateurs pourtant sont choqués par tant de cruauté, comme cet Anglais qui écrit : “Un ours au faîte d’un toit et obsédé de pièces d’artifice fût contraint de se jeter du haut de sa situation élevée. Ses contorsions et ses grimaces amusèrent follement les Parisiens.

À l’époque, même le préfet écrit à la municipalité en vue de « prendre des mesures pour que ce spectacle n’ait plus lieu ».

Mais il est difficile d’interdire ce qui plaît tant à la foule qui a peu d’amusement, et puis cette dîme est utile.

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Cheval mort - Gravure de Gericault.


La Place du Combat l’a été encore pendant la Commune, en mai de l’année 1871, où la population lutta contre les soldats et fut massacrée ce mois-là, sur la place et ses rues adjacentes…

De fait, même le nouveau nom de la Place est lié à un contexte historique violent : en 1945, le Colonel Fabien, tentant à la dernière heure de désamorcer une bombe allemande, se fit sauter, lui et sa troupe. En hommage à ce militant communiste, héros de la Résistance, la place a pris son nom.

Elle est désormais surtout connue pour abriter le siège du Parti Communiste, conçu par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer. Pour l’heure, nul combat, nulle carcasse, nulle potence n’assombrit plus l’horizon…


Siane Gallozzi-Danielson



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Localisation : Place du Combat

Place du Colonel Fabien

- Paris - 75019.

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Réactions
par Zdenek Kabelka - le : 9 septembre 2015

Place du Combat

Is the Place du Combat where L’Humanite was in 1950 ? Place du Combat eteis le headquarter de quotidien l’Humanite pendant 1950, ce vrais
Zdenek Kabelka, ecrivain
kblkv@aol.com

Répondre à Zdenek Kabelka

le : 9 septembre 2015 par Salvatore en réponse à Zdenek Kabelka

Place du Combat

Hello,

Thank you for your post, I know that the "Place du Combat" is today called "Place du Colonel Fabien" and here is the building off the french Communist Party, made by the brasilian architecte Oscar Niemeyer. I don’t know iff L’Humanité’offices were there in 1950 but I will ask and write to you again.

Best regards.

Salvatore Ursini
La Ville des Gens

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