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Le bistrot
"Les Joueurs de cartes" - Paul Cézanne - © Photo RMN-Grand Palais - H. Lewandowski.
Du pauvre Paris
Sur une place,
L’est un vieux bistrot
Tenu par un gros
Dégueulasse.
S’il te faut du vin
D’ première classe,
Va boire à Passy,
Le nectar d’ici
Te dépasse.
Qu’une armure d’acier
Matelasse,
Goûte à ce velours,
Ce petit bleu lourd
De menaces.
La fine fleur de la
Populace ;
Tous les marmiteux,
Les calamiteux
De la place.
Comme des harengs,
Voir en face,
La belle du bistrot,
La femme à ce gros
Dégueulasse.
L’eau de toutes les fon-
Taines Wallace,
Si dès aujourd’hui,
Tu n’es pas séduit
Par la grâce
Qui, d’un bouge, a fait
Un palace ;
Avec ses appas,
Du haut jusqu’en bas,
Bien en place.
Qui les embrasse qui
Les enlace ?
Vraiment c’en est trop
Tout ça pour ce gros
Dégueulasse !
Mais que voulez-vous
Qu’on y fasse ?
L’amour se fait vieux,
Il a plus les yeux
Bien en face.
Tâche que tes discours
Ne l’agacent ;
Sois poli mon gars,
Pas de geste ou gare
À la casse.
Punit d’un flic-flac
Les audaces ;
Certes il n’est pas né
Qui mettra le nez
Dans sa tasse.
Qui dégèlera ce
Bloc de glace ;
Qui fera dans l’ dos
Les cornes à ce gros
Dégueulasse.
Du pauvre Paris
Sur une place
Une espèce de fée
D’un vieux bouge a fait
Un palace.